IJL – RÉSEAU.PRESSE – LE FRANCO
Cette rencontre virtuelle, organisée en partenariat avec l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA) régionale de Calgary, a réuni une vingtaine de personnes. Elle a permis à deux membres du conseil d’administration de la régionale, Raphaël Oulaï, vice-président, et Étienne Etoundi Bikoué, conseiller, de conter leur vécu.
C’est donc avec l’œil de personnes installées depuis un certain temps au sein de la communauté franco-albertaine qu’ils ont partagé leurs observations sur la société canadienne, dans cette province où le français est minoritaire.
Dès sa prise de parole en tant qu’animateur de la rencontre, Norbert Rutebuka, agent de projet du CANAF, mentionne que les Franco-Albertains racisés doivent naviguer à travers un double défi : celui de préserver leur langue et leur culture, tout en s’intégrant dans une société où les différences peuvent être perçues comme des obstacles ou des richesses, selon le contexte.
Ainsi, l’interculturalisme, les stéréotypes, l’égalité des droits et la question du bilinguisme ont notamment été abordés au cours des deux heures de rencontre. Par la suite, en entrevue, Raphaël Oulaï est revenu sur certains points avec la rédaction du journal.

Raphaël Oulaï est au Canada depuis une douzaine d’années. Photo : Courtoisie
Le choc culturel et l’ouverture d’esprit
Originaire de la République de Côte d’Ivoire, Raphaël Oulaï a été confronté, dès son arrivée, au Canada à un choc culturel nécessitant une adaptation rapide. Il souligne d’ailleurs que cette adaptation ne repose pas uniquement sur les épaules des immigrants, mais aussi sur les communautés qui les accueillent.
Lors de la rencontre virtuelle, M. Oulaï a mentionné avoir observé une dizaine de caractéristiques canadiennes, allant du respect de la diversité au multiculturalisme, en passant par le bilinguisme, l’importance des libertés individuelles, l’inclusion, la tolérance ou encore la justice sociale et la protection de l’environnement.
Marie-Thérèse Nickel, directrice de l’ACFA régionale de Calgary et présente lors de cette rencontre virtuelle, estime, pour sa part, que les valeurs qui l’ont le plus surprise à son arrivée sont «la politesse et l’acceptation du multiculturalisme».
Par la suite, au fil du temps, cette Française d’origine non racisée a aussi signalé que «les valeurs familiales en France ne sont pas aussi profondément enracinées qu’au Canada». À cela, elle ajoute que les personnes handicapées bénéficient d’un traitement plus équitable au Canada que dans l’Hexagone.
Interculturalisme ou multiculturalisme?
Il est beaucoup question, par les temps qui courent, de la notion d’interculturalisme en opposition au multiculturalisme. Face à cette question, Raphaël Oulaï estime que le multiculturalisme enferme parfois les groupes culturels dans des silos, contrairement à l’interculturalisme qui favorise l’échange et le dialogue entre les différentes cultures.
Un exemple concret d’interculturalisme, évoqué lors de la rencontre, concerne la célébration des différentes traditions culturelles. Une fête communautaire, comme celle de la communauté haïtienne, pourrait ainsi inclure non seulement de la musique haïtienne, mais aussi de la musique canadienne, illustrant ainsi un échange entre les cultures.
Cependant, le vice-président de l’ACFA régionale de Calgary revient une fois de plus sur le fait que l’intégration ne doit pas être un processus unilatéral. Les immigrants doivent s’adapter à leur nouveau cadre de vie, mais la société d’accueil a aussi un rôle à jouer en facilitant cette transition.
Cette ouverture d’esprit ne se manifeste pas toujours immédiatement et demande un effort conscient des deux parties. «Cet équilibre entre les traditions d’origine et celles du pays d’accueil est essentiel pour maintenir une identité culturelle, tout en participant pleinement à la société canadienne», ajoute-t-il.

De l’avis de Marie-Thérèse Nickel, «il est possible d’intégrer les valeurs d’une nouvelle culture tout en préservant ses propres convictions». Photo : Courtoisie
L’apprentissage des normes locales
Si les participants au webinaire ont fait peu état des relations femmes-hommes, de l’avis de Mme Nickel, cette thématique aurait requis «un temps supplémentaire pour être traitée de manière approfondie».
Selon la directrice régionale, l’arrivée dans un nouveau pays et l’adaptation à des us et coutumes qui diffèrent demande un temps plus ou moins long au nouvel arrivant. Celui-ci ne parviendra «à s’adapter aux valeurs canadiennes que lorsqu’il aura réussi à établir son plan de vie, notamment en obtenant un logement, un emploi et une situation relativement stable».
Peu importe le genre, cette intégration est aussi tributaire des conditions qui ont amené cette personne en Alberta et si celle-ci «jouit d’une situation financière avantageuse ou de ressources restreintes», poursuit Marie-Thérèse Nickel.
Quant à Raphaël Oulaï, si certains Franco-Albertains racisés font face à des stéréotypes qui influencent leur intégration, «la meilleure façon de les déconstruire est de participer activement à la vie sociale et communautaire.» Il insiste sur l’importance des projets collectifs qui favorisent la coopération et la compréhension mutuelle, alors que Marie-Thérèse Nickel a également partagé des commentaires semblables avec Le Franco.
Glossaire – Collectif : qui regroupe de nombreux individus