IJL – RÉSEAU.PRESSE – LE FRANCO

Nathalie Lachance, présidente de l’ACFA, espère que le prochain gouvernement n’oubliera pas d’aller de l’avant avec la Loi sur les langues officielles. Photo : Courtoisie
À l’approche des élections fédérales canadiennes du 28 avril, l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA), Francophonie Albertaine Plurielle (FRAP), le Comité FrancoQueer de l’Ouest (CFQO) et le Pont Cultural Bridge (PCB) ont bien voulu se prêter au jeu d’émettre, pour le futur gouvernement, quelques souhaits en lien avec les objectifs de leur organisme respectif.
À tout seigneur, tout honneur, l’ACFA et sa présidente, Nathalie Lachance. Cette dernière souhaite avant tout «que les partis reconnaissent la vitalité et la diversité des communautés francophones en situation minoritaire».
La présidente tient à rappeler que la position de son organisme va dans le même sens que celle de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA). Elle insiste sur l’importance d’accélérer la reconnaissance des communautés francophones à l’échelle nationale et internationale, notamment en matière de politique migratoire, de développement économique et d’éducation. Elle fait notamment remarquer qu’il faut des actions concrètes pour renforcer la cohésion sociale, les services de proximité, comme les soins de santé, et l’offre culturelle en français.

Giscard Kodiane, directeur général adjoint du Pont Cultural Bridge, compare la relation actuelle entre le Canada et les États-Unis à celle d’un couple qui a de l’eau dans le gaz! Photo :Courtoisie
Une élection pas comme les autres
«L’attitude de Donald Trump fait ombrage à tout ce qui se passe au Canada», résume Giscard Kodiane, directeur général adjoint chargé de la planification au sein du PCB, en évoquant ces élections. «Quel candidat va pouvoir le mieux faire face au président américain?»
Dans le contexte actuel, certains enjeux préoccupent particulièrement l’ACFA. «Avec les tensions économiques et les incertitudes liées à nos voisins du Sud, nous craignons qu’un changement de gouvernement entraîne une réduction des investissements dans la francophonie», admet-elle. Elle appelle donc à la vigilance, notamment en ce qui concerne les programmes de soutien fédéraux et les ententes intergouvernementales.
Il est clair pour Mme Lachance que l’ACFA suivra de près plusieurs dossiers clés. «L’implantation de la Loi sur les langues officielles sera une priorité. Nous attendons les règlements d’application et nous serons très attentifs à leur mise en œuvre concrète», explique la présidente.

De l’avis de Martin Bouchard, le directeur général du Comité FrancoQueer de l’Ouest, le contexte des tarifs américano-canadiens occulte des questions plus sociales. Photo : Courtoisie
Même vigilance du côté du CFQO, l’organisme représentant les personnes LGBTQ2E+ francophones vivant en contexte minoritaire dans l’Ouest canadien. Son directeur général, Martin Bouchard, souligne l’importance de faire entendre les revendications de sa communauté dans un contexte où la francophonie et les droits LGBTQ2E+ restent trop souvent marginalisés dans les débats nationaux, voire quasi inaudibles dans la présente campagne électorale.
Pourtant, de l’avis de M. Bouchard, le CFQO s’était préparé. «On avait envoyé des questions aux partis politiques au jour 1 de la campagne. Seul le Parti vert a répondu à nos questions. Par contre, on n’avait pas prévu que la campagne tournerait autour des tarifs de douane américains. Toutes les questions à saveur sociale sont pas mal mises de côté.»
Comprenant bien les circonstances actuelles, notamment au plan économique et identitaire face au gouvernement américain, Martin Bouchard admet que les ambitions sont moins grandes qu’elles ne l’étaient, il y a quelques semaines, lorsqu’il s’agissait de mettre davantage de l’avant les préoccupations de la communauté gaie et lesbienne.
N’empêche qu’une chose est claire pour le directeur général du CFQO, «il n’y a rien de positif pour nous que les conservateurs prennent le pouvoir. Le français minoritaire dans l’Ouest, les enjeux queers dans l’Ouest, tout ça, c’est sous le radar des conservateurs».

Alphonse Ahola, le directeur général de la FRAP, souhaite que le prochain gouvernement tienne compte des besoins des nouveaux arrivants. Photo : Courtoisie
Et les immigrants dans tout ça?
Certes, les nouveaux arrivants ne votent pas. Les candidats en lice n’auraient pas vraiment de raison de s’en préoccuper. Pourtant, Alphonse Ahola, le directeur général de la FRAP, espère tout de même que les partis politiques prendront davantage en considération les besoins particuliers des nouveaux arrivants.
L’organisme constate un intérêt croissant de la part de cette population pour les enjeux politiques, même si la priorité immédiate reste souvent ailleurs. «Ils vont s’intéresser aux élections, dépendamment du niveau d’immigration où ils en sont rendus. Mais la plupart d’entre eux vont d’abord penser à s’établir, à trouver un travail, à envoyer les enfants à l’école.»
Outre l’emploi, la santé et l’éducation, un autre enjeu majeur soulevé par M. Ahola concerne la reconnaissance des diplômes. Il critique la complexité du système canadien, «il y a une forme de fonctionnement du Canada qui est assez absurde. On se pose la question : est-ce que ces groupes, comme les ordres professionnels, qui protègent ces métiers réglementés-là, travaillent vraiment pour le public? Ou travaillent-ils, en fait, simplement pour protéger les acquis?»
Tout comme Alphonse Ahola, Giscard Kodiane souhaite également que le prochain gouvernement puisse augmenter son aide aux organismes franco-albertains comme le sien.
Quant à Nathalie Lachance, son discours risque de rallier tout le monde. La présidente espère tout simplement de la collaboration avec le prochain gouvernement. «La francophonie canadienne est une force. Nous sommes prêts à travailler avec tous les élus, peu importe leur parti, à condition qu’ils s’engagent avec sérieux.»
Glossaire – En lice : être engagé dans une compétition