le Jeudi 25 avril 2024

Dirigé par des jeunes de 16 à 35 ans, un comité consultatif travaille à faire une différence face au changement climatique au Nunavut. Ayant débuté officiellement ses activités en 2022, cette organisation souhaite recruter de nouveaux membres pour élargir la portée de ses actions. 

IJL – Réseau.Presse – Le Nunavoix

Afin de mener des activités à travers le territoire, le comité consultatif sur le réchauffement climatique est à la recherche de jeunes Nunavummiut qui viennent de différentes régions du Nunavut et qui présentent divers profils au niveau de leur expérience.

Les personnes qui se joindront à ce comité bénévole recevront une formation gratuite.  

Le groupe, qui se rencontre toutes les deux semaines, mène des projets et propose des activités en lien avec l’impact de nos gestes sur l’environnement. Ces activités sont destinées aux milieux scolaires, mais aussi au grand public.

Sensibiliser le plus de gens possible 

«En mettant des activités ludiques, en faisant des concours, ça amène à ce qu’il y ait plus de personnes qui soient sensibilisées et qui s’intéressent au sujet.» Charlotte Lapôtre.

L’objectif du comité de travail est de sensibiliser la population au réchauffement climatique et de les informer sur les différentes actions à poser pour minimiser leur impact sur l’environnement. 

Récemment, le comité a réalisé une première rencontre dans un milieu scolaire. L’école, qui était déjà sensibilisée à l’environnement, avait un «groupe vert» et réalisait un certain nombre d’activités.

«En mettant des activités ludiques, en faisant des concours, ça amène à ce qu’il y ait plus de personnes qui soient sensibilisées et qui s’intéressent au sujet», indique Charlotte Lapôtre, membre du comité de travail.   

Le comité consultatif sur le réchauffement climatique est à la recherche de nouveaux membres pour élargir la portée de ses actions. Photo : Courtoisie

En agrandissant le comité consultatif, l’objectif est de réaliser davantage d’interventions, et ce, dans des écoles à travers tout le territoire. Pour le moment, le comité est composé de quatre membres, Charlotte Lapôtre, Jennifer Kilabuk, Siku Rojas et Ais Omilgoetok.

Avec des membres parlant en inuktitut, en anglais et en français, tous les milieux sont ciblés. 

Le comité s’affairera aussi à adapter son contenu aux différents niveaux d’âge, mais concentre pour l’instant ses activités aux adolescents.    

Trois fois par an, le groupe se rencontre en personne pendant deux jours. La coordonnatrice du comité consultatif, Sarah Holzman, tente alors de trouver un ou une ainé.e qui peut partager et témoigner des changements qu’il ou elle a observés au fil des années en lien avec le climat.

«Ils vont nous parler par exemple, de leurs habitudes de pêche, de chasse, qu’est-ce qu’ils constatent comme changement aussi au niveau de la nourriture, au niveau de la conservation de la viande, des plantes; pour un peu plus cerner aussi la thématique et voir à travers eux quels sont les véritables changements», explique Charlotte Lapôtre.

Des sorties dans la toundra et des formations avec des scientifiques présentant leur projet de recherche font aussi partie des activités du comité consultatif. 

Les membres peuvent également soumettre leurs idées concernant des formations qu’ils souhaitent recevoir. Par exemple, une formation au sujet du compostage* intéresse présentement le groupe. 

Donner la parole aux jeunes

«Dans certains cas, j’ai l’impression que, quand ce sont les jeunes qui parlent, ils sont peut-être plus écoutés.» Charlotte Lapôtre. 

Charlotte Lapôtre estime qu’il est important de donner la parole aux jeunes concernant le réchauffement climatique. 

«Dans certains cas, j’ai l’impression que, quand ce sont les jeunes qui parlent, ils sont peut-être plus écoutés», déclare-t-elle.

Alors que le phénomène du changement climatique est connu et discuté depuis un bon moment déjà, elle estime que la génération incluant les 16 à 35 ans se sent de plus en plus concernée par ces changements. 

«C’est surtout aussi que c’est la génération future, donc c’est important d’avoir l’avis de ces personnes-là et de voir aussi qu’est-ce que l’on peut changer pour améliorer les choses pour l’avenir», conclut-elle.

Les membres du comité consultatif sur le réchauffement climatique ont d’ailleurs rencontré le ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique Steven Guilbeault lors de son passage à Iqaluit il y a quelques semaines.

Glossaire – Compostage : Mise en fermentation de certains déchets agricoles ou urbains, de façon à récupérer des éléments riches en minéraux et matière organique.

LE NUNAVOIX (Nunavut) – Dans son roman Une nuit d’amour à Iqaluit, l’auteure montréalaise Felicia Mihali raconte le récit de ses personnages au cours d’une année scolaire vécue dans la capitale nunavoise. 

Karine Lavoie – Le Nunavoix

Romancière, traductrice et éditrice, Felicia Mihali fait revivre dans son plus récent roman Une nuit d’amour à Iqaluit son personnage d’Irina, d’abord présenté dans le livre La Bien-Aimée de Kandahar paru en 2016. 

Ce récit nous menait à la découverte des correspondances entre cette femme et Yannis, un soldat canadien posté en Afghanistan qui était tombé amoureux d’elle en l’apercevant en photo sur la couverture d’un magazine. Cependant, le jour où le soldat décède dans une explosion, cette histoire d’amour prend fin abruptement. 

Felicia Mihali a rédigé son roman Une nuit d’amour à Iqaluit lors de son année d’enseignement dans la capitale territoriale, durant les fins de semaine et les jours de grand froid où il était impossible de sortir. Crédit : Courtoisie

Dix ans plus tard, le public retrouve Irina, qui décide de s’exiler à Iqaluit pour y accomplir un contrat d’un an comme enseignante, tout en pensant pouvoir y guérir ses blessures. Elle y rencontre notamment Liam O’Connor, un policier qui fera ressurgir son passé.

L’auteure s’est inspirée de son propre vécu pour ce roman, ayant elle-même fait l’expérience de l’enseignement dans la capitale nunavoise lors de l’année scolaire 2017-2018.

Vivre le Nord

Celle qui a vécu en 2009 sa première immersion dans le Nord en se rendant un an dans la réserve innue de Schefferville au Québec, où elle a écrit le livre Le tarot de Cheffersville, considère cette région très inspirante. C’est d’ailleurs pour cette raison que Felicia Mihali décide de retourner vivre l’expérience nordique en 2017, cette fois-ci à Iqaluit.

« Je suis quelqu’un qui aime beaucoup le Nord, le froid extrême, les conditions extrêmes, l’isolement, la solitude. J’en ai vraiment besoin parce que la vie dans une grande ville est tellement accaparante et envahissante », affirme l’auteure, enseignante dans une école avec 40 élèves par classe et qui a une grande famille composée de quatre petits-enfants. 

« Ça fait du bien de changer complètement d’environnement, d’être plus seule pour prendre des moments de réflexion, de connaitre autre chose des gens, un autre environnement, une autre manière de vivre », ajoute-t-elle. 

« Le Nord m’a inspiré à développer un côté poétique du paysage », affirme l’auteure d’Une nuit d’amour à Iqaluit. Crédit : Courtoisie

S’inspirer du vrai

Felicia Mihali a écrit Une nuit d’amour à Iqaluit tout au long de son année d’enseignement. Misant généralement sur les personnages, la dynamique et l’action, l’auteure est sortie de son style habituel en donnant un côté plus descriptif à sa plume : « Le Nord m’a inspiré à développer un côté poétique du paysage », affirme-t-elle. 

Plusieurs personnages sont également inspirés de ses rencontres nordiques. « J’ai choisi quelques personnages emblématiques pour illustrer des identités particulières », explique-t-elle en citant, en premier lieu, le couple constitué de Carole et de son mari anglophone Grant, qui illustraient pour elle l’exemple de professionnels qui réussissent bien dans le Nord, mais qui démontrent de la bienveillance et représentent des alliés. 

Consultez le site du journal Le Nunavoix

Il y a également le personnage d’Ana qui, quant à elle, démontre le phénomène de l’immigration étant donné de ses origines roumaines : « Malgré ce que l’on croit, le Nunavut est devenu un territoire d’immigration. À Iqaluit, il y a beaucoup de gens qui viennent de partout, comme Montréal et Ottawa, et ce n’est pas juste de la migration blanche. Il y a une grande migration des minorités visibles, d’origine africaine par exemple. C’est très multiculturel à Iqaluit », explique-t-elle.

Finalement, le personnage de Brigitte représente le genre de personne qui ne s’attache pas, qui arrive sur le territoire avec une idée du Nord et qui reste bloquée dans un modèle : « Au niveau spirituel, ça ne les change pas. Une telle expérience, aussi riche et enrichissante, ne les affecte pas », résume-t-elle.

L’émergence de la culture inuite à l’écrit

Felicia Mihali s’est rendue au Nunavut avec le désir d’en apprendre davantage au sujet de la culture inuite : « On dit que, pour connaitre un endroit, il faut y vivre au moins six mois. Alors, je me suis donnée une année pour vraiment vivre dans cet environnement qui s’est forgé une certaine individualité, un certain art très spécifique au Canada et qui est unique », explique-t-elle. 

L’auteure s’est inspirée de son propre vécu pour ce roman, ayant elle-même fait l’expérience de l’enseignement dans la capitale nunavoise lors de l’année scolaire 2017-2018. Crédit : Courtoisie

Selon elle, il n’y a pas assez d’œuvres écrites dans la culture inuite et ceci s’explique entre autres par le fait que cette culture est plutôt visuelle et orale puisqu’elle préconise l’art de la parole et des histoires.

« C’est une culture qui n’a pas vraiment l’habitude de s’exprimer à l’écrit, résume-t-elle. Dans la plupart des témoignages communs, c’est plutôt la mentalité de l’époque des années 50-60 par rapport aux Inuits qui est dépeinte. Mais dans les dernières années, on voit de plus en plus d’auteurs inuits qui commencent à pallier ce manque et en parlant d’eux-mêmes à eux-mêmes », déclare-t-elle.

Bien qu’aucun projet ne soit envisagé pour le moment, l’auteure souhaiterait retourner un jour dans le Nord afin de revoir les enfants, les familles et certains collègues qu’elle a rencontrés durant son année à Iqaluit. 

Cette condition s’avère d’ailleurs essentielle pour qu’elle écrive à nouveau sur le sujet : « Je veux vivre, je veux connaitre les gens, m’inspirer de la réalité parce que c’est cela qui fait un livre vivant. C’est la vérité! », précise-t-elle. 

Aucun lancement officiel du livre Une nuit d’amour à Iqaluit n’est actuellement prévu au Nunavut, mais l’auteure espère que son roman voyage jusqu’au territoire : « J’aimerais beaucoup que le livre soit lu et promu à Iqaluit parce que c’est quelque chose qui concerne la communauté », conclut-elle.