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Entre guerre commerciale mondiale, menaces d’annexion et conflit armé au Moyen-Orient, le sommet des 15, 16 et 17 juin dernier se tenait dans un contexte de haute tension géopolitique. C’est d’ailleurs l’escalade du conflit entre Israël et l’Iran qui a véritablement volé la vedette, menant au départ anticipé de Donald Trump. Un cessez-le-feu a été déclaré depuis entre les deux nations, à minuit, le 24 juin.
Andreas Schotter, professeur de commerce international à l’Ivey Business School, déplore que ce départ ait empêché la rencontre prévue entre le président américain et son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky. Les deux hommes ont toutefois pu se réunir le 25 juin à La Haye, en marge du sommet de l’OTAN. «C’est dommage», affirme-t-il. Il se dit néanmoins encouragé par le sentiment d’unité qui a semblé régner dans les Rocheuses.
«Avec tout ce qui se passe présentement, ça aurait pu être pire, au moins il y a eu un dialogue. On sait que Donald Trump n’a pas beaucoup d’amour pour ce genre de rencontres diplomatiques. Pour le moment, j’opte pour un optimisme prudent. Ce qui reste à voir, ce sont les résultats tangibles qui émergeront de tout cela dans les prochaines semaines», analyse-t-il.

Andreas Schotter est professeur de commerce international. Photo : Courtoisie
Sur le plan commercial, peu d’annonces concrètes ont émergé, mais une lueur d’espoir subsiste, puisque, à la suite de la rencontre du 16 juin entre le premier ministre canadien Mark Carney et Donald Trump, les deux dirigeants se sont mis d’accord pour réaliser des avancées dans les 30 jours.
«La clé de la négociation pour le Canada, c’est qu’il faut offrir à Trump des victoires symboliques, qui ne bouleversent pas les règles du jeu. C’est important de ne pas créer de nous contre eux.» L’expert s’attend à voir des débouchées dans les prochaines semaines. «Je le souhaite. Le vrai travail commence maintenant», dit-il.
Pour le moment, les pourparlers ne semblent pas aboutir. Le président américain a annoncé le 27 juin mettre fin aux négociations commerciales avec le Canada.
Le Groupe des sept (G7) réunit certaines des plus grandes puissances économiques mondiales : les États-Unis, l’Allemagne, le Canada, la France, l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni. Le sommet, organisé à tour de rôle par chacun des membres, se tient à huis clos, mais attire chaque fois l’attention médiatique internationale.
Chaque année, les chefs d’État ou de gouvernement de ces pays se rassemblent pour discuter des grands enjeux économiques et politiques de l’heure. Le président du Conseil européen et celui de la Commission européenne participent également aux discussions, représentant l’Union européenne.
Depuis quelques années, le G7 s’ouvre de plus en plus à des pays invités. Cette année, le premier ministre Mark Carney a notamment pu s’entretenir avec Narendra Modi, le premier ministre indien, alors que les relations entre les deux pays ne sont pas au beau fixe.

Donald Trump a annoncé le 27 juin mettre fin aux négociations commerciales avec le Canada. Photo : Wikimedia Commons
Les échanges internationaux sont à prioriser
Si la perspective d’un grand retour du libre-échange mondial semble désormais lointaine, Andreas Schotter estime que l’avenir passera plutôt par des ententes bilatérales plus ciblées. «On ne verra probablement plus de méga-accords. Ce qui s’annonce, ce sont des négociations pays par pays, avec des intérêts bien définis», avance-t-il.
Dans ce contexte, le Canada doit rattraper un retard considérable. Longtemps fondé sur une relation commerciale efficace avec les États-Unis, son positionnement international a été fragilisé par la montée des tensions et la guerre commerciale entre les deux pays. «Nous ne sommes pas aussi bien positionnés que d’autres pays au niveau international. Plusieurs pays disposent de missions commerciales beaucoup plus substantielles, qui offrent un réel appui aux entreprises à l’étranger. Ce n’est pas notre cas», affirme le professeur.
Selon lui, il est urgent de renforcer les structures d’appui à l’exportation et de favoriser l’internationalisation des entreprises canadiennes. «La priorité, c’est d’aider nos entreprises à s’établir à l’étranger. Et pour y parvenir, il faut d’abord éliminer une barrière trop souvent négligée : les obstacles interprovinciaux. Il faut les abolir entièrement», conclut-il.
Les coulisses du G7
Cette année, le Sommet des dirigeants du G7 se tenait à Kananaskis, dans le décor spectaculaire des Rocheuses albertaines. La rédaction a eu accès à la zone média sécurisée, installée au Centre des arts de Banff, où convergeaient des journalistes venus des quatre coins du monde, badges au cou et ordinateurs portables sous le bras.
Pour obtenir une accréditation, une demande officielle devait être adressée au gouvernement du Canada. Une fois sur place, il fallait s’armer de patience : les espaces de stationnement étaient rapidement saturés, obligeant plusieurs équipes de presse, dont la nôtre, à se garer sur le bas-côté de la route menant au Kinnear Centre for Creativity and Innovation.
L’effervescence médiatique se faisait sentir dès l’extérieur et à l’intérieur, la salle de presse bourdonnait. Les journalistes y enchaînaient les topos radio et télé, parfois à quelques mètres les uns des autres, dans un ballet discret, mais soutenu.
Dans les espaces extérieurs, certains dictaient leurs textes au téléphone, d’autres improvisaient des directs. Tous les événements officiels du sommet étaient retransmis en direct sur des écrans disposés un peu partout.
La rédaction a pu assister à certaines conférences en temps réel, mais seul un groupe restreint de médias triés sur le volet a eu accès aux discussions sur le terrain, notamment à la rencontre entre le premier ministre canadien et le président américain.
Glossaire – Escalade : Montée rapide d’un phénomène