Tout est fin prêt à Lethbridge pour célébrer la Saint-Jean-Baptiste le mardi 24 juin dès 16h30, au Galt Gardens, en plein cœur du centre-ville. À l’initiative de la nouvelle agente de développement communautaire de l’ACFA régionale de Lethbridge, Alison Coupe, l’événement se veut festif et rassembleur.

«On travaille en partenariat avec d’autres associations : le Centre d’appui familial, la FAFA, le CANAF, la Cité des Rocheuses, la Garderie, ainsi que l’École La Vérendrye. On organise tout ça, tous ensemble», explique-t-elle.

Le programme de la journée reflète cette volonté d’unir les générations et les communautés. Le jeune public pourra participer à un atelier cinémathèque avec Cinémagine et profiter des jeux mis en place par la Garderie et le Centre d’appui familial du Sud de l’Alberta, soit des châteaux gonflables, du maquillage pour enfants, etc. Et pour les gourmands, un camion-restaurant proposera des crêpes et ils pourront aussi déguster de la barbe à papa.

Pour la touche musicale, le groupe Les Accentués, originaire de Canmore, offrira une prestation en deux temps à partir de 18h. Une pause sera marquée par la remise de diplômes des finissants de l’École La Vérendrye et un discours du maire de Lethbridge.

Pour Alison Coupe, l’enjeu est clair, «le but, c’est vraiment de rassembler toutes les générations de la communauté francophone et d’être plus inclusifs». Elle insiste, «la francophonie à Lethbridge est très diversifiée… Maroc, Algérie, Tunisie, Congo, Sénégal… et aussi des francophiles». Grâce notamment au soutien de partenaires comme le Centre d’accueil des nouveaux arrivants francophones (CANAF), l’équipe espère accueillir près de 400 participants.

Du côté d’Edmonton

L’ACFA régionale d’Edmonton collabore de son côté avec Francophonie Albertaine Plurielle (FRAP) et son directeur général adjoint, Yic Camara. «On sponsorise l’événement, mentionne-t-il, et puis on se joint à leurs célébrations, ce qui nous permet, nous, d’inviter nos familles nouvellement arrivées à y participer.»

Quant à savoir si le personnage de Saint-Jean-Baptiste sonne une cloche aux nouveaux arrivants, c’est une autre paire de manches. Sans doute ignorent-ils que la Saint-Jean-Baptiste célèbre celui qui, dans la tradition chrétienne, est considéré comme le prophète ayant annoncé la venue de Jésus et l’a baptisé, mais aussi qui a eu la tête coupée. Selon M. Camara, il n’y a aucune forme d’explication de l’histoire qui est donnée aux immigrants en ce qui concerne la Saint-Jean-Baptiste. «Pour bien assimiler un pays, il faut comprendre son histoire», ajoute le directeur adjoint de la FRAP.

Yic Camara ne va pas jusqu’à souhaiter que les célébrités du 24 juin changent de nom. Constatant que c’est une fête qui puise ses racines au Québec, Yic Camara estime qu’il y aurait des avantages cependant à ce que le 24 juin s’adapte peut-être au niveau de la forme afin que celle-ci reste une fête populaire, une fête qui permet aux nouveaux arrivants «de voir ça comme une partie intégrante de la culture francophone du Canada». Et, surtout, il souhaite que des organismes d’intégration assurent «ce pont entre les nouveaux arrivants et la communauté d’accueil».

Pendant ce temps à Red Deer…

Même si l’ACFA n’organise pas d’activités comme telles le 24 juin, l’organisme porte-parole soutient évidemment les initiatives des ACFA régionales. Celles-ci peuvent d’ailleurs bénéficier, selon la directrice générale de l’ACFA, Isabelle Laurin, de certaines subventions émanant du gouvernement canadien dans le cadre de son programme de financement Canada en fête.

À Red Deer, les francophones de l’endroit et leurs amis ne seront pas en reste pour la Saint-Jean-Baptiste. Avec son équipe, la directrice de l’ACFA régionale de Red Deer, Nathalie Belkhiter, a concocté une foule d’activités qui ne se dérouleront pas le 24, mais plutôt le dimanche 22 juin, de midi à 17h. Il y aura un mini zoo, une caméra 360 pour faire des vidéos souvenirs, des jeux gonflables, du maquillage pour enfants, un sculpteur de ballons et même un jeu de lancer de hache en version gonflable, histoire de ne pas décapiter Saint-Jean-Baptiste une deuxième fois! Le danseur d’origine camerounaise, Ivan Touko, sera aussi de la programmation.

Depuis quatre ans, cette fête prend de l’ampleur sous la direction de Mme Belkhiter. «La première édition, je l’ai organisée en dix jours, sous un chapiteau avec un fire pit. On attendait 20 personnes, on en a eu 90 malgré la pluie! », raconte-t-elle. L’année dernière, l’événement a attiré plus de 300 personnes dans les nouveaux locaux de l’ACFA régionale.

Pour favoriser l’inclusion, l’ACFA régionale a intégré plusieurs partenaires à l’événement. Alberta Sports Hall of Fame organisera des jeux, la Coalition des femmes de l’Alberta, une chasse au trésor et ABC Creation & Design, du maquillage artistique pour le visage. Seront également sur place Parallèles Alberta, Tourism Red Deer, la Fédération des aînés franco-albertains (FAFA) – avec ses boules de pétanque –, et des entrepreneurs francophones. 

«L’idée, c’est de rassembler autour d’activités qui parlent à tout le monde. Quand les enfants s’amusent, les familles suivent», assure Nathalie Belkhiter.

Mais au-delà des festivités, une réflexion s’impose. Le nom Saint-Jean-Baptiste reflète-t-il encore la diversité des francophonies présentes à Red Deer? «On commence à se dire qu’il faudrait peut-être revoir le nom. Parce que Saint-Jean-Baptiste, c’est associé au Québec, mais pas forcément aux autres cultures francophones», reconnaît Nathalie. 

C’est une réflexion sérieuse que mène en ce moment l’ACFA régionale de Red Deer. «L’an prochain, ça ne s’appellera peut-être plus la Saint-Jean-Baptiste. On repense le concept pour avoir plus d’inclusivité.»

Cette réflexion est née à la suite du concours de la meilleure tarte au sucre organisé l’an dernier à l’occasion de l’assemblée générale de la régionale. Certaines communautés souhaitant participer au concours n’ont pas réussi leur tarte faute de savoir la faire, la recette ne faisant pas partie de leur culture. «C’est à partir de ce moment-là qu’on a eu la réflexion et qu’on en a parlé avec la provinciale.»

… et à Plamondon

La Saint-Jean-Baptiste, là-bas, est plus qu’un événement, c’est une tradition bien enracinée. «C’est vraiment une culture, c’est vraiment l’héritage qu’on veut. Les traditions, c’est ça que nos membres cherchent. C’est ça qu’on leur donne», affirme avec conviction Natasha Plamondon, la directrice de l’ACFA régionale de Plamondon.

Cette année, les célébrations auront lieu le vendredi soir, dès 18h. Et la programmation promet une soirée festive et conviviale. «Il y aura de la musique, un jam avec la radio communautaire Boréal FM.» Si le danger de feux de forêt s’amenuise, un feu d’artifice viendra clore la soirée. 

Depuis sept ans à la direction, et active dans l’organisme depuis bien plus longtemps, Mme Plamondon peut compter sur l’appui de sa communauté. «On se fie beaucoup sur nos bénévoles. On n’a jamais trop de difficulté à trouver des gens pour nous aider.»

En moyenne, 150 personnes participent à la Saint-Jean-Baptiste chaque année. Contrairement à d’autres régions où une réflexion est amorcée sur le nom de la fête, à Plamondon, la question ne se pose pas. «Changer de nom? Pas du tout! La Saint-Jean-Baptiste, c’est une fête qui fait partie de notre identité ici.»