Les familles à faible revenu peuvent s’inscrire dès maintenant pour participer au marché qui fonctionnera, une fois de plus, en libre-service. Julie de Coster, agente communautaire au CDF, rappelle que cette période de l’année est particulièrement exigeante sur le plan financier : les dépenses s’accumulent et les imprévus se multiplient. Selon elle, cela renforce l’importance de soutenir les foyers en difficulté.

«Notre clientèle est très vaste, le marché s’adresse vraiment à tout le monde qui a des besoins. Ça peut être des nouveaux arrivants, mais aussi des gens installés ici depuis longtemps», explique-t-elle. 

Durant le temps des fêtes, la fermeture des écoles peut également obliger certains parents à prendre des congés non planifiés pour garder leurs enfants, ce qui fragilise encore davantage leur budget, ajoute-t-elle. «Je pense notamment aux familles monoparentales», laisse-t-elle entendre.

Solidarité demandée 

Julie de Coster invite la population de Calgary à «faire preuve de générosité». Réfléchi pour répondre à plusieurs besoins, le marché offrira non seulement de la nourriture, mais aussi des jouets, des vêtements pour enfants et bébés, ainsi que de petits cadeaux utiles du quotidien, dit-elle. L’organisme espère pouvoir soutenir au moins 150 personnes.

Les critères pour les dons sont assez précis : vêtements en excellent état ou neufs, denrées non périssables de qualité, avec une préférence pour des produits gourmands ou festifs, comme les préparations à crêpes, le chocolat, le miel ou le sirop d’érable. «On mise sur la qualité, pas nécessairement de grosses quantités», détaille-t-elle.

Elle insiste aussi sur l’importance d’offrir aux familles la possibilité de déposer un cadeau sous le sapin malgré leur situation économique. «On veut leur donner la chance de pouvoir offrir des cadeaux malgré leur situation financière», dit-elle. Elle invite donc les donateurs à penser à «des petites choses pour la maison», comme «une bouilloire, un grille-pain ou encore de jolis articles de toilette», afin que les bénéficiaires puissent offrir quelque chose à leurs proches.

Les dons peuvent être déposés jusqu’au 19 décembre dans les locaux du CDF. Pour les personnes dans l’incapacité de se déplacer, un service de collecte sera offert le 16 décembre. L’équipe pourra aussi, de manière ponctuelle, se déplacer pour récupérer certains dons selon l’emplacement des donateurs.

Parallèlement, le CDF amassera également des fonds lors de sa fête de Noël, le 13 décembre, au Southern Alberta Pioneers Memorial Building, où de la nourriture sera vendue au profit du marché solidaire. «L’objectif, c’est qu’on puisse acheter une partie des dons avec les bénéfices.»

Une boîte de dons sera aussi mise à la disposition du public.

L’insécurité alimentaire en forte hausse 

Le marché solidaire s’inscrit dans un contexte préoccupant : la demande d’aide alimentaire a explosé au Canada ces dernières années et l’Alberta figure parmi les provinces les plus touchées. Selon le plus récent rapport Bilan-faim 2025 de Banques alimentaires Canada (BAC), l’utilisation des banques alimentaires a bondi de 134% depuis 2019 en Alberta. Pour la dernière année seulement, la hausse est évaluée à 21,8%.

​«Ce que nous observons en Alberta reflète ce qui se passe partout au pays : le pouvoir d’achat des travailleurs s’érode rapidement en raison de la hausse accélérée du coût de la vie», explique par courriel Richard Matern, directeur de la recherche pour les BAC.

Selon lui, les coûts de l’alimentation et du logement ont augmenté de plus de 25 % au cours des quatre dernières années à l’échelle du pays, tandis que les salaires moyens n’ont progressé que «de 16 à 17%».

Autre signe inquiétant, l’Alberta arrive au premier rang des provinces où la proportion de travailleurs ayant recours aux banques alimentaires est la plus élevée. «La moyenne nationale est de 19,4%», indique-t-il, comparé à près de 31% dans la province.

«La proportion de clients des banques alimentaires ayant un emploi en Alberta a toujours été supérieure à la moyenne nationale», nuance, toutefois, M. Matern.

Pour remédier à cette situation, il estime qu’une allocation destinée à couvrir l’épicerie et les besoins de base pour les personnes à faible revenu, notamment les travailleurs, devrait être envisagée. «[I]l y a un grand manque à gagner au niveau du soutien social pour les travailleurs», note-t-il.

Sans renforcement du soutien public, c’est tout le réseau des banques alimentaires qui risque de s’essouffler. Déjà, près d’un quart d’entre elles au pays ont manqué de nourriture avant de pouvoir répondre à l’ensemble des demandes.

«[P]our plusieurs provinces, le taux d’augmentation des visites aurait pu être plus élevé si elles avaient été en mesure de répondre pleinement à cette demande», conclut le directeur de la recherche.