FRANCOPRESSE – L’un des moments phares de Franco-Parole III s’est déroulé le 24 juin, au moment du panel du conseil des recteurs regroupant le recteur de l’Université de Hearst, Luc Bussières, l’ancien recteur de l’Université de Moncton, Jacques-Paul Couturier, et l’ancien recteur par intérim de l’Université de l’Ontario français (UOF), Normand Labrie.
Inès Lombardo – Francopresse
Des exemples de bastions francophones universitaires en contexte minoritaire ont été cités au cours du colloque, le jeudi 24 juin, par des recteurs, cette fois-ci.
Les trois recteurs ont chacun survolé les origines et le mode de fonctionnement de leurs universités, mais aussi d’autres institutions créées à l’international sur des modèles non traditionnels.
Normand Labrie a notamment mentionné l’Université libre de Bozen-Bolzano en Italie, créée en 1997, qui se veut multilingue en rassemblant l’italien, l’allemand et l’anglais pour répondre au besoin des minorités régionales.
«Je voulais passer en revue ces exemples-là pour souligner qu’on réfléchit présentement à la mise sur pied d’une université de langue française pour le Nouvel-Ontario […] C’est un projet qui requiert une mobilisation collective et qui a besoin d’une vision d’avenir, d’une mission unique aussi, et d’un projet académique et pédagogique qui soit distinct», a souligné l’ancien recteur par intérim de l’UOF.
Jacques-Paul Couturier, ancien recteur de l’Université de Moncton au Nouveau-Brunswick, est revenu sur les expériences de son université qui s’est battue pour retenir les étudiants acadiens dans la province.
Un combat mené au prix de nombreuses tensions régionales, rappelle-t-il, qui ont débouché, au milieu des années 70, par l’établissement de trois campus : Moncton, Shippagan et Edmundston.
«Le choix des mots est important», selon Jacques-Paul Couturier. Les trois campus sont des constituants de l’Université de Moncton qui font partie de la cohésion de l’institution.
La grande gamme de formations offertes est aussi un élément qui a fait que les étudiants restent dans leur province, a souligné l’ancien recteur, qui a partagé des chiffres de rétention des étudiants au Nouveau-Brunswick :
Son collègue Luc Bussières, recteur de l’Université de Hearst, devenue autonome tout récemment, a partagé le secret du succès du redressement de l’établissement.
Partant de la crise financière mondiale de 2008, qui a durement touché l’Université de Hearst, il a rappelé que le recteur de l’époque, Raymond Tremblay, a formé un comité interne en 2012 pour rendre l’Université de Hearst pérenne. En a découlé un rapport, adopté par toutes les instances de l’université, pour lancer une réforme en profondeur, initiée à l’automne 2014. Une réforme qui ressemble plus à une «révolution», a appuyé Luc Bussières.
Ce dernier a également souligné l’idée de la collaboration «très prometteuse» avec l’Université de l’Ontario français, évoquant un réseau et une mise en commun des ressources.
Un point sur lequel Serge Miville, nouveau recteur de l’Université de Sudbury, a rebondi avec ferveur : «Comment fait-on pour collaborer vraiment? Il y a des économies administratives et des innovations au niveau de l’enseignement à avoir, de la pédagogie à opérer.»
Pour lui, l’axe nord-sud, Sudbury, Toronto et Hearst, n’est qu’une étape de développement.
Cet ancien professeur de l’Université Laurentienne voit plus loin : «Comment [établir] l’axe est-ouest [et] s’entraider à l’échelle de la francophonie canadienne? Une fois qu’on est capable de vraiment consolider le réseau des universités de langue française en Ontario, la grande question sera : [comment collaborer] avec Moncton, Saint-Boniface et le Campus Saint-Jean?»