IJL – RÉSEAU.PRESSE – LE FRANCO

Dicky Dikamba est le directeur général du CANAVUA. Photo : Courtoisie
Ce sont eux qu’on retrouve dans les conseils d’administration des organismes francophones, aux nombreux événements ou encore derrière les projets qui font vibrer la communauté. Pour Dicky Dikamba, directeur général du CANAVUA, cette présence n’a rien d’anodin.«Là où le gouvernement s’arrête pour fournir des services, ce sont les organismes bénévoles et les bénévoles eux-mêmes qui prennent le relais. Nous, nous sommes là pour renforcer l’identité et la culture francophone», affirme-t-il.
Fondé en 2009 à Edmonton, le CANAVUA a pour mission de promouvoir le bénévolat en français en Alberta et de mettre en relation les personnes prêtes à s’impliquer avec les organismes communautaires qui en ont besoin. L’organisme joue un rôle clé dans les coulisses de nombreux événements francophones à travers la province, comme la Fête franco-albertaine ou les Jeux de la francophonie albertaine.
«Ce qu’on remarque dans les quinze dernières années, c’est que le bénévolat occupe une place centrale dans notre communauté. C’est quelque chose que l’on valorise beaucoup», indique le directeur général.

Wilma Wright est une bénévole dans la communauté francophone de Red Deer. Photo : Courtoisie
Un projet solidaire, mais aussi d’intégration
Aujourd’hui, près de 3800 bénévoles figurent dans la base de données de l’organisme. «Nous avons des gens de 12 à 77 ans», précise-t-il. Si plusieurs sont des étudiants en quête de crédits scolaires ou des membres bien établis de la communauté, les nouveaux arrivants représentent aussi une part grandissante du volontariat dans la province.
Souvent en quête d’une première expérience professionnelle au Canada, ces bénévoles voient dans l’engagement communautaire à la fois un tremplin vers l’emploi et un outil concret d’intégration sociale. Cette réalité reflète l’un des visages contemporains du bénévolat dans la francophonie albertaine : non seulement il fait vivre les organismes, mais il contribue aussi à construire des communautés plus inclusives.
Pour répondre à cette double vocation, le CANAVUA propose d’ailleurs des occasions de bénévolat au sein même de ses services, comme sa banque alimentaire ou son camion communautaire. Jules Raymond, arrivé du Cameroun à la fin de l’année 2024, fait partie de ceux qui y mettent la main à la pâte. «Je donne en moyenne de 5 à 7 heures par semaine», explique-t-il. Il participe notamment au tri alimentaire et à la distribution de denrées sur le terrain pour l’organisme.
Très vite, il a compris l’importance de s’impliquer pour accroître ses chances de trouver un emploi. «J’ai constaté que le marché du travail ici était beaucoup axé sur l’expérience locale, surtout l’expérience canadienne et c’est ce que je suis en train d’acquérir», confie-t-il depuis Edmonton.
Wilma Wright, originaire de l’île Maurice, a elle aussi choisi de s’engager activement après son arrivée en 2023 à Red Deer. Elle consacre son temps libre depuis presque deux ans à la communauté francophone, notamment auprès de l’Association canadienne-française (ACFA) régionale de Red Deer, de Francophonie albertaine plurielle (FRAP), de la Coalition des femmes de l’Alberta et de Parallèle Alberta.
«J’envoie un message aux nouveaux arrivants : ne restez pas les bras croisés. Investissez-vous dans le secteur communautaire. Et moi, j’ai fait des rencontres extraordinaires à travers le bénévolat. Je me suis fait des amis très proches», témoigne-t-elle.

Salina Hewko est présidente de l’ACFA régionale de Lethbridge. Photo : Courtoisie
Le bénévolat comme mode de survie
Au-delà de l’intégration au marché du travail, Wilma Wright insiste sur le rôle structurant du bénévolat pour la francophonie albertaine. Dans un contexte où les organismes ont tendance à être débordés, chaque heure de bénévolat fait une réelle différence. «Il y a énormément de besoins. Les organismes communautaires n’ont pas toujours beaucoup de ressources et ils comptent sur le bénévolat pour rester debout. Il faut dire que, sans bénévolat, ces organisations seraient probablement amenées à disparaître», affirme-t-elle.
Un constat partagé par Salina Hewko, présidente de l’ACFA régionale de Lethbridge, qui siège également aux conseils d’administration de La Cité des Prairies et de la Médiathèque. Elle observe au quotidien à quel point les organismes locaux, souvent composés de très petites équipes, dépendent du soutien de la communauté.
«On recherche toujours des bénévoles. Les organismes de la ville n’ont pas beaucoup d’employés, alors on a besoin du soutien de la communauté», explique-t-elle.
Pour elle, chaque geste compte, même les plus modestes. S’impliquer ne signifie pas nécessairement s’engager pour l’année; il suffit parfois de venir donner un coup de main à un événement ponctuel ou simplement de venir à la rencontre des autres. «Même si on veut juste se présenter une fois comme bénévole ou juste pour rencontrer du monde, c’est le fun de le faire. Des fois, on a besoin de plus de monde que toujours les mêmes visages. Même si c’est juste une fois, c’est mieux que zéro», lance-t-elle.
Et au-delà du coup de main immédiat, elle y voit un acte de transmission envers ceux qui constitueront la relève. «En donnant de notre temps à notre communauté francophone, on investit dans la vitalité de la francophonie pour nos enfants. C’est quelque chose de concret qu’on va leur léguer», conclut-elle.
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