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Julie de Coster agente communautaire au soutien familial. Photo : Courtoisie
Quels privilège et plaisir que de pouvoir observer la première rencontre de l’atelier virtuel Frère et sœur sans rivalité qui s’est déroulée le 22 mai dernier! Un programme mis en place, il y a cinq ans, par Sophie Gentilini, la responsable du service de soutien à la famille du Centre d’appui familial.
Huit participantes étaient présentes ce soir-là. Que des mamans accompagnées par Rita Meifo et Julie de Coster, deux agentes communautaires au soutien familial, qui se sont occupées de l’animation de l’atelier. Julie de Coster a d’ailleurs mentionné que cet évènement n’était pas exclusif aux mamans et que des grands-parents ou des éducateurs pouvaient se joindre à ce type de rencontres. Sans oublier les papas, bien sûr.
L’atelier est gratuit et les personnes qui y participent ont alors accès à un cahier d’exercices conçu en se basant sur une méthode de communication mise au point dans les années 1980 par Adèle Faber et Elaine Mazlich. La méthode de ces deux universitaires américaines et mères de famille est ancrée sur des principes simples et efficaces : savoir écouter et savoir parler dans un climat d’empathie et de respect mutuel. C’est grâce à leurs recherches et leur expérience qu’elles ont aussi mis au point de nombreux ouvrages sur la communication entre adultes et enfants.
Dans ce cahier, on retrouve également des bandes dessinées qui sont là «pour soutenir les parents à travers des situations, qui donnent des conseils afin de désamorcer une situation», comme l’explique Julie de Coster.

Rita Meifo agente communautaire au soutien familial. Photo : Courtoisie
C’est le temps du jeu!
Au cours des 90 minutes que dure l’atelier, les deux animatrices proposent divers exercices. D’après les participantes le premier était assez cocasse. Il portait sur la façon de réagir du conjoint ou de la conjointe à l’arrivée d’un nouveau partenaire de vie qui s’installerait sous le même toit. Quelle serait alors leur réaction si, en plus, cette nouvelle personne s’appropriait leurs vêtements et si elle était constamment complimentée? Un exercice qui, on l’aura compris, avait pour but non pas d’assassiner ce nouveau partenaire de vie (!), mais de prendre conscience de la façon dont les enfants réagissent à l’arrivée d’un autre enfant.
Lors d’un second exercice, deux adultes ont été désignés pour lire une courte bande dessinée. L’un jouait le rôle de la mère, l’autre, celui de l’enfant. La situation proposée a permis de constater ce que pourrait ressentir un enfant qui voit que sa petite sœur ou son petit frère est souvent dans les bras de maman ou de papa. N’y a-t-il pas une espèce de sentiment d’abandon vécu par l’aîné? Des conseils sont alors distillés après la lecture des divers passages de cette bande dessinée.
Jusqu’au 26 juin, il reste à explorer, avec Rita Meifo et Julie de Coster, dans Frère et sœur sans rivalité, des thèmes comme :
- aider les frères et sœurs à bien jouer leur rôle;
- proposer des solutions pour régler les disputes et les problèmes;
- explorer la complexité de la relation entre frères et sœurs.
Outre cet atelier, l’équipe du soutien familial du Centre d’appui familial proposera, au cours des prochaines semaines, des activités pour soutenir les parents avec l’arrivée de l’été et des vacances!

Najia Terry entourée de sa fille Soumeya (à gauche), de son mari Amaury et de son fils Souleyman. Photo : Courtoisie
Une maman mieux outillée
Pour Najia Terry, maman engagée, mais aussi infirmière de formation spécialisée en pédiatrie, les formations offertes par le Centre d’appui familial sont bien plus qu’un simple moment d’échange : elles sont devenues essentielles à son rôle de parent. «En France, je me sentais très seule comme maman. J’avais envie d’éduquer mes enfants autrement, sans forcément reproduire ce que mes parents avaient fait. Ici, j’ai trouvé des programmes beaucoup plus ouverts et surtout très accessibles», relate cette maman originaire de l’Hexagone, arrivée en Alberta en juillet 2024 après un séjour au Québec.
Celle qui a suivi son mari pour des raisons professionnelles estime que l’atelier sur la fratrie lui a permis de mieux comprendre certaines dynamiques familiales qu’elle vivait au quotidien. «Ce n’est pas toujours facile de gérer les conflits entre frères et sœurs. Parfois, les émotions s’emballent et on ne sait pas comment réagir. Grâce à ces formations, j’ai appris à poser un cadre tout en restant à l’écoute», confie la mère de deux enfants.

Caroline LaPierre, psychologue à Calgary, se déplace fréquemment dans les diverses communautés franco-albertaines pour soutenir ses clients. Photo : Courtoisie
La fratrie, un défi
Caroline LaPierre est psychologue à Calgary. Elle appuie une telle initiative du Centre d’appui familial du Sud de l’Alberta. «Ce genre d’échange permet aux parents de partager des stratégies concrètes et d’avoir accès à des outils adaptés à leur réalité. Ce n’est pas toujours évident de trouver du soutien en français ici, alors, oui, ces rencontres sont précieuses.»
La gestion de la fratrie est déjà un défi en soi dans bien des familles. Mais en contexte minoritaire, comme celui des familles francophones en Alberta, ce défi prend une dimension supplémentaire.
Sa pratique l’amenant à travailler avec des familles québécoises et plus largement francophones, elle a constaté que «la dynamique familiale devient plus complexe quand les enfants grandissent entre deux cultures, deux langues, et parfois deux systèmes de valeurs», explique-t-elle.
«On voit souvent des enfants qui veulent parler anglais à la maison, alors que les parents insistent pour conserver le français. Cette tension linguistique peut s’ajouter aux conflits habituels entre frères et sœurs.»
Cette situation s’explique aisément selon la psychologue : le premier ou la première de la fratrie a tendance à s’identifier davantage à la langue de ses parents. Les enfants suivants ayant moins d’attention de la part des parents – sans mauvaise volonté de leur part – auront davantage d’interactions avec l’extérieur du cercle familial, d’où le conflit.
Glossaire – Pédiatrie : Branche spécialisée de la médecine qui étudie le développement de l’enfant, tant physique que psychologique