Quand Gilles et Debbie ont achet� leur maison dans le quartier Ermineskin en 1989, ils ont �t� charm�s par le saule argent� qui occupait une bonne place dans larri�re-cour. Ils ignoraient � l�poque quil allait devenir lun des plus grands arbres sur une propri�t� priv�e de la ville dEdmonton. Aujourdhui, le couple est dans lobligation de sen d�partir. Une d�cision difficile qui vient avec un prix � payer.
�Le saule mesure plus de 80 pieds de haut et � peu pr�s 80 pieds de large�, ricane Gilles. Il ne fait pas que de l’ombre dans leur cour. Il d�passe chez les voisins qui se plaignent notamment de devoir ramasser ses feuilles. Des d�sagr�ments qui ont amen� certains voisins m�contents � leur envoyer des plaintes par courrier.�
Gilles avec son fils au pied de larbre alors que celui-ci �tait encore jeune. Cr�dit : Courtoisie
Les relations difficiles avec le voisinage ne sont pas les seules raisons qui poussent Gilles et Debbie � faire couper leur arbre. Cest plut�t une question de s�curit�. �On a peur que larbre tombe sur la maison, dans la cour ou pire encore, sur des gens�, explique Gilles.�
Cest ainsi que les propri�taires auront donc � d�bourser plusieurs milliers de dollars pour proc�der � cette coupe. Si les frais sont cons�quents, le plus difficile pour eux est quils per�oivent cet arbre comme un membre de la famille, pr�sent depuis plus de trente ans.
Si ce saule pouvait parler, il en aurait long � raconter sur la famille de Gilles et Debbie. Toutes les occasions c�l�br�es sous ses feuilles et les exploits des petits-enfants qui ont grimp� sur ses branches en feraient sourire plus dun.�
Boite artisanale fabriqu�e par Gilles. Cr�dit : Courtoisie
�Nous avons une photographie de notre plus jeune fils dans les bras de son p�re devant le saule. Et quand notre autre fils sest mari�, on a pris des photos avec les gar�ons dhonneur sous larbre�, raconte Debbie. Il a �galement servi dhabitat pour des familles doiseaux qui ont pris place dans les petites cabanes qui y sont accroch�es, fait remarquer le couple.�
Derni�rement, le couple a organis� une f�te dans la cour pour souligner la vie de leur arbre. �Nous avons re�u la famille et la m�re de Gilles qui aime beaucoup cet arbre. Celui-ci lui rappelle la ferme o� elle a �lev� ses enfants�, ajoute-t-elle.�
Gilles sy conna�t en bois. Ce coiffeur de longue date sest d�couvert une passion pour le travail du bois. Depuis plusieurs ann�es, il cr�e des oeuvres allant du bouton aux� bo�tes d�coratives quil vend au march� des fermiers de Strathcona.�
Receptacle pour petits objets con�u par Gilles. Cr�dit : Courtoisie
Malheureusement, le saule blanc noffre pas un bois de qualit� pour les projets de lartisan, mais il souhaite tout de m�me r�cup�rer quelques morceaux pour leur donner une seconde vie.
Gilles et Debbie esp�rent aussi conserver une partie de larbre dans leur cour. �Ce que lon compte faire est de couper les troncs � diff�rentes hauteurs et sen servir comme plateformes. Je construirai de petites maisonnettes qui seront plac�es sur chaque tronc pour former une sculpture�, explique Gilles. Une fa�on de garder un peu de l�me de leur vieux saule argent�.
En un mois, plus de mille tombes anonymes denfants autochtones ont �t� d�couvertes au Canada sur des sites danciens pensionnats. Et on croit que ce nest que le d�but. LAlberta aussi devra faire son enqu�te. Quen est-il de la situation dans notre province? Quel �tait le r�le des francophones dans ces pages dhistoires? Et surtout, comment survivre au pass�?
IJL-R�SEAU.PRESSE-LE FRANCO
Pour comprendre la relation entre francophones et peuples autochtones des Prairies, on doit remonter dans le temps, au-del� du syst�me des �coles r�sidentielles appel�es aussi pensionnats autochtones. �Larriv�e [dans lOuest] des institutions colonisatrices principales telles que les �glises chr�tiennes et le syst�me de gouvernement parlementaire britannique a amen� la mentalit� civilisatrice, colonisatrice et assimilatrice�, affirme Denis Perreaux. Le directeur de la Soci�t� historique francophone de lAlberta sexplique, �avant cela, il y a eu pr�s de cent ans de relations intimes entre les Canadiens-Fran�ais et les autochtones des Prairies�.
Selon les �crits des missionnaires, ils voyaient la mise en place du syst�me de pensionnats comme une Suvre philanthropique. �On sous-estimait les pertes spirituelles et culturelles qui allaient se produire et le bris entre les g�n�rations de parents denfants quils nont jamais �lev�s et des enfants �lev�s sans parents�, ajoute Denis Perreaux.
Selon Denis Perreaux, la soci�t� historique et la communaut� francophone en g�n�ral peuvent jouer un r�le pour aider � comprendre ce qui est arriv� aux enfants disparus.
Cr�dit : courtoisie
Ces m�mes ordres religieux ont fond� le Campus Saint-Jean, lAssociation canadienne-fran�aise de lAlberta (ACFA) et Le Franco. Ils prennent donc une place pr�pond�rante dans lhistoire des francophones de lAlberta. �Il y a des raisons historiques justifiables pour quon parle des oblats, mais cela nemp�che pas qu’aujourd’hui, nous avons � nous questionner lorsquon pr�sente l�glise catholique au devant�, conclut M. Perreaux.
Celina Yellowbird est crie et fran�aise. Elle provient de la r�serve Alexander First Nation et �tudie dans le programme d�tudes autochtones � luniversit� dAlberta. Lorsquelle a entendu parler de ces s�pultures non identifi�es retrouv�es autour de pensionnats autochtones, elle n�tait pas �tonn�e. �On savait d�j� quil y avait des enfants tu�s dans ces �coles. Je me suis aussi dit que, finalement, on a la preuve dont nos communaut�s avaient besoin pour montrer aux gens quon a vraiment souffert.�
Celina Yellowbird dans son habit traditionnel.
Cr�dit : Courtoisie
Pour que les communaut�s puissent faire le deuil et gu�rir, la jeune �tudiante croit que les recherches de tombes denfants autochtones en Alberta seront tr�s importantes. Ainsi, les familles pourront enterrer ces enfants selon leurs propres rites spirituels.
� son avis, les peuples autochtones ont besoin quon les �coute. Que leurs voix soient amplifi�es. Cest aussi une question daccepter lhistoire et lh�ritage encore pr�sent des �coles r�sidentielles. �Les anglophones et les francophones ont eu un impact dans le colonialisme, dans le d�placement des Premi�res Nations et le g�nocide. Il faut que tous comprennent que leurs anc�tres ont eu un impact, mais aujourdhui, on peut aider � changer les choses.�
Ecole Morley pour etudiants indiens, Morley (Alberta), vers 1900 [Orphelinat McDougall, (Alberta), vers 1890-1895].
Cr�dit : David Ewens Collection. Bibliotheque et Archives Canada
Selon Denis Perreaux, la soci�t� historique et la communaut� francophone en g�n�ral peuvent jouer un r�le pour aider � comprendre ce qui est arriv� aux enfants. �Notre position est vraiment de soutenir la recherche, car il y a beaucoup d’�crits, notamment chez les oblats et certains ordres religieux f�minins, qui sont en fran�ais�, affirme-t-il. Il ajoute que lorganisation quil pr�side peut venir en aide aux familles autochtones qui cherchent des �l�ments de preuve de ce qui est arriv� aux enfants � l�poque. Il propose de les accompagner notamment gr�ce � la traduction et linterpr�tation�.
Pour la docteure Nathalie Kermoal, professeure titulaire, vice-doyenne acad�mique et directrice du centre de recherche Rupertsland sur les M�tis de la facult� des �tudes autochtones de luniversit� de lAlberta, il faudra in�vitablement passer par une p�riode de deuil. �Il faut comprendre les traumatismes interg�n�rationnels caus�s par les �coles r�sidentielles et tant quil y aura encore des gens qui questionnent ou ne veulent pas voir cette histoire, il ny aura pas de r�conciliation.��
Nathalie Kermoal, la directrice du Centre de recherche Rupertsland.
Cr�dit : Courtoisie
Il faut admettre que le Canada a jou� un r�le avec les �glises pour enlever l�Indien� de lenfant, explique Mme Kermoal. La directrice du centre de recherche Rupertsland va encore plus loin en affirmant que lon doit soutenir les peuples autochtones dans leur projet dautod�termination afin quils puissent g�rer leurs propres �coles entre autres.�
Pour les communaut�s, remettre certaines institutions en place et revitaliser les langues autochtones sera un travail de longue haleine dans lequel on peut les appuyer. ��a ne peut pas �tre juste le travail des autochtones, �a doit �tre collectif.�
�Il faut voyager pour apprendre�. Cette r�flexion de Mark Twain, le Conseil du D�veloppement �conomique de lAlberta la bien comprise. Cet �t�, le CD�A propose plusieurs routes touristiques dans le Nord de la province afin de se familiariser avec lhistoire, la culture et les saveurs locales. Notamment, La route des traditions autochtones permet aux visiteurs de d�couvrir la richesse culturelle des peuples autochtones de cette r�gion.�
Quand Suzanne Pr�vost, directrice du d�veloppement rural et entrepreneuriat au CD�A, parle de ce projet des routes touristiques, c’est avec beaucoup denthousiasme et de fiert�. �Cest quelque chose dunique quon est en train de faire en Alberta. La valeur ajout�e du bilinguisme, cest un autre march� que lon d�veloppe.�
Comme le CD�A travaille depuis longtemps avec les communaut�s autochtones des r�gions, il allait de soi quun volet valorisant la culture autochtone serait dans ce projet.� �Dans le d�veloppement du projet, lorganisme Alberta Indigenous Tourism nous a contact� afin de faire partie des routes bilingues, car des partenaires en r�gion les ont approch�s�, explique Mme Pr�vost.
En suivant la route des traditions autochtones, on peut en apprendre davantage sur lhistoire, les l�gendes et lart autochtones. Le premier arr�t est au Centre culturel et village historique M�tis Crossing,�un grand centre d’interpr�tation de la culture m�tis. Il est possible dy faire une visite individuelle ou avec un guide, de participer � des ateliers de traditions m�tis et de vivre des exp�riences interactives.
Cette visite est suivie dune s�rie darr�ts dans divers mus�es du nord de la province dont le Mus�e de Saint-Paul, celui de Bonnyville et District ainsi que les mus�es de Cold Lake et Lac-La-Biche. Chacun accorde une place � la riche histoire de la r�gion et � des �l�ments propres � chaque lieu comme la traite de la fourrure, lagriculture et le mode de vie des peuples autochtones. La collection du Mus�e des arts et des artefacts des peuples autochtones de Lac-La-Biche comprend pr�s de 2000 artefacts et Suvres des Premi�res Nations, M�tis et Inuits ainsi que la seule collection permanente dartistes autochtones professionnels.
Suzanne Pr�vost, directrice du d�veloppement rural et entrepreneuriat au CD�A. Cr�dit: Courtoisie – CD�A
Le Lieu historique national du Canada de la Mission-de-Notre-Dame-des-Victoires compte aussi parmi les arr�ts cl�s de ce parcours th�matique. Cet attrait touristique est reconnu pour son r�le dans le commerce des pelleteries, la communication dans lOuest et le transport. Mary Lehoux, responsable de la Mission-de-Notre-Dame-des-Victoires, voit un grand avantage dans ce projet. � �Cest une bonne opportunit� de faire partie des routes touristiques du Nord pour attirer plus de visiteurs. On a embauch� deux �tudiantes francophones pour l�t� afin doffrir des visites guid�es en fran�ais.�
La route des traditions autochtones comprend �galement deux centres de vill�giature o� lon peut faire du camping et profiter des grands espaces verts. Le Hideaway Adventures Grounds offre aussi aux visiteurs une occasion pour apprendre � se construire un abri et cuisiner sur le feu � laide doutils dantan.�
� lire aussi : Chasseur au harpon : texte fondateur de la litt�rature autochtone
Il y a quelques ann�es, suite � une �tude de march�, le CD�A a constat� quil y avait un int�r�t pour le d�veloppement touristique en r�gion. � Nos bailleurs de fonds ont vu les opportunit�s quon avait de d�velopper un r�seau touristique qui devient un outil en d�veloppement �conomique pour les r�gions rurales du Nord�, explique Suzanne Pr�vost.�
Cest ainsi quen pleine pand�mie, le comit� de cr�ation des routes th�matiques sest mis � la t�che pour recruter des partenaires et des entreprises int�ress�s par le projet. � quelques reprises, ce sont plut�t les entrepreneurs qui ont d�montr� un int�r�t � faire partie des routes touristiques. Francophones et anglophones ont contact� le CD�A afin de participer au projet.
�Quand tu as les anglophones qui tapprochent, qui veulent offrir des services bilingues parce quils voient la valeur ajout�e dans leur entreprise ou leur attraction, on atteint un autre niveau de d�veloppement �conomique. Les entreprises francophones se sentent support�es par les partenaires anglophones�, constate Suzanne Pr�vost. Elle ajoute que les entrepreneurs sont dor�navant plus � laise pour offrir leurs services en fran�ais.�
Suite � la mise en Suvre des routes touristiques du Nord, les bailleurs de fonds du CD�A ont d�montr� un int�r�t pour que ce projet soit aussi d�velopp� dans le sud de la province. Ainsi, le CD�A � lintention de poursuivre ce volet de d�veloppement �conomique en r�gion. �Ce qui est important pour nous, cest de d�velopper la culture rurale locale�, confirme avec engouement, Suzanne Pr�vost.� Une mani�re significative de pr�server le patrimoine culturel de toute une r�gion.
Afin de comprendre et appuyer les organismes francophones durant la pand�mie et lors de la reprise de leurs activit�s, la F�d�ration des communaut�s francophones et acadienne (FCFA) du Canada a r�alis� une �tude aupr�s de 250 organismes. Elle dresse un portrait des cons�quences de la pand�mie et avance trois recommandations.
La FCFA rapporte que la pand�mie et les mesures sanitaires ont eu des cons�quences sur les activit�s et services offerts par les organismes francophones du pays. Le ralentissement des activit�s pendant plusieurs mois a provoqu� la perte de b�n�voles et de revenus pour la majorit� des organismes sond�s. Les domaines les plus touch�s sont les m�dias, le d�veloppement communautaire ainsi que les arts et le patrimoine.�
Jean Johnson, pr�sident de la FCFA, est particuli�rement inquiet par la question d�rosion de la participation des b�n�voles. j Quand on va avoir fini cette pand�mie, je suis inquiet que nos groupes communautaires aient un gros travail � faire pour solliciter un int�r�t de la part des b�n�voles pour les inciter � revenir participer et continuer � contribuer. Beaucoup de nos services communautaires et de nos groupes, qui sont vraiment � la base de nos communaut�s, d�pendent de lappui du b�n�volat. k
Mireille P�loquin, directrice g�n�rale de la F�d�ration des parents francophones de lAlberta. Cr�dit : courtoisie.
Le rapport de la FCFA d�montre aussi que la pand�mie a eu un impact sur le budget et les op�rations internes des organismes. Ces derniers ont d� faire preuve de cr�ativit� et composer avec les mesures sanitaires en place afin de continuer � transiger avec le public.�
Mireille P�loquin, directrice g�n�rale de la F�d�ration des parents francophones de lAlberta, affirme avoir eu recours � la subvention salariale du gouvernement f�d�ral � quelques reprises depuis le d�but de la pand�mie. j Ce que jai appr�ci� de cet octroi, cest que �a ma permis de maintenir du personnel en place […] et de faire beaucoup de travail. Surtout dans le soutien aux services de garde de la petite enfance. [Il fallait] comprendre tous les nouveaux r�glements, cr�er de nouveaux outils et mettre toutes les mesures de sant� et de s�curit� en place dans un service de garde avant quil puisse ouvrir ses portes � nouveau. k
Il est difficile pour Madame P�loquin de pr�dire si la FPFA aura besoin dune aide financi�re suite � la pand�mie. j Je dois surveiller de tr�s pr�s le budget parce que les revenus sont volatiles. Une grande partie de nos revenus viennent des services de garde que lon g�re, mais depuis septembre, les inscriptions ont baiss�. Chaque mois, il y a un enfant de moins dans les services de garde et on est un peu � la merci de �a. Je dois revoir le budget quasiment tous les trois mois pour massurer que les projections sont encore sur la m�me piste. k
72 % des organismes consult�s se disaient satisfaits de laide financi�re apport�e, particuli�rement celle du gouvernement f�d�ral. Toutefois, les petits organismes nont pas tous eu la chance dobtenir du financement et la FCFA souhaite sassurer que tous puissent r�pondre � leurs besoins durant la pand�mie et dans la relance de leurs activit�s par la suite. Cest pourquoi le rapport de consultation de la FCFA du Canada se conclut avec trois recommandations pour les dirigeants.�
La FCFA r�clame quun appui imm�diat soit offert aux organismes fragilis�s qui nont pas �t� en mesure de recevoir une aide financi�re. j Les petits organismes
Jean Johnson, pr�sident de la F�d�ration des communaut�s francophones et acadienne du Canada. Cr�dit: courtoisie.
sont tomb�s dans les craques et il ny a personne pour venir � leur d�fense alors nous avons assum� cette responsabilit� k, explique Jean Johnson.�
Le rapport recommande aussi que des programmes daide soient maintenus jusqu� ce que les organismes aient retrouv� une stabilit� financi�re et op�rationnelle. j Reconnaissez le besoin dans la r�gion, faites confiance aux gens localement et assurons-nous de maintenir la discussion avec les intervenants cl�s dans cette situation et permettre que le relancement soit un succ�s. �a veut dire certains investissements ou bonifications pour leur permettre de se rendre � un niveau qui se rapproche de leur activit� avant COVID. k
Le pr�sident de la FCFA ajoute quil serait bon de changer la fa�on doffrir des fonds pour mieux r�pondre � la demande des organismes. Il serait souhaitable que les minist�res f�d�raux adaptent la gestion de leurs programmes en fonction de limpact de la pand�mie sur les organismes francophones. j Les crit�res avant �taient toujours bas�s sur des r�sultats, sur des �l�ments concrets et facilement �valuables. Maintenant, on tombe un peu dans labstrait. La rentabilit� va �tre l� si le gouvernement est l� pour lassurer k, conclut monsieur Johnson.�
Laurissa Brousseau, ancienne �l�ve de l�cole Notre-Dame des Monts � Canmore, simplique dans sa communaut� � divers niveaux depuis quelle est toute petite. Aujourdhui, elle r�colte les fruits de son implication. Cette citoyenne engag�e a obtenu le prix le plus �lev� que les �tudiants albertains dipl�m�s peuvent recevoir, le�Queens golden Jubilee Citizenship award.
Laurissa Brousseau na pas encore vingt ans. Pourtant, la liste de ses accomplissements est impressionnante. Gr�ce aux encouragements de sa m�re qui lui a aussi servi de mod�le, Laurissa a compris limportance de simpliquer si lon veut changer des choses. Cest dailleurs sa m�re, Genevi�ve Poulin, qui lui a annonc� quelle �tait r�cipiendaire du prix de la reine. Ce prix r�compense les �tudiants qui ont contribu� � leur communaut� par une citoyennet�, un leadership, un service public et des efforts b�n�voles exceptionnels. Ils obtiennent la m�daille du jubil� dor de la reine, un certificat ainsi quune bourse de 5000 $.
� l�cole Notre-Dame des Monts, Laurissa �tait reconnue comme � la fille qui simplique�� par ses pairs et le personnel enseignant. � J�tais la premi�re dans l�cole qui allait faire des affaires, je nattendais apr�s les autres : le voyage au Nicaragua, j�tais la seule participante ; les cadets, j�tais la seule francophone ; la FJA, j�tais la premi�re. � Et lorsquelle revenait � l�cole, elle partageait ses exp�riences avec les autres et les encourageait � simpliquer � leur tour.
La jeune �tudiante a jou� un grand r�le au niveau du conseil �tudiant de son �cole et a entam� des discussions avec les �l�ves et le personnel enseignant afin de cr�er la premi�re alliance gai-h�t�ro � son �cole. Elle a aussi �t� s�lectionn�e pour faire un p�lerinage de deux semaines � Vimy avec des v�t�rans. Selon elle, plusieurs opportunit�s sont offertes aux jeunes afin de simpliquer, il ne suffit que de fouiller un peu pour trouver.
Elle sest aussi d�marqu�e par son implication au sein de lorganisme Francophonie Jeunesse de lAlberta comme membre du conseil dadministration. Elle a travaill� sur les dossiers de s�curit� linguistique et de la sant� mentale chez les jeunes. � Apr�s le premier GOAGA de Francophonie Jeunesse Alberta, je savais que �a allait �tre quelque chose qui me rapporterait beaucoup. Je me sentais vraiment chez moi l�-bas. Ce sont des jeunes qui sont fiers de parler fran�ais, qui veulent faire avancer plusieurs dossiers au niveau de notre francophonie, cest vraiment �a qui ma incit�e. �
De plus, Laurissa sest beaucoup impliqu�e au sein de lescadron 878 des cadets de lair de Banff/Canmore. � seize ans, elle devient commandante descadron, un poste que lon r�serve normalement pour les jeunes de 18 ans. Ce r�le lui permet dinfluencer les strat�gies de communication de son escadron pour rejoindre plus de gens et faire une place plus grande aux francophones. Lors de son passage dans les cadets, elle a �t� s�lectionn�e pour faire un �change international diplomatique en Chine. � 18 ans, cest � son tour, � titre de cadet-cadre, daccueillir des cadets venus de l�tranger pour un s�jour au Canada.
Laurissa poursuit ses �tudes � lUniversit� dOttawa en �tudes internationales et langues modernes. Elle songe d�j� aux organismes au sein desquels elle veut simpliquer pour les ann�es � venir.
Paul-�mile Maisonneuve� Cr�dit: Bernard Maisonneuve (courtoisie)
En avril, Le Manoir du Lac � McLennan�a connu une �closion de COVID-19 qui a touch� une grande partie de son personnel soignant ainsi que ses r�sidents. Elle a�caus� la mort de 10 de ces derniers. Selon Alberta Health services, la situation est maintenant sous contr�le. La vie normale reprend tranquillement le dessus et certaines histoires positives ressortent de ce drame. Cest le cas de celle de M. Paul-�mile Maisonneuve qui, � 102 ans, a surv�cu � la maladie.
Monsieur Maisonneuve a �t� le 29e r�sident atteint de la COVID sur 43. Il a travers� la temp�te avec � peine quelques sympt�mes. Le plus difficile pour lui a �t� de passer plus dun mois enferm� dans sa chambre sans contact avec les autres r�sidents ou avec lext�rieur.
Durant l�closion, toute visite �tait interdite. Heureusement, lui et son fils, Bernard Maisonneuve, pouvaient communiquer par t�l�phone et par la fen�tre de la r�sidence. Il disait souvent � son fils que �a faisait longtemps quil n�tait pas venu le voir. � Je me sentais mal �, raconte Bernard qui avait lhabitude de lui rendre visite deux � trois fois par semaine.
Comme il fait assez beau pour sortir dehors, plusieurs des r�sidents re�oivent des proches en ce vendredi apr�s-midi. � lentr�e, le personnel soignant demande aux visiteurs de se d�sinfecter les mains, denfiler un masque, de remplir un questionnaire de sant�. Derni�re �tape avant de pouvoir p�n�trer dans le b�timent : une prise de temp�rature. � On a enfin mis fin � l�closion, on ne voudrait pas que �a revienne �, explique une infirmi�re.
Le manoir du Lac. Cr�dit: Genevi�ve Bousquet
Pour notre rencontre, monsieur Maisonneuve a insist� pour porter son habit. Son fils Bernard nous a install�s sous le belv�d�re rattach� � lh�pital, de lautre c�t� de la rue. L� o� les patients ne pouvaient plus se rendre il y a un mois. � Les vieux �taient d�fendus daller � lh�pital (&) et les m�decins ne rentraient pas ici � affirme Bernard Maisonneuve.
Paul-�mile Maisonneuve� Cr�dit: Genevi�ve Bousquet
Paul-�mile Maisonneuve est n� en 1918, alors que l�pid�mie de grippe espagnole frappe le monde entier. Bien plus tard, il a surv�cu au d�barquement � Courseulles-sur-Mer, en France, le 6 juin 1944. Durant son service militaire, il se targue de navoir jamais �t� malade. � Jamais all� voir le docteur, pis le dentiste, rien ! � Il a toujours �t� en bonne sant� sauf pour une vilaine grippe qui la alit� pendant deux mois � lh�pital, il y a quatre ans. Et maintenant, du haut de ses 102 ans, il a surv�cu � la COVID sans peur, sans inqui�tude.
M. Maisonneuve se dit satisfait de sa vie. Il na pas de regret ni de r�ve inachev�. Cest un homme content�. � Il est facile, tout le temps daccord. Il ne sobstine pas. Il dit que �a ne paye pas dans des places de m�me �, explique son fils. Suite � tout ce quil a v�cu, M. Maisonneuve tient comme paroles de sagesse : � Il faut prendre les choses comme elles viennent. Il ny a rien que lon puisse faire sauf prier �.