Avant de découvrir ce quatrième et dernier volet, n’hésitez pas à relire Un Noël d’espoir
Roger Dallaire et son accordéon – Photo : Courtoisie
Pour Roger Dallaire, natif de Saint-Paul, une communauté francophone dans le nord-est de l’Alberta, les traditions ne relèvent pas seulement du passé, il en fait un véritable style de vie. Musicien et conteur, il a eu la chance de fréquenter The School of Physical Theatre, à Toronto, pour y parfaire son talent scénique et artistique. Il a connu de nombreux succès; il a joué et mis en scène plus d’une vingtaine de pièces. Depuis plus de dix ans, il est la pierre angulaire du festival hivernal Flying Canoë Volant, qui se tient à Edmonton. Il est également l’emblème du Carnaval de St-Isidore, dans la région de Rivière-la-Paix. Roger présente ses spectacles sur ses racines francophones dans les écoles francophones et d’immersion française à travers la province.
«O Bertie, can you please turn off the light? I’m trying to sleep.»
«Oui, chérie, ça sera pas long. J’ai presque fini.»
Albert était revenu de la guerre au printemps 1946, à Halifax, mais il n’était pas seul. Il avait à ses côtés sa nouvelle femme, Margaret Morris, comme dirait ses parents, une «Anglaise d’Angleterre». Le voyage sur le paquebot Queen Mary avait duré une grosse semaine sur une mer houleuse. C’est à Halifax, au quai 21 (Pier 21), que la demande d’immigration pour Margaret avait été faite. Le processus avait été expéditif puisqu’ils étaient déjà mariés.
Un des agents d’immigration reconnut le nom de famille d’Albert et son adresse dans l’Ouest. Il connaissait Adrien, le cousin d’Albert, puisqu’il venait de marier sa cousine Clotilde Belliveau. C’est là qu’il apprit qu’Adrien était déjà retourné dans l’Ouest avec sa nouvelle femme. Le téléphone existait, mais comme ses parents n’avaient pas encore la ligne…
Le voyage sur le paquebot Queen Mary avait duré une grosse semaine sur une mer houleuse. Illustration : Dallaire Production
«Who are you writing to?»
«J’écris une lettre à ma mère pour lui donner des nouvelles.»
«Nous allons arriver avant la lettre, tu sais ça Albert?!», avait répondu Margaret avec un accent britannique fort.
Margaret parlait français, sa mère avait été gouvernante dans une famille en France et avait insisté pour que ses enfants parlent la langue.
Margaret avait eu raison, à peine la lettre reçue par ses parents que le jeune couple arrivait déjà à Saint-Paul. À la station de train, Clarisse, qui voulait se maitriser un peu, ne put s’empêcher de tomber dans les bras de son fils, le serrant fort. Albert n’avait jamais vu d’affection de même de sa mère. Il était, à ses yeux, revenu de la mort. Des larmes de joie coulaient de ses joues.
Elle avait essayé de parler, mais les mots ne venaient pas. Puis, elle céda la place à Armand, son mari, pour accueillir leur nouvelle bru qui fit une petite révérence, un rapide curtsy, comme elle l’aurait fait devant le roi d’Angleterre. Clarisse fit un petit hochement de tête et lui tendit la main. Armand, pour sa part, qui ne pouvait pas serrer son garçon contre lui, lui serra la main bien fort et c’est dans le regard intense qu’il tint à son garçon qu’il fit la connexion et, comme si ce n’était pas assez, il mit l’autre main sur son épaule pour essayer de croire qu’il était vraiment revenu.
Dans la voiture neuve à son père, une Studebaker bourgogne, les hommes prirent place à l’avant et les deux femmes à l’arrière. Albert prit la roue.
«T’as un beau char neuf, son père, ça me surprend un peu de toé!?»
« Oui, moé itou, pour dire vrai… c’est Madeleine qui a insisté. Depuis qu’a vit en ville, elle voulait vraiment qu’on aille des roues, ta mère pis moé, pour pouvoir aller la voir plus souvent et surtout pour qu’on aille se promener dans l’Est, pour revoir la parenté pis nos familles.»
« Vous planifiez un voyage?»
« Oui, ça tombe un peu mal, vous arrivez pis on part…»
« Non, non, ‘Pa, c’est rien qu’correct ça… ça va nous prendre du temps à nous remettre pis à s’ajuster. Margaret et moi, on aura soin de la ferme, pis du roulant. C’est tout un change pour elle itou. Allez-y, pis prenez ben des portraits.»
Traductions :
- 1 «Ô Bertie, peux-tu éteindre la lumière? J’essaie de dormir.»
- 2 «À qui écris-tu?»
« Mon gars, j’peux pas t’dire comment ça me fait plaisir que tu sois revenu…» Il dut s’arrêter de parler, un moton dans la gorge. «Pis une belle femme en plus… on parle pas anglais, ta mère pis moé…»
Margaret s’empressa de répliquer. «Mais je parle français et je comprends tout ou presque tout…», un peu pour aider à se faire accepter.
«Oui, son père, elle trouve qu’on a un accent forte», rajouta Albert qui, lui aussi, voulait que ses parents aiment sa nouvelle femme.
«C’est Magritte, son nom?», demanda Clarisse à Albert, trop gênée pour parler directement à sa bru, assise à ses côtés. Margaret la regarda et fit un petit hochement de tête pour montrer que c’était proche.
«On devrait revenir à la mi-août, en plein dans l’temps des battages. Pis j’voudrais bien retravailler la maison à monsieur Sottiaux pour que vous déménagiez là c’t’automne.»
Arrivé à la maison, Albert fit le tour des bâtiments avec son père.
«Lucien et Poléon sont pas autour?»
«Non, j’pensais qu’tu l’savais… y’a eu bien du changement depuis que t’es parti. C’est pu des p’tits gars, ça, astheure… Napoléon est parti faire ses cours classiques à Lebret, en Saskatchewan, et Lucien a trouvé d’la gagne à Prince George, au BC, dans un moulin à scie.»
«Avec ton tracteur neuf, t’as vendu Prince, je suppose… J’peux pas t’blâmer, c’est l’progrès.»
«Pas si vite, mon garçon, je l’ai donné, mais y’é encore dans la famille, c’est Ernest pis ta sœur Rosalie qui l’ont. Ernest l’aime assez, y’é pas parré de s’en défaire», reprit le père en rigolant.
Les parents quittèrent pour l’Est, la semaine après l’arrivée du jeune couple. Arthur et Margaret s’occupaient des plus jeunes de la famille et de la ferme. C’était loin de l’Angleterre pour Margaret et les gens, quoique sympathiques, n’étaient pas comme chez elle. Elle était dépaysée, pour ainsi dire.
Un matin, de bonne heure, le père Chalifoux arriva dans sa belle Buick noir. C’était surprenant. Albert était en train de se raser avec sa savonnette dans le petit miroir par-dessus le bassin d’eau chaude. Les bretelles baissées et une camisole sur le haut du corps, il s’essuya le visage dans sa serviette et alla répondre.
Un matin, de bonne heure, le père Chalifoux arriva dans sa belle Buick noir. Illustration : Dallaire Production
«Vous venez de même pour nous apporter des nouvelles, pas des bonnes, je suppose?»
Albert le voyait bien dans le marché du curé, pis l’expression dans sa figure. Le curé avait enlevé son chapeau en entrant dans la maison et, tenant le coin de son chapeau à la main, pointa la chaise près de la porte pour qu’Albert s’assise.
«Non, c’est pas des bonnes nouvelles mon garçon. Ton père pis ta mère ont eu un accident d’char au Québec. Deux voitures se sont rencontrées. Un face à face. Ta mère est correcte, je l’avais justement au téléphone à matin, mais ton père, l’a pas faite…»
«Y’a pas souffert?», demanda Albert.
«Non, mort sur le coup! Ta mère, a rien eu… ben un torticolis pis mal à l’épaule.»
Albert essayait de parler, mais les mots ne venaient pas. C’était assez difficile à croire. Loin d’éprouver de la tristesse, il avait plutôt peine à y croire.
Margaret, qui était à tendre du linge sur la corde, avait tout entendu. Elle arriva les yeux plein de larmes. Albert se leva pour regarder à sa femme et elle le serra bien fort, la tête contre sa poitrine.
Le prêtre reprit : «En tous les cas, j’sais pas quoi dire… Ta mère va prendre quelques jours dans sa famille là-bas pour se remettre de tout ça, pis elle m’a dit qu’elle prendrait le train pour revenir. Ta mère a déjà parlé à Madeleine pour faire les arrangements. L’embaumeur, là-bas, c’est une parenté à ta mère, un nommé Leblond… En tous les cas, la dépouille mortelle de ton père va arriver à la station dans quelques jours. Je m’en charge.»
Margaret, qui était à tendre du linge sur la corde, avait tout entendu. Elle arriva les yeux plein de larmes. Illustration : Dallaire Production
La nouvelle a vite fait le tour de la paroisse, comme un feu de paille. Les premiers arrivés pour offrir leurs sympathies étaient la famille d’Émile, le frère à Clarisse, et d’Adrien, son garçon. Clotilde, la femme d’Adrien, aidait à Margaret à finir la vaisselle, tout en discutant du drame qui venait d’arriver, c’était impensable, effroyable. Adrien et Albert sortirent de la maison pour s’asseoir sur le bord de la galerie pour jaser.
«C’est dur à croire… on a tout fait pour revenir vivant, pis c’est eux aut’ qui meurent…», dit Adrien, en se parlant plus à lui-même qu’à Albert.
«On devrait être habitué à la mort astheure. J’avais tellement hâte; j’ai attendu tellement d’années pour revenir voir mon père, pis là…» C’est comme s’il pleurait en dedans, pas de larmes, mais beaucoup d’émotions fortes.
«On avait encore tellement de choses à se dire, pis tellement de choses à faire ensemble.»
«La première chose que j’ai pensé, tes enfants ne le connaîtront pas. C’est ça, pour moi qui serait le pire», dit Adrien avec sympathie.
«Les enfants, oui, j’ai pensé la même chose; mais pour astheure, ça sera pas un problème…»
«Comment!?»
«Ça va faire un an, c’t’hiver, qu’on est marié. Pis j’vas t’dire, c’est pas à cause de l’abstinence qu’on n’a pas d’enfant. Ça marche pas.»
Une autre tristesse pour Albert. Adrien mit la main sur son épaule pour montrer qu’il était là pour lui, pour le réconforter. Clotilde était déjà très enceinte, l’enfant était sur le point d’arriver.
Albert reprit son explication. «Ç’a passé proche, le printemps dernier, mais après quelques semaines, une fausse couche…»
«Penses-y Albert! Elle vit trop d’émotions. Durant la guerre, elle itou, elle en a vu des affaires. Garde-malade au front, c’était pas des farces pour elle non plus. Pis là, toé, t’es peut-être chez vous, mais elle, elle a fait tout un sacrifice pour venir vivre icitte.»
«Oui, elle m’a dit que c’était comme retomber en arrière. Pas d’eau courante, pas d’électricité, le téléphone chez le curé. Je lui ai dit que tout ça s’en venait, mais c’est comme vivre dans l’ancien temps. Je ne sais plus où me mettre la tête. Je me sens mal pour elle itou, je l’aime tellement, je ne veux pas la perdre, elle non plus.»
Au retour de Clarisse, les funérailles furent chantées dans la semaine, suivies de l’enterrement dans le cimetière, derrière l’église. L’acte de donation fût fait chez le notaire ce mois-là. La terre paternelle allait à Albert. Il accepta naturellement de s’occuper de sa mère jusqu’à sa mort. Napoléon qui était au séminaire, c’est Lucien qui aurait, un jour, la terre de monsieur Sottiaux.
Adrien et Albert sortirent de la maison pour s’asseoir sur le bord de la galerie pour jaser. Illustration : Dallaire Production
«Bertie, I’m choking here. You’re always in the field and gone in the bush to make firewood. An oil furnace would be nice, water in the house, lights, a fridge. T’aurais pas dû prendre la ferme, il n’y a rien ici pour nous. On aurait pu vivre en ville avec Madeleine pour commencer…»
«Marge, I love you, you know? Le meilleur s’en vient. L’électricité, pis le téléphone, pis l’eau. Saint-Paul l’ont. Pis les gens au village, à St-Vincent, l’ont déjà itou. L’année prochaine, tout va être changé icitte. On peut même se bâtir une nouvelle maison, comme t’aime dans les catalogues, si tu veux.»
C’était pas facile pour Margaret, qui s’ennuyait de sa famille, pis sa ville natale de Bristol, en banlieue de Londres. Mais de ne pas avoir d’enfant…
Clarisse, nouvellement veuve, était très sensible et troublée par cette nouvelle vie. Elle voyait sa bru, triste, mélancolique. Elle comprenait que si Margaret partait, elle perdrait Albert aussi.
Un jour revenant des champs, Albert aperçut Paul, son plus jeune frère, en train d’installer un lit simple en fer brun dans la cloison, en arrière de la maison.
«Paulo, veux-tu m’dire qu’est-ce tu fais là?», demanda Albert.
«Môman m’a dit d’aller chercher le lit à pépère chez mononcle, pis d’installer ça icitte.»
Clarisse arriva avec son raisonnement. «C’est correcte Albert, vous êtes chez vous icitte, ta femme pis toé. Prenez la grande chambre, je vais être correct ici. J’ai pas besoin de grand chose, pis proche du poêle, je vais être bien. Tu penses pas?!»
C’était contre sa nature d’accepter, mais en pensant à sa femme, pis l’ordre des choses, il accepta sans dire un mot de plus. Margaret tendait déjà les draps propres sur la corde.
Clarisse s’assit au pied de son lit, troublée. Le curé mettait de la pression sur elle aussi.
«Albert, je sais que c’est dur pour toé itou. Je sais pas comment t’dire ça, mais… mais… (un moton dans sa petite voix frêle) Monsieur le curé, veut pu te voir communier dimanche à messe. Y dit que vôt’ mariage anglican n’est pas reconnu dans l’église catholique pis l’empêchement de famille, c’est pas correct non plus.»
Traductions :
- 3 «Bertie, j’étouffe ici. Tu es toujours parti, soit aux champs, soit au camp pour faire du bois de poêle. Une fournaise, l’eau courante, l’électricité, un frigo, ça seraient bien dans la maison.»
- 4 «Marge, tu sais que je t’aime.»
«C’est pas ce que tu penses, maman. On essaie, pis ça pogne pas. Si ça continue de même, j’ai peur de perdre ma femme. Si elle part, je pense que j’irai avec elle. J’vas tout faire pour pas la perdre.»
Le père Chalifoux avait toujours été l’ami de la famille, mais là, Albert se sentait trahi. Son orgueil était plus fort que de se laisser dire quoi faire. Aller à la messe sans communier, c’était pas faisable! Tout le monde voirait ça!
Le dimanche suivant, il conduisit sa mère à l’église, mais dit à Margaret de rester dans le char. Il débarqua sa mère et la ramassa après la messe. Une semaine plus tard, samedi soir, il se rendit au presbytère avec, dans sa main, une lettre.
«Bonsoir, Albert, entre un peu.»
«Non, monsieur l’curé, j’ai pas trop de temps. C’est pour vous dire, que demain, moé pis ma femme, on va être à messe, pis vous pouvez pas nous refuser la communion à la sainte table.»
C’est en disant ses paroles qu’il tendit la lettre au père Chalifoux. C’était une dispense signée par Son Excellence monseigneur Baudoux, l’évêque de Saint-Paul, comme quoi leur mariage était accepté comme sacrement dans l’église catholique.
«Et pis rapport à notre empêchement de famille. Vous prirez fort pour nous autres. On a toujours essayé, pis ça marche pas. Des enfants, on en veut, mais si c’était du bon Dieu, on aurait déjà plusieurs.»
«C’est ben correct de même, Albert. Je m’excuse bien pour tout ça! Le bon Dieu est bon, ça va toutte s’arranger. Que sa volonté soit faite, pas la nôtre!»
Le dimanche d’après, on aurait cru que les gens de la paroisse, surtout les femmes, sur le perron de l’église, faisaient des efforts pour être plus accueillants pour Margaret. Elle se sentait vraiment accueillie par les femmes de son âge. Elles, qui n’avaient jamais voyagé et vu autres choses que St-Vincent, avaient beaucoup de questions et d’intérêt pour savoir comment c’était chez elle.
Albert et monsieur Langevin, le marguillier presque notaire, avaient fait des arrangements en secret pour adopter le neveu et la nièce de Margaret. La guerre en Europe avait fait tellement de ravages et beaucoup trop d’orphelins.
C’est sa mère à elle, à Margaret, qui s’en occupait et sa santé chancelante avait fait en sorte qu’elle ne pouvait plus en assurer la garde. Un matin d’avril, le soleil brillait fort et la neige fondante dégoûtait de tous les toits. C’était le congé de Pâques quand, soudain, on entendit cogner à la porte. Madeleine était arrivée par surprise avec James et Jane Morris. Margaret, qui était à pomper d’l’eau, échappa son seau par terre, ayant une faiblesse. Clarisse, à ses côtés, la retint. Elle en était folle de joie. Elle s’agenouilla devant eux pour se mettre à leurs hauteurs, les deux dans ses bras, en pleurant. Pour les enfants, la perte de leurs parents et le voyage si long, si loin, avaient été traumatisants, mais, enfin de la paix, de la quiétude et, surtout, de l’amour profonde de leur tante adorée.
«Aunt Maggie, I was sure we would never see you again!», dit Jane.
«Granny isn’t well… it broke her heart to see us leave…», ajouta James.
«But you’ll be ok here, we’ll take good care of you both», les rassura Margaret. «We’ll send her cards and pictures of us all in our new home.»
Les années passèrent et l’ère de la modernité arriva enfin chez Albert et Margaret. Ils avaient maintenant le téléphone, l’électricité, l’eau courante. Une vie semblable à chez elle en Angleterre.
C’était début décembre et Noël approchait. Dans la grange avec Albert, Margaret aperçut une calèche attachée là-haut sous les soliveaux.
«C’était votre cutter, ça?», questionna Margaret.
«Oui, on allait à la messe tous les dimanches attelé dessus.»
«C’est le cheval d’Ernest qui vous tirait?»
«Oui, Prince! Mon premier cheval… Ce cheval-là sert pu ben, ben. J’sus content qu’Ernest l’a encore.»
«C’est comme dans les films. Vous alliez à l’église en traîneau. Sleigh bells ring…»
«T’as jamais fait ça?»
Margaret hocha la tête.
La semaine avant Noël, pour la surprendre, Albert attela le bon vieux Prince sur la petite carriole. En se promenant dans les bois, Margaret colla Albert.
« I have something to tell you, Bertie…»
«Tu veux un cheval pour Noël?», dit Albert en rigolant.
«I’m pregnant… et cette fois, c’est pour de vrai. Je le sens, je le sens bouger en moi.»
Albert arrêta Prince et regarda sa femme profondément dans les yeux. Les larmes coulaient sur ses joues; il savait, lui aussi, que cette fois-ci, c’était vrai.
La semaine avant Noël, pour la surprendre, Albert attela le bon vieux Prince sur la petite carriole. Illustration : Dallaire Production
Traductions :
- 5 «Tante Maggie, j’étais certaine qu’on n’allait plus vous revoir!»
- 6 «Grand-maman n’est pas bien. Ça lui a brisé le coeur de nous voir partir…»
- 7 «Mais vous allez être bien ici. Je vais prendre soin de vous deux. Et nous allons envoyer des lettres et des photos de nous tous dans notre nouvelle maison.»
- 8 «Écoutez les clochettes…»
- 9 «J’ai quelque chose à te dire, Bertie…»
Ce Noël-là, assis dans leur banc à l’église, Albert ne s’était pas senti aussi heureux depuis longtemps. On célébrait l’enfant Jésus qui venait de naître et il ne pouvait pas attendre au jour où il pourrait aussi célébrer le sien, le vrai sien.
Oui, Noël, c’est d’abord une fête d’enfant. Pour Albert et Margaret, ce n’était qu’un début. Ils en eurent six autres, en plus des neveux adoptés.
Les années passèrent doucement à St-Vincent, sur la terre paternelle. Les vieux partirent, chacun leur tour, enterrés dans les rangs du cimetière, avec le reste de leur famille. Les enfants grandirent et partirent, ça et là, pour trouver l’amour, le travail et faire leur vie. Et la vieille ferme est restée, encore aujourd’hui, abandonnée, sur le bord du chemin, poussiéreuse comme un vieux livre rempli d’histoires qui attendent d’être racontées.
Et vous, votre histoire de Noël sera-t-elle un jour racontée?
Joyeux Noël!
Roger et sa compagne Virginie Dallaire viennent tout juste de terminer un projet grandiose : la restauration d’une grange datant des débuts de Saint-Paul-des-Métis pour en faire un économusée sur le conte. Ouvert en juin 2025, la grange a déjà accueilli de nombreux visiteurs qui voulaient s’imprégner de l’origine de la tradition orale et de l’histoire des francophones de la région.
Lexique d’Un Noël d’enfant :
- Prendre la roue : prendre le volant, conduire
- Un change : un changement
- Des portraits : des photos
- La gagne : du travail
- Parré : prêt
- Le marché : la démarche
- Garde-malade : infirmière