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Selon le directeur général du Conseil scolaire Centre-Nord, Robert Lessard, des annexes pour la petite enfance sont dorénavant nécessaires dans les établissements scolaires afin de pérenniser le désir d’être instruit en français. Photo : Courtoisie
Le directeur général du CSCN, Robert Lessard, explique qu’il arrive que les centres destinés à la petite enfance puissent, à la longue, empiéter sur des locaux qui devraient normalement servir aux élèves plus vieux, quand les besoins grandissent.
Pour éviter ces désagréments, le CSCN préconise dorénavant la création d’annexes pour accueillir les «poussinots et les poussinettes». C’est ce qui a été fait récemment, notamment à l’École Quatre-Saisons à Beaumont. «Il s’agit de sécuriser l’argent reçu des gouvernements, précise le gestionnaire, au moment de la construction de nouveaux édifices, pour s’assurer qu’il y a des espaces dédiés à la petite enfance, qui ne sont pas des espaces scolaires comme tels.»
Les nouveaux locaux de l’École Claudette-et-Denis-Tardif, à Sherwood Park, ont été conçus de cette manière. Une soixantaine d’enfants devraient ainsi être accueillis en garderie. Le Conseil scolaire a aussi obtenu des fonds pour créer des espaces dédiés à la petite enfance dans le cadre de ses prochains projets de construction, dont celui pour les écoles Gabrielle-Roy et Michaëlle-Jean qui devrait être terminé d’ici trois ans.
Concrètement, si ce n’est pas le CSCN qui s’occupera d’offrir les services de garderie, il devra alors sous-contracter un fournisseur de services comme la Fédération des parents francophones de l’Alberta (FPFA), voire des fournisseurs privés, qui sont très nombreux dans la province.
Encore du chemin à faire
Pour la directrice générale de la FPFA, Mireille Péloquin, cette façon d’assurer des espaces spécifiquement pour les tout-petits, c’est une bonne chose. «Ça améliore les places», selon celle-ci. Il reste tout de même des efforts à faire. Mme Péloquin mentionne qu’à l’heure actuelle, seuls 8% des jeunes franco-albertains – les ayants droit – fréquentent les garderies francophones.
Des chiffres qui sont dans la foulée d’une étude parue en janvier 2023 par la firme Learn Square, aujourd’hui Maxmont, à laquelle étaient parties prenantes la FPFA et le Conseil de développement économique de l’Alberta (CDÉA), devenu aujourd’hui Parallèle Alberta.
Dans cette analyse démographique, on parlait de «désert de garderie», donnant comme exemple Edmonton où il n’y aurait que 14 places pour 100 enfants francophones, «soit moins d’un enfant sur sept pouvant bénéficier d’un service de garderie à temps plein», comme le stipulait l’étude.
Outre les deux grandes villes – Calgary et Edmonton – qu’on décrivait comme étant «sous desservies en nombre de places en garderie francophone», on affirmait également que certaines municipalités en région, comme Grande Prairie ou Sherwood Park, avaient «des services incomplets» ne couvrant pas tous les groupes d’âge.
Selon Mireille Péloquin, les listes d’attente sont pleines. Si, parfois, certains parents décident d’envoyer leurs enfants à la garderie anglophone, c’est souvent parce que les écoles ayant des garderies sont souvent loin de leurs résidences. Et, selon la directrice générale, il y a aussi moins de garderies francophones que d’écoles francophones.

Mireille Péloquin, directrice générale de la Fédération des parents francophones de l’Alberta, estime que 8% des enfants francophones fréquentent les garderies franco-albertaines contre 12% celles du secteur scolaire francophone. Photo : Courtoisie
Le défi d’attirer du personnel qualifié en région
Reste aussi le fait qu’il faut être capable d’attirer les éducatrices ou éducateurs en région. Tant Mme Péloquin que M. Lessard s’entendent pour dire que ce n’est pas toujours évident de recruter du personnel qualifié. Selon ce dernier, la pénurie d’éducateurs demeure un enjeu majeur. «On forme davantage de personnel, on travaille avec nos partenaires, comme le Campus Saint-Jean, pour rendre le métier plus attrayant. Mais il reste encore du travail à faire.»
«On cherche des employés qui sont motivés. La sensibilisation en milieu rural est importante», estime Mme Péloquin. En ce qui concerne les salaires, elle est consciente qu’il ne sont pas forcément très attractifs pour les employés des garderies, mais elle indique que les salaires en milieu francophone pour les éducatrices et éducateurs de niveau 2 et 3 seraient meilleurs que du côté anglophone.
Une chose est claire, les nouvelles approches d’une autorité scolaire comme le CSCN s’inscrivent dans la vision à long terme de soutenir la vitalité des communautés francophones en Alberta. Comme le résume M. Lessard, «si on veut une francophonie forte demain, il faut commencer avec nos tout-petits aujourd’hui».
Glossaire – Empiéter : déborder