IJL – RÉSEAU.PRESSE – LE FRANCO
Selon Robert Suraki Watum, directeur de projets de l’Alliance Jeunesse-Famille de l’Alberta Sociey (AJFAS), la communauté noire francophone de l’Alberta regorge de talents et d’innovation, mais plusieurs défis demeurent. «Nous avions essayé de répertorier les entrepreneurs noirs francophones, il y a quelques années. Nous étions une cinquantaine, mais ce chiffre ne reflète pas la réalité, car beaucoup d’entrepreneurs évoluent dans l’informel.»
Plusieurs de ces entrepreneurs sont notamment couturières, garagistes, restaurateurs ou coiffeurs. L’accès au financement et la visibilité restent des obstacles majeurs, selon le directeur de projets. «Le financement existe, mais la question est : comment mieux l’utiliser? Il faut aussi innover, promouvoir nos entreprises et utiliser les nouvelles technologies pour se développer», poursuit Robert Suraki Watum. C’est un peu pour cela qu’existe le Forum économique des jeunes entrepreneurs noirs de l’AJFAS, soutenu d’ailleurs par Parallèle Alberta.

Avec l’aide de Parallèle Alberta, Robert Suraki Watum a organisé la 6e édition du Forum économique de l’AJFAS dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs. Photo : Courtoisie
Un forum pour structurer et renforcer l’entrepreneuriat
Une des solutions qui sera mise de l’avant lors du Forum sera de sensibiliser les gens à la création de réseaux solides entre entrepreneurs. Selon M. Suraki, «il y a beaucoup de potentiel, mais les gens ne savent pas toujours comment s’entraider. Si quelqu’un organise un événement, pourquoi ne pas faire appel à un photographe de la communauté? Ou à un traiteur? Il faut encourager ces collaborations».
Lors de la rencontre qui a lieu à la Jerusalem City Church dans l’après-midi du 22 février, les participants pourront discuter en petits groupes de leurs préoccupations d’entrepreneurs, qu’ils soient travailleurs autonomes ou dirigeants d’une petite ou moyenne entreprise (PME). Des témoignages inspirants et des ateliers en sous-groupes permettront aux personnes présentes d’échanger des idées et de bâtir des stratégies concrètes.
L’événement se conclura par une plénière où les idées principales seront partagées. «Ce que nous voulons, c’est que chacun reparte avec des pistes d’action claires et applicables dans son domaine», précise M. Suraki.
Des conférences adaptées
Au cours du Forum, il y aura également quelques conférences, dont celles d’Étienne Alary, le directeur général de Parallèle Alberta, et de Jean-Jacques Moke, directeur des opérations chez Simplinology, une entreprise d’Edmonton spécialisée dans les solutions informatiques et la cybersécurité.
Pour l’informaticien qui a cocréé son entreprise, il y a deux ans, il est important d’expliquer aux entrepreneurs les outils qui peuvent leur permettre d’optimiser leur gestion et de sécuriser leurs données. L’intelligence artificielle (IA) et l’infonuagique (cloud computing) figureront parmi les thèmes de son intervention. Son message est clair : les entreprises doivent anticiper et s’adapter aux évolutions technologiques, peu importe la grandeur de celles-ci, y compris de savoir bien utiliser la fameuse IA.
Dans un autre ordre d’idée, l’homme d’affaires se réjouit de constater que l’entrepreneuriat noir est de plus en plus dynamique. Il a constaté une évolution notable depuis son arrivée en Alberta, il y a plus de 10 ans.
Selon lui, la COVID a vraiment changé la tendance en Alberta. «Beaucoup de gens se sont lancés juste parce qu’ils ont vu comment l’économie pouvait fondre en deux secondes.» Cette prise de conscience a poussé de nombreux entrepreneurs noirs à investir dans leurs propres projets, une évolution qu’il salue avec enthousiasme.
La situation conflictuelle entre le Canada et les États-Unis pourrait aussi être source de motivation. «Les Américains ont le sens du risque, ce qui n’était pas le cas ici, au Canada. Je pense que c’est le moment que les Canadiens fassent de même», de conclure Jean-Jacques Moke.

Avec l’aide de Parallèle Alberta, Robert Suraki Watum a organisé la 6e édition du Forum économique de l’AJFAS dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs. Photo : Courtoisie
L’entrepreneuriat récompensé
Le Forum économique de l’AJFAS soulignera également le travail d’Avinash Soochit qui, avec l’aide de sa famille, dont sa maman, a fondé le Café Bel-Air en 2021, à Edmonton.
Outre son témoignage de fondateur d’entreprise, le restaurateur d’origine mauricienne s’attardera sur le fait que son café est bien plus qu’un café; c’est aussi le lieu de rencontre entre la culture de l’île Maurice et la langue française. «L’île Maurice a été influencée par plusieurs cultures : française, britannique, hollandaise, portugaise, indienne et africaine. On retrouve cette diversité dans nos plats», explique Avinash Soochit.
L’AJFAS lui remettra le Prix d’excellence en entrepreneuriat 2024. Pour Avinash Soochit, cette reconnaissance lui apporte une grande fierté. «Je suis vraiment honoré de recevoir ce prix. C’est une belle reconnaissance du travail accompli et du rôle que notre café joue dans la communauté», affirme-t-il. Touché et humble, il poursuit sur sa lancée : «Quand je suis arrivé au Canada en 2005, j’ai commencé à faire du bénévolat à l’AJFAS. Au fil des années, j’ai agi comme modèle pour les jeunes francophones. C’est peut-être la raison de cette récompense».
Pour en savoir plus sur cette 6e édition du Forum économique des jeunes entrepreneurs noirs.