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le Mercredi 27 novembre 2024 13:12 Santé

Le cancer du poumon, ennemi public numéro 1

Une radiographie des poumons, les deux côtés des poumons sont visibles avec une excroissance sur le côté gauche du poumon, qui pourrait éventuellement être un cancer du poumon. Photo : Doruk Salancı., Public domain, via Wikimedia Commons
Une radiographie des poumons, les deux côtés des poumons sont visibles avec une excroissance sur le côté gauche du poumon, qui pourrait éventuellement être un cancer du poumon. Photo : Doruk Salancı., Public domain, via Wikimedia Commons
Novembre est le mois de la sensibilisation au cancer du poumon. Ce dernier demeure l'un des types de néoplasie les plus fréquents et mortels dans le monde. Au Canada, le cancer du poumon et des bronches constitue le cancer le plus souvent diagnostiqué après les cancers de la peau autre que le mélanome.
Le cancer du poumon, ennemi public numéro 1
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Le cancer du poumon est la première cause de décès attribuables au cancer, et ce, chez les deux sexes. Chaque année, 32 000 personnes en seront affectées et 21 000 en mourront (23% de toutes les mortalités par cancer).

Les premiers cas ont été documentés dans la littérature médicale à partir du dix-neuvième siècle, alors qu’il s’agissait d’une maladie rare. Son incidence a connu une hausse spectaculaire au début du vingtième siècle, coïncidant avec la popularité croissante du tabagisme. Or, vers 1950, le cancer du poumon est devenu une cause majeure de décès par cancer. 

Fort heureusement, le taux de nouveaux cas enregistrés chez les hommes est en baisse depuis 1993 et de même chez la gent féminine depuis 2014.

Mécanisme et catégories

Le cancer du poumon survient lorsque les cellules qui composent les poumons subissent des mutations génétiques après avoir tenté, en vain, de réparer à répétition les dommages infligés par différents agresseurs. 

Par la suite, ces cellules se multiplieront rapidement et de manière anarchique pour donner naissance à une tumeur. Lorsque la masse se développe, elle envahit peu à peu son organe hôte, entravant l’oxygénation du sang et donc de l’organisme. Ensuite, les cellules cancéreuses auront la possibilité d’envahir les tissus avoisinants et de se métastaser au sein d’organes distants.

Le cancer du poumon se divise en deux classes principales : le cancer du poumon non à petites cellules (CPNPC), qui constitue environ 80 à 85% des cas, et le cancer du poumon à petites cellules (CPPC), qui constitue entre 15% et 20% des cas. Chacun d’eux présentant des comportements biologiques et des approches thérapeutiques distinctes. 

Par exemple, le CPPC est plus agressif; il se développe et se dissémine plus rapidement. Il existe aussi d’autres types de cancer du poumon, mais beaucoup moins fréquents, comme le mésothéliome, la tumeur de Pancoast et les tumeurs carcinoïdes.

Évolution

Aux stades primaires, le cancer du poumon se développe en silence, induisant rarement des symptômes, car le poumon contient très peu de récepteurs de la douleur. C’est la raison pour laquelle il n’est souvent reconnu que tardivement. 

Toutefois, certains indices peuvent vous mettre sur sa piste, comme faire des infections respiratoires à répétition, avoir une toux récalcitrante, être essoufflé, avoir une voix enrouée, avoir une respiration sifflante, cracher des expectorations sanguinolentes, ressentir des douleurs thoraciques, aux épaules ou dans le dos, avoir de la difficulté à avaler, montrer de l‘enflure au niveau du visage et du cou, présenter un gonflement des ganglions lymphatiques du cou, se plaindre de fatigue chronique, perdre du poids involontairement et, plus rarement, souffrir d’un syndrome de Horner (celui-ci provoque une chute de la paupière, une constriction de la pupille et une augmentation de la transpiration). 

Le cancer du poumon est la plupart du temps détecté grâce à une radiographie simple du poumon. Pour mieux caractériser la tumeur et l’atteinte des tissus environnants, un scan sera effectué. Le diagnostic final ne sera émis qu’après l’analyse microscopique d’un échantillon obtenu par biopsie ou par lavage bronchique (bronchoscopie). Une tomographie par émission de positons, aussi appelée PET-scan ou TEP, complétera le bilan d’extension en informant l’équipe traitante de la présence ou de l’absence de métastases. Il en va de même pour la scintigraphie osseuse qui indiquera l’existence de métastases osseuses. 

En vue d’une chirurgie, un test de la fonction respiratoire et un ​​électrocardiogramme (ECG) viendront parfaire l’investigation pour s’assurer que le patient puisse tolérer l’intervention. La recherche de certaines mutations génétiques dans les tissus prélevés permettra d’affiner le traitement et de faire de la prévention auprès des autres membres de la famille. À la toute fin, on effectuera une stadification (0, I. II, III et IV) pour déterminer la gravité du cancer.

Les causes liées au cancer du poumon

La prévention est clé, d’où l’importance de connaître les facteurs de risque menant à l’apparition du cancer pulmonaire. En tête de liste figure évidemment le tabagisme. Au Canada, 72% des cas y sont liés, et ce, proportionnellement à la quantité de cigarettes fumées, ainsi qu’à la durée de l’exposition. 

Toutefois, il est utile de mentionner que le cancer du poumon peut aussi se manifester chez les non-fumeurs, en l’occurrence chez les victimes de la fumée secondaire (ou tabagisme passif). Chez ces individus, le risque est de 30%.

L’exposition au radon, un gaz incolore, inodore et sans goût provenant de la dégradation de l’uranium dans le sol, est la principale cause de cancer du poumon chez les non-fumeurs et la deuxième chez les fumeurs. 

Des expositions environnementales et professionnelles à certains produits chimiques peuvent augmenter le risque de cancer du poumon (amiante, arsenic, béryllium, cadmium, gaz d’échappement, poudre de silice, hydrocarbures aromatiques, etc.).

Il ne faut pas perdre de vue que l’âge est un facteur important. Plus de la moitié des cas seront identifiés après l’âge de 60 ans. Les antécédents familiaux peuvent prédisposer au développement de la maladie, soit par susceptibilité génétique, soit par contact avec les mêmes substances cancérigènes. 

Les antécédents personnels de cancer du poumon ou d’affections pulmonaires (la maladie pulmonaire obstructive chronique dite MPOC, l’emphysème, la tuberculose), un système immunitaire affaibli (VIH, greffes d’organes, prise de médicaments biologiques), le lupus et une exposition antérieure aux radiations (radiothérapie au thorax, accident nucléaire) peuvent faciliter la survenue du cancer du poumon.

Le traitement dépendra du type de cancer, de sa signature génétique et de son stade d’évolution, mais aussi de l’état de santé général du patient. La résection chirurgicale, lorsque possible, et à un stade précoce, est le traitement de choix pour le cancer du poumon non à petites cellules (CPNPC). 

La radiothérapie accompagne souvent d’autres modalités de traitement pour les deux types de cancers, principalement pour tenter de réduire la taille de la tumeur. 

La chimiothérapie demeure l’arme de choix pour le cancer du poumon à petites cellules et le CPNPC à des stades plus avancés afin de détruire les métastases. Les avancées dans la compréhension des mutations génétiques ont permis de développer des thérapies ciblées. Les récentes percées en immunothérapie, telles que les inhibiteurs de points de contrôle, ont aussi révolutionné le traitement, offrant un nouvel espoir pour une survie améliorée. 

Le cancer du poumon demeure un défi majeur de santé publique, mais d’importants progrès ont été réalisés dans la compréhension et le traitement de cette maladie complexe. La prévention, notamment par la réduction du tabagisme et l’amélioration de la qualité de l’air, demeure essentielle pour diminuer l’incidence de ce fléau.

Glossaire – Résection : Opération chirurgicale qui consiste à couper, enlever une partie d’organe ou de tissu