le Mercredi 21 mai 2025
le Lundi 19 mai 2025 11:40 Politique

Francophonie et Poulet Rouge au PJA

La cérémonie d’ouverture du PJA s’est déroulée au son de la cornemuse, selon le protocole parlementaire. Photo : Courtoisie - FJA - Julianna Damer
La cérémonie d’ouverture du PJA s’est déroulée au son de la cornemuse, selon le protocole parlementaire. Photo : Courtoisie - FJA - Julianna Damer
Près d’une centaine de jeunes âgés de 15 à 26 ans ont pris part à la 33e édition du Parlement jeunesse de l’Alberta (PJA) tenue à Edmonton du 1er au 4 mai. Cette simulation parlementaire leur a permis de débattre de projets de loi en chambre, mais aussi de découvrir une façon dynamique et conviviale de s'impliquer dans la francophonie.
Francophonie et Poulet Rouge au PJA
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IJL-RÉSEAU.PRESSE – LE FRANCO

Quelque 94 participants ont pris part au PJA tenu du 1er au 4 mai.  Photo : Courtoisie – FJA – Julianna Damer

«Le Parlement jeunesse c’est pour apprendre, mais aussi pour s’amuser. On veut que les jeunes voient que s’impliquer dans la francophonie, ça peut être amusant», explique d’entrée de jeu Gabriel Mercier, premier ministre du PJA et étudiant à l’Université de Calgary.

Conformément à la tradition, les projets de loi présentés ont évité délibérément les sujets sensibles ou polarisants afin d’offrir un espace sécuritaire et inclusif à tous les participants, précise-t-il. «On essaie aussi de proposer des projets qui ne nécessitent pas trop de recherche et qui ne sont pas trop nichés.»

L’humour joue un rôle central dans cette approche. Parmi les propositions de son parti, interdire les téléphones cellulaires aux moins de 18 ans… sauf s’ils les fabriquent eux-mêmes. «Il me semble que c’était la seule exception», mentionne-t-il avec entrain. Une autre loi suggérait de remplacer l’industrie bovine albertaine par la culture intensive de poulets, en rebaptisant au passage la ville de Red Deer en Poulet Rouge.

L’opposition, menée par Isabelle Normandeau, étudiante en 12e année, n’était pas en reste. Son équipe a déposé un projet de loi pour prévenir les feux de forêt, misant sur la plantation d’arbres génétiquement modifiés après une déforestation complète de la province. «Des arbres qui ne brûlent pas, c’était notre solution créative», raconte-t-elle.

Même si l’humour est omniprésent, Isabelle rappelle que l’objectif du PJA est d’abord pédagogique. L’expérience permet aux participants de se familiariser avec le fonctionnement du système parlementaire, en découvrant les règles, les rôles et le déroulement des débats. «C’est très éducatif», souligne-t-elle.

La simulation inclut d’ailleurs une cérémonie d’ouverture avec cornemuse, suivie de la prestation d’un serment d’allégeance, comme le veut le protocole parlementaire officiel.

Dans notre prochaine édition PDF, retrouvez le journal de la 33e édition du Parlement jeunesse de l’Alberta (PJA), fait par de jeunes journalistes qui ont participé à l’évènement. Et si vous avez oublié de vous abonner pour recevoir gratuitement notre édition mensuelle, c’est ICI!

Isabelle Normandeau occupait le rôle de cheffe de l’opposition. Photo : Courtoisie – FJA – Julianna Damer

Sortir de sa coquille

La jeune cheffe de l’opposition, qui en était à sa troisième participation, souligne que cette expérience lui a permis de développer des compétences telles que l’art oratoire, la confiance en soi et le leadership. «C’est stressant au début, mais quand on s’habitue, moi, personnellement, ça a changé ma vie. Je peux mieux m’exprimer, je me sens plus confortable à m’impliquer dans la francophonie», raconte celle qui présidera la chambre dans le cadre de la prochaine édition.

Comme plusieurs autres participants, Isabelle a été initiée à cet univers grâce aux cours de leadership de Francophonie jeunesse de l’Alberta (FJA) qui offrent aux élèves du secondaire l’occasion de participer au Parlement jeunesse comme stagiaires, tout en obtenant des crédits scolaires. 

«Des élèves de 10e, 11e et 12e années sont en stage et agissent comme députés, animent la salle en posant des questions à titre de journalistes et participent à des conférences de presse en tant que lobbyistes. Ils apprennent énormément», explique Théoxène Patipe Nawe, coordonnateur du Bureau d’animation en leadership de FJA.

Il estime que le PJA aide les jeunes à renforcer leur sentiment d’appartenance à la francophonie et à dépasser certaines insécurités linguistiques. «Beaucoup nous ont dit qu’ils sont les seuls à parler français dans leur famille. Après le PJA, ils se sentent plus en confiance avec leur français, au point de vouloir continuer à s’impliquer», souligne-t-il.

Gabriel Mercier a assumé le rôle de premier ministre durant la simulation. Photo : Courtoisie – FJA – Julianna Damer

Une certaine politisation 

La participation peut également éveiller une conscience politique, bien que cet effet varie d’un jeune à l’autre. «Ça dépend vraiment des participants. On a des anciens qui ont été pages à la Chambre des communes, un autre a collaboré avec Randy Boissonnault. Mais en général, notre public est composé de jeunes de 16 à 18 ans encore au secondaire, donc l’implication politique n’est pas toujours [présente]», reconnaît Gabriel Mercier.

Lui-même n’envisage pas une carrière en politique puisqu’il poursuit actuellement des études en gestion des affaires. Même son de cloche du côté d’Isabelle Normandeau. Celle qui entamera un baccalauréat en sciences et en conservation l’automne prochain s’intéresse certainement aux politiques environnementales, mais ne prévoit pas pour autant se lancer en politique. «Je suis surtout la politique canadienne, mais je commence tranquillement à aussi porter attention à ce qui se passe dans ma province», conclut-elle. 

Glossaire – Serment d’allégeance : Engagement solennel par lequel une personne jure fidélité au souverain du Canada.