Sabine Lecorre-Moore est une artiste visuelle et commissaire d’exposition basée en Alberta. Passionnée par les récits culturels et les liens entre l’art et la communauté, elle partage ses découvertes et réflexions dans Le Franco. Forte d’une carrière riche en projets collaboratifs, Sabine s’engage à faire rayonner la vitalité artistique et francophone de l’Alberta.
Cette enfance sans frontières a nourri l’artiste en herbe qu’elle était déjà. Après des études en décors de théâtre, elle a longtemps travaillé à Québec, apportant de la lumière et de la couleur aux arts de la scène.
Virginie s’est installée avec sa famille dans l’Ouest en 2013, apportant avec elle son goût pour une vie colorée. Pourtant, ce qui l’a interpellée à son arrivée dans les prairies, c’est l’absence d’éclat : tout lui semblait «bien terreux».
Pour ne pas se décourager, elle a commencé sa carrière en insufflant de la couleur à tous ses projets. Éducatrice dans l’âme, elle travaille souvent comme artiste en résidence dans des écoles francophones et des programmes d’immersion française.
À travers des ateliers scolaires, elle partage son amour pour les arts visuels, soulignant l’importance de donner aux élèves la confiance nécessaire pour participer à la création. Mais, par-dessus tout, elle enseigne qu’une œuvre d’art est faite pour parler, invitant chacun à découvrir ensemble ce qu’elle a à exprimer.
Banc de neige» est une sculpture lumineuse recyclée évoquant la forme d’une petite butte de neige qui s’illumine comme par magie. Photo : Virginie Rainville
Des œuvres pour la communauté
C’est ainsi que Virginie Rainville a dévoilé le 4 mars dernier une murale en céramique particulièrement colorée, fruit d’une collaboration entre l’École Joseph-Moreau et La Fondation franco-albertaine, dans le cadre du Mois de la francophonie albertaine. Ce projet a été financé par la bourse du Fonds albertain pour la jeunesse créé par Jean Poulin en 2007 et a été conçu sur mesure par tous les élèves de l’école (295), ainsi que les membres du personnel de l’établissement scolaire.
Virginie aime également s’investir dans des événements d’engagement communautaire. Depuis six ans, elle dispose d’un espace spécialement dédié à ses créations lumineuses lors du festival Flying Canoë Volant. Elle est particulièrement attachée à ce lieu, niché dans le ravin Mill Creek, sur le chemin du camp des Premières Nations.
Chaque année, elle le transforme en un endroit d’émerveillement pour le plus grand bonheur des visiteurs. Pour elle, le son des tambours et des chants provenant du camp autochtone ajoute une touche supplémentaire d’enchantement.
Lors de la dernière édition en février, elle a installé des bancs fabriqués par un artisan albertain à partir de palettes de bois. Le temps d’une pause, confortablement installé, le public a pu admirer la création «Banc de neige», une sculpture lumineuse recyclée évoquant la forme d’une petite butte de neige qui s’illumine comme par magie.
Très récemment, Virginie a répondu à l’appel du plus ancien festival hivernal de la ville d’Edmonton, Silver Skate, en créant une sculpture en feu. Le thème de cette année était «Comment sortir de la noirceur?». Pour elle, cette obscurité se combat en rallumant la flamme éternelle qui nous habite tous.
Pendant plus d’un mois, elle a sculpté une tête géante en bois recyclé. Lors d’une soirée, sous un ciel étoilé, cette structure haute de plus de quatre mètres a été illuminée de l’intérieur, produisant un feu puissant et, le temps d’un bref instant, des flammes bleutées. Ce spectacle envoûtant a fasciné tant l’artiste que son public. Encore vibrante de cette expérience, elle a déjà une nouvelle idée pour repousser les limites de son expérimentation de sculpture en feu lors du festival de 2026!
Tête géante en bois recyclé qui est devenue sculpture en feu lors du festival hivernal de la ville d’Edmonton, Silver Skate. Quand l’obscurité se combat en rallumant la flamme éternelle qui nous habite tous. Photos : Virginie Rainville
Des projets plein son atelier
L’artiste travaille énormément sur la préparation de ses installations. Elle pense telle une ingénieure autodidacte à tous les détails nécessaires à la réussite de ses entreprises. Par exemple, quelle formule chimique utiliser pour obtenir de petites flammes colorées ou encore comment créer une sculpture de grande dimension transportable?
Toutes ces interrogations font partie intégrante de sa pratique artistique. Dans son atelier, on trouve, sur sa table de travail, des tissus de toutes les textures et couleurs destinés aux décors et aux costumes pour les pièces de théâtre de L’UniThéâtre et du TALO, ainsi que des mosaïques qui seront bientôt installées dans une école. Et puis, au plafond, une sculpture suspendue attend patiemment l’artiste.
Cette sculpture en fil de fer représentant un chevreuil a été conçue au Métis Crossing lors de la résidence artistique Entr’Arts. Durant cette semaine de création organisée par le Regroupement artistique francophone de l’Alberta (RAFA), elle a fait la connaissance de Rose, gardienne du savoir métis.
Cette rencontre marquante a éveillé en elle le désir de créer, pour la première fois, une installation permanente sur le thème de la connexion entre les mondes de l’homme et de l’animal. Ce projet, mijotant à feu doux dans son esprit, ne manquera pas de nous surprendre à nouveau dans un avenir proche.
Pour l’instant, la multitalentueuse Virginie Rainville incarne une artiste animée d’un brillant feu intérieur, désireuse de partager sa vision inclusive d’une vie en toute liberté.
Glossaire – Niché : situé dans un creux, un endroit caché, confortable
