IJL-RÉSEAU.PRESSE-LE FRANCO
Masseille Seka s’est lancée dans sa double aventure, il y a deux ans, en créant à Edmonton son service de traiteur ivoirien, Hydre’s Kitchen & Bar. Maman de deux fillettes âgées de cinq et un ans, elle ne mâche toutefois pas ses mots pour décrire les réalités quotidiennes qu’implique la conciliation travail-famille. «Ce n’est pas facile, je ne vais pas mentir. C’est très difficile, mais avec du courage et le soutien de mon mari, on y arrive», confie-t-elle avec franchise. Pour garder le cap, une routine bien huilée s’avère indispensable, raconte-t-elle. L’entrepreneure a pris l’habitude de commencer ses journées «très tôt» pour accompagner son aînée à l’école avant de rentrer chez elle pour planifier et organiser sa journée de travail.
Ensuite, les commandes prennent le dessus bien qu’elle doive souvent s’occuper de sa plus jeune qui fêtera ses deux ans en novembre prochain et qui reste à la maison la plupart du temps. «Je m’interromps souvent. Mais j’ai de la chance parce que c’est un bébé vraiment calme, ce qui me facilite beaucoup la tâche», analyse-t-elle.
Lorsque certaines commandes importantes exigent toute son attention, la mère de famille opte parfois pour envoyer la cadette à la garderie. Ces situations demeurent cependant assez rares. Masseille insiste : «C’est la famille en premier». Elle raconte même avoir déjà refusé une commande d’une valeur de «3000$» puisqu’une de ses filles était malade et nécessitait des soins.
Conjuguer vie familiale et travail n’empêche pas cette Ivoirienne d’origine de voir grand et de rêver. Dans quelques années, elle aimerait ouvrir son propre restaurant pour faire découvrir les saveurs de son pays à la population d’Edmonton. «C’est mon souhait le plus grand et c’est aussi mon plus grand rêve», s’enthousiasme-t-elle.
Se diviser en trois
Safia Moke, une autre entrepreneure qui élève des enfants âgés de huit ans, cinq ans et dix-huit mois, s’efforce, elle aussi, de mettre en place des systèmes pour coordonner sa vie familiale et ses multiples entreprises. «Ce n’est pas toujours parfait, mais je fais mon possible pour avoir la meilleure conciliation possible», précise-t-elle.
En plus de diriger Delice Group, une entreprise spécialisée dans l’organisation d’évènements à Edmonton, et Powerful and Blessed Overall, une initiative qui s’adresse aux femmes, elle occupe un poste à temps plein dans un bureau de la capitale albertaine. «C’est beaucoup de travail, mais c’est très [gratifiant]. Je m’occupe des entreprises les soirs de semaine et la fin de semaine», explique-t-elle.
Pour s’assurer d’être présente pour sa famille malgré l’ampleur de ses tâches, Safia maintient un emploi du temps assez strict. Dès qu’elle rentre à la maison à 16h, elle met son téléphone de côté pour se consacrer entièrement à ses enfants jusqu’à 20h. «Que ce soit un client qui a une urgence ou autre, ce moment avec mes enfants est sacré», affirme-t-elle en faisant écho aux propos de Masseille Seka. «C’est bien d’être entrepreneure, mais ma priorité, ce sont les enfants. Mon “pourquoi”, c’est eux», réitère-t-elle.
Les deux entrepreneures s’accordent à dire que la conciliation travail-famille passe inévitablement par un certain nombre de sacrifices dans leur cas, surtout sur le plan professionnel. C’est qu’elles choisissent de placer leur cellule familiale en priorité, parfois au détriment de leur travail.
«L’entrepreneuriat est associé au mot sacrifice. Tu n’as pas le choix. Sans sacrifices, tu n’arrives à rien», affirme Safia. Elle ajoute : «Il faut apprendre à jongler et à maintenir un équilibre. Notre équilibre. Dans mon cas, comme mes enfants sont encore très jeunes, cela signifie être cheerleader lors des matchs de soccer, partager des repas ensemble à l’heure du souper. Je veux être présente».
Une conciliation plus paisible
Pour d’autres femmes, la conciliation se trouve plus paisiblement. Cecile Manissan, une éducatrice en garderie d’Edmonton et propriétaire de l’entreprise de vêtements, d’accessoires et de plats typiquement africains nommée Bethel Fashion and Kitchen, arrive à jongler efficacement entre son emploi à temps plein, son entreprise en expansion et sa vie familiale.
«Je ne trouve pas ça compliqué. Si tu arrives à t’organiser, tu peux t’en sortir. La garderie, c’est de 7h à 16h30. À partir de 17h, je suis à la maison et j’ai le temps de m’occuper des commandes qui ont été passées dans la journée», explique-t-elle.
Elle reconnaît toutefois que si ses fils de douze et seize ans étaient encore à l’âge des couches, son témoignage serait très différent. En tant que mère de deux adolescents, elle bénéficie de plus de temps le soir et durant les fins de semaine. «Bien sûr, il y a cette réalité à prendre en compte», ajoute-t-elle.
Se lancer dans le vide
Malgré les embûches auxquelles elles peuvent faire face, Masseille Seka invite les femmes à oser se lancer en affaires et à réaliser leurs projets «les plus fous». Elle rappelle aussi que les mères ont souvent la chance de compter sur le reste de leur entourage pour maintenir l’équilibre. Ce soutien est une partie «vitale» de la réussite de leur entreprise. «Moi, mon mari offre un grand soutien, ça aide beaucoup quand j’ai de grosses commandes. Il s’occupe toute la journée des enfants», partage-t-elle.
Safia Moke soutient, quant à elle, qu’une mère entrepreneure doit allier discipline et organisation, tout en gardant un sens réaliste et bienveillant envers elle-même. «Si je me dis que je vais réaliser cinquante tâches aujourd’hui, ce n’est pas réalisable. Personne n’est aussi parfait. Il faut aussi apprendre à ralentir», conclut-elle.
Glossaire – Vitale : D’une importance fondamentale