Laural Kurta, la fille d’Otto et la gestionnaire du musée, explique «qu’il y a environ 27-28 ans, les petites villes de l’Alberta mouraient à un rythme rapide». C’était aussi le cas de Torrington, après la fermeture des lignes de chemin de fer et celle des élévateurs à grains. «C’était autrefois une petite communauté prospère, avec toutes sortes de magasins et d’activités à faire.»
En raison de ces fermetures, de la désertion des écoles et d’autres sources économiques dans ces petites villes albertaines, le gouvernement a tenté d’endiguer la situation. Il a alors offert «une subvention pour le tourisme afin de développer quelque chose qui rendrait ces petites villes plus accessibles, qui pourraient aider les entreprises locales et potentiellement apporter de nouvelles entreprises», raconte la gestionnaire du musée.
Après quelques réunions publiques pour délibérer de l’utilisation de cette subvention, une idée a été lancée par une voix féminine de l’arrière de la salle : «Pourquoi ne pas empailler des spermophiles? Nous en avons suffisamment».
Tout le monde dans la salle a ri, mais l’idée s’est finalement concrétisée.
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Un endroit à visiter pour tous
Otto nous a guidés à travers deux petits bâtiments mitoyens. Il explique que l’un des bâtiments a été récupéré sur le terrain de l’ancienne école et que l’autre faisait partie d’un ancien silo à grains.
En entrant dans le premier édifice, on ressent un coup de climatiseur durant une journée chaude. Sur le mur sud, une carte du monde y est accrochée avec des centaines d’épingles dans chaque coin du monde. «Vous ne pouvez pas mettre une épingle à moins que vous puissiez prouver que vous êtes d’un autre pays», s’exclame Otto.
«Une des personnes les plus étranges que nous ayons eues ici, c’était un “mec” qui a atterri sur une route de gravier à l’ouest d’où nous sommes. Il est descendu de son avion et a marché jusqu’ici pour venir voir le musée»
Après sa visite, Otto l’a aidé à décoller en s’assurant qu’aucune voiture ne descendait la route de gravier. Mais ce n’est pas seulement la seule chose surprenante à propos de ce musée.
Des spermophiles qui racontent l’histoire d’autrefois
Pour ce petit musée, le nombre de visiteurs est important par rapport à la taille de la collection présentée. En effet, il reçoit entre 4000 et 8000 visiteurs pendant la courte saison estivale.
Ce succès vient peut-être de ses 77 spermophiles, dont trois rares spermophiles noirs et deux albinos empaillés. Mis en scène, ils nous font voyager dans l’histoire rurale de la région. «Nous avons commencé à partir de zéro et vous ne pouvez pas changer cela parce que vous élimineriez l’histoire», explique Otto avec fierté.
De nombreux spermophiles sont mis en scène dans des lieux reconstitués du vieux Torrington. À l’ancienne usine d’engrais, dans la cour de l’école, à l’aréna ou la mairie du village. «C’est un peu une capsule intemporelle et une lettre d’amour de ce qui n’existe plus et de ce qui ne reviendra jamais», décrit Laural.
La longévité de cette taxidermie
«Ce qui était censé être un projet de cinq ans en est maintenant à sa 27e année et toutes les entreprises que ce projet était censé aider ont maintenant fermé», décrit Laural. Mais grâce à sa reconnaissance mondiale, ce musée continuera à attirer l’attention.
Laural espère d’ailleurs aller plus loin malgré l’exiguïté des locaux. «Nous sommes limités par la taille des bâtiments et le poids qu’ils peuvent retenir parce que ces bâtiments sont si vieux», divulgue-t-elle. «Mais j’ai commencé à faire des demandes pour des subventions, car nous voulons très vite développer un espace plus grand», dit Laural, avec espoir.
«Nous conserverons ces maquettes historiques, mais l’idée serait d’avoir des expositions où nous pourrions changer les tenues et présenter des événements actuels.» En attendant, vous pouvez admirer le vieux Torrington à travers ses 44 scènes de vie et ses spermophiles aux allures d’époque.
Qui sont les taxidermistes du musée?
«Au départ, il y avait cinq personnes qui se sont portées volontaires pour suivre des cours de taxidermie», explique Laural. Norman Oster était un leader parmi le groupe de taxidermistes et a réalisé la plupart des maquettes. Depuis cette époque, de nouveaux bénévoles ont prêté main-forte au musée, mais certains spermophiles ont été confiés à des taxidermistes professionnels.