le Mercredi 16 avril 2025
le Jeudi 27 février 2025 10:05 Santé

Le CRFM en première ligne

À droite, la conseillère familiale Alexandra Riduet renseigne une cliente du CRFM. Photo : Courtoisie
À droite, la conseillère familiale Alexandra Riduet renseigne une cliente du CRFM. Photo : Courtoisie
Le Centre de ressources pour les familles des militaires (CRFM) est là pour faire la différence dans la vie de celles et ceux qui accompagnent leur conjoint ou conjointe à la garnison d’Edmonton. Même dans le domaine de la santé, ce qui n’est pas toujours une mince affaire.
Le CRFM en première ligne
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IJL – RÉSEAU.PRESSE – LE FRANCO

Alexandra Riduet, conseillère familiale du CRFM d’Edmonton et elle-même conjointe d’un militaire, explique que ce service des Forces armées canadiennes offre un soutien aux familles militaires qui déménagent et s’installent dans une nouvelle communauté. 

Si le CRFM d’Edmonton aide une famille militaire à rendre son arrivée et son déménagement plus agréable dans la capitale provinciale, cette famille, une fois installée, peut avoir des besoins plus particuliers, comme l’apprentissage de l’anglais (une soixantaine de personnes en 2023-2024 y ont eu accès) ou l’inscription d’un enfant dans une école francophone ou anglophone. La santé fait aussi partie de ces besoins plus pointus.

En raison de la Loi sur les langues officielles, les militaires peuvent se faire soigner dans la langue de leur choix. Cependant, un médecin ou un psychologue attaché à une base militaire ne peut pas offrir ses services aux familles de ces militaires. Concrètement, cela veut dire que si un membre de la famille d’un soldat ou d’une soldate a besoin, disons d’un psychologue, Alexandra Riduet est très claire, «les familles ayant besoin de services en santé mentale sont référées à des ressources civiles».

Marie-Claude Côté, la directrice générale du RSA, travaillent conjointement avec les membres du CRFM pour mieux répondre aux demandes de services de santé en français des familles francophones de militaires cantonnés à Edmonton. Photo : Courtoisie

Un enjeu majeur

L’accès aux soins de santé pour les familles francophones de militaires stationnés en Alberta représente un défi majeur, notamment en raison des particularités administratives de la province et de l’absence d’une loi garantissant des services de santé en français. 

Marie-Claude Côté, directrice générale du Réseau santé Alberta (RSA), a participé, début janvier, à une rencontre organisée par l’ACFA à la garnison d’Edmonton avec des familles de militaires. Certains constats sont ressortis de cette réunion.

L’un des premiers obstacles auxquels font face les familles militaires nouvellement arrivées en Alberta est l’obtention de leur carte d’assurance maladie. Contrairement à d’autres provinces où ce processus est centralisé et géré par les autorités de santé publique, en Alberta, il passe par des bureaux privés appelés registries. «C’est un concept qui est assez particulier à l’Alberta. En partant, c’est déjà un défi de pouvoir comprendre ce que sont ces registries», explique Mme Côté. Ces entreprises privées, mandatées par le gouvernement, s’occupent de remettre des documents provinciaux, rendant le processus un peu plus opaque pour les nouveaux arrivants.

L’accès aux soins en français est un autre défi majeur. Contrairement à certaines provinces qui imposent des obligations linguistiques aux établissements de santé, l’Alberta ne dispose d’aucune loi exigeant l’offre de services en français. «On n’a pas de loi qui dit que vous êtes obligé, en santé, d’offrir des services en français, par exemple. Donc, dans les hôpitaux, dans tous les établissements de santé, il n’y a pas nécessairement de services en français», complète Mme Côté.

Cette situation complique l’accès aux soins, notamment pour les familles qui doivent consulter en dehors du réseau médical militaire. «Pour les familles, elles doivent vraiment se trouver des services à l’extérieur de la base», ajoute-t-elle. Si certains hôpitaux ou cliniques proposent des services d’interprétation, cette solution demeure insuffisante pour garantir un accès fluide et équitable aux soins.

Des efforts de réseautage en cours

Face à ces défis, des initiatives sont mises en place pour mieux accompagner les familles militaires francophones. Le Centre de ressources pour les familles militaires de la garnison d’Edmonton joue un rôle clé en facilitant l’accès à l’information et en soutenant le réseautage entre les familles. «Certainement, le CRFM était très content d’accéder à notre banque d’information sur les professionnels de la santé offrant des services en français», indique Mme Côté.

Une conseillère familiale comme Alexandra Riduet peut non seulement aiguiller ses clients vers le RSA ou une travailleuse sociale, mais aussi soutenir les familles et les mettre en relation avec divers services, comme l’aide apportée aux enfants dans leur établissement scolaire.

Un nouveau service, qui devrait voir le jour au printemps ou à l’été prochain, devrait aussi permettre aux familles de militaires d’avoir un meilleur accès aux soins de santé en français. Une clinique mobile, une initiative du Centre de santé communautaire Saint-Thomas, sillonnera dans un premier temps les rues d’Edmonton. Les autres garnisons albertaines auront aussi accès à ce nouveau service quand la flotte de cliniques mobiles s’agrandira en 2026.

Autant de projets qui permettront, comme le soulignent Mme Riduet et le service marketing de la garnison d’Edmonton, de faire en sorte que «des familles militaires solides soient la force conjointe» de l’Armée canadienne.

Glossaire – Sillonner : Parcourir, traverser d’un bout à l’autre ou en tous sens