Ce phénomène marque la fin de la période reproductive, c’est-à-dire que l’ovulation ne pourra plus se produire par la suite.
Elle survient entre 45 et 55 ans, quoique des variations individuelles existent. Certains facteurs viendront influencer l’âge de la ménopause, comme la génétique, la localisation géographique, le tabagisme, la malnutrition, certaines maladies (auto-immunes) et traitements oncologiques. Si elle se produit avant 40 ans, on la dira précoce.
Les mécanismes à l’origine d’une constellation de symptômes, allant de légers à sévères, résultent de l’effondrement de la sécrétion ovarienne d’œstrogènes et de progestérone. La chute du taux d’œstrogène est principalement responsable de la cascade de manifestations cliniques caractéristiques de la ménopause.
Avant la ménopause à proprement dit, une phase de transition, appelée périménopause, s’installe. Celle-ci peut durer plusieurs années et se traduit par une irrégularité des cycles menstruels (plus courts, plus longs, abondants, absents), des bouffées de chaleur (diurnes et nocturnes, parfois accompagnées de sudations importantes). Ces dernières constituent le désagrément le plus fréquemment rapporté, affectant près de 75% des femmes, avec une intensité variable selon l’ethnicité. Elles résultent d’une instabilité du thermostat du cerveau (hypothalamus), suivant la chute des œstrogènes. Leur fréquence décroît heureusement avec le temps, mais peut persister plus de dix ans.
Les troubles du sommeil sont aussi communs (difficultés à s’endormir, réveils nocturnes, sommeil non réparateur). Ce qui entraînera des répercussions sur l’humeur (irritabilité, anxiété, dépression), la mémoire et la concentration. Certaines femmes présentent une détresse psychologique pouvant aller jusqu’à un véritable syndrome dépressif. Le syndrome génito-urinaire, caractérisé par l’atrophie et la sécheresse de la muqueuse vaginale et vulvaire, l’incontinence urinaire et les cystites récidivantes, affecte la qualité de vie et la sexualité de patientes déjà confrontées à une baisse marquée de la libido. La peau perd de son élasticité, ce qui accélère son vieillissement et favorise l’apparition de rides. Beaucoup rapporteront une prise de poids et, plus rarement, un syndrome de la langue brûlante.
Le diagnostic de la ménopause est clinique et ne nécessite donc pas d’épreuves de laboratoire. Votre médecin traitant peut, à sa discrétion, demander un bilan hormonal pour confirmer la ménopause. Ce qui s’avèrera davantage salutaire est le dépistage des complications à long terme de la ménopause, notamment l’ostéoporose et l’apparition d’un syndrome métabolique.
La baisse des œstrogènes intensifie la résorption osseuse, entraînant une diminution rapide de la densité minérale. Dix ans après la ménopause, une femme perd en moyenne 20% de sa masse osseuse, ce qui augmente le risque de fractures vertébrales et de la hanche. La perte est particulièrement marquée durant les cinq premières années et se poursuit ensuite à un rythme de 1% à 3% par an. Certains facteurs de risque ont été identifiés dans l’apparition de l’ostéoporose, dont un indice de masse corporelle (IMC) faible, le tabagisme, les problèmes de malabsorption et l’utilisation de corticostéroïdes à long terme. La densitométrie osseuse est l’outil de référence pour dépister cette fragilité.
Sur le plan métabolique, la redistribution du tissu adipeux au niveau intra-abdominal, consécutive à la perte des effets protecteurs des œstrogènes, favorise le développement du syndrome métabolique, ce qui augmente le risque de diabète de type 2, d’hypertension, d’hypercholestérolémie et, conséquemment, de maladies cardiovasculaires et d’accidents vasculaires cérébraux.
Le traitement hormonal substitutif reste la stratégie la plus efficace pour atténuer les symptômes invalidants et prévenir l’ostéoporose. Il doit être prescrit à la dose minimale efficace, pour la durée la plus courte possible, idéalement avant 60 ans ou dans les dix années suivant la ménopause. Toutefois, il est rarement privilégié en raison de ses effets indésirables considérables. Entre autres, il expose à un risque accru de cancer du sein et de l’utérus, à la formation de caillots sanguins, surtout chez les femmes obèses ou âgées, à l’exacerbation de l’incontinence urinaire et à la formation de calculs biliaires.
Des alternatives non hormonales efficaces existent : des antidépresseurs à faible dose et des médicaments réduisant la sudation. Les lubrifiants et les traitements hormonaux topiques soulagent les symptômes génito-urinaires. Les bisphosphonates, par voie orale ou en injection, ralentissent la perte osseuse et peuvent même favoriser un certain gain de masse osseuse. Une thérapie cognitivo-comportementale est recommandée pour les patientes présentant une atteinte de la santé mentale.
Changer ses habitudes
Au-delà des traitements médicamenteux, plusieurs changements d’habitudes de vie peuvent prévenir ou atténuer les effets de la ménopause. Une alimentation variée et riche en calcium et en vitamine D, sans oublier un apport protéique adéquat, permettront de maintenir un poids santé et fournir les nutriments indispensables à une bonne santé osseuse et musculaire.
Une activité physique régulière contribue à réduire la prise de poids, les risques cardiovasculaires, mais aussi à fortifier les os, surtout pour ce qui est des exercices de mise en charge. La pratique régulière d’exercice est par ailleurs bénéfique au sommeil, à la cognition et au maintien de la santé mentale. L’arrêt du tabac et une consommation modérée d’alcool sont recommandés.
Parmi les autres mesures bénéfiques, mentionnons la relaxation (yoga, méditation, tai-chi), les exercices de Kegel pour le renforcement du plancher pelvien, le maintien de l’activité sexuelle, si désirée, pour stimuler l’irrigation sanguine au niveau des organes génitaux, et l’adoption d’une bonne hygiène du sommeil. Attention aux produits naturels, comme les phytoœstrogènes (soja et igname); ils ont des effets bioéquivalents au traitement de remplacement hormonal pharmacologique, mais comportent aussi les mêmes risques sur la santé. Par ailleurs, les preuves de leur efficacité pour le traitement de la ménopause restent limitées.
Chaque femme vit la ménopause différemment. Plus elle est informée, mieux elle appréhende les changements qui surviennent en elle et aborde cette étape charnière avec davantage de sérénité. La ménopause n’est pas la fin, mais le début d’un nouveau chapitre. Il faut se rappeler que l’épanouissement sexuel demeure possible, la libido étant largement liée au mental. Il est essentiel d’en parler avec ses amies, son médecin traitant et son ou sa partenaire de vie, s’il y en a un ou une. Consacrer du temps à son couple et traiter les sources de déplaisir engendrées par la sécheresse et l’atrophie vaginale contribue non seulement à préserver l’harmonie de la relation, mais aussi à renforcer la confiance en soi et le bien-être global.
Glossaire – Libido : Énergie psychique vitale ayant sa source dans la sexualité au sens large