Le Franco : Pouvez-vous vous présenter, nous raconter votre parcours?
Raphaël Freynet : J’ai grandi entouré des arts, mes parents étaient artistes professionnels et ils m’ont donné des valeurs fortes par rapport à la francophonie. En sortant de l’école, j’ai aussi été entrepreneur, avec une petite entreprise de web design. J’ai une formation en communication multimédia. Ensuite, j’ai travaillé en postproduction, notamment à Radio-Canada.
Et puis l’Alberta, c’est le lieu où ma carrière en musique a vraiment débuté, il y a 10 ans. J’ai géré et j’ai mené à terme plusieurs projets artistiques. Je connais bien la communauté franco-albertaine et aussi le RAFA ayant bénéficié de ses services en tant qu’artiste et, puis, ayant aussi servi le conseil d’administration (CA).
J’ai toujours eu un intérêt dans le fait d’avoir une vision globale, c’est-à-dire sur la politique, le développement de la communauté, le développement de l’industrie. Ces dernières années, j’ai fait une maîtrise en administration des affaires (MBA) avec une spécialisation dans les arts immédiats. En tant qu’artiste aussi, j’aime l’idée de paver le chemin pour les artistes qui viennent après moi. C’est comme cela que j’ai fini à ce poste!
Le Franco : Quelles sont concrètement vos ambitions pour le RAFA et quelle est votre vision pour le futur du regroupement dans les prochains mois, prochaines années?
Raphaël Freynet : Dans les prochains mois, je compte, bien sûr, déjà bien m’installer dans le poste, apprendre tout ce que j’ai à apprendre. Ensuite, j’ai hâte d’aller à la rencontre de la communauté, de parler avec nos organismes membres, nos artistes et puis, bien cerner le terrain, rencontrer nos bailleurs de fonds et nos homologues anglophones.
Pour ce qui est de la vision, je vais m’appuyer sur le nouveau plan stratégique qui a été développé par le conseil d’administration. On vit plusieurs défis actuellement dans le milieu artistique. Ce ne sont pas nécessairement des choses uniques à l’Alberta ni à la communauté francophone, mais il y en a quand même sur lesquelles on va devoir travailler.
Le Franco : En effet, le RAFA vient de se doter d’un nouveau plan stratégique. Pouvez-vous nous en dire un petit peu plus à ce sujet? Quelles en sont les grandes lignes directrices?
Raphaël Freynet : La nouvelle planification stratégique est toute récente, le CA s’est penché dessus l’année dernière. Il y a trois grands axes pour le RAFA : le positionnement politique et communautaire dans l’écosystème artistique et culturel; la croissance des artistes et le développement du secteur, ce qui inclut une formation des artistes, des services et des événements au sein des organismes culturels; et le troisième axe, c’est la santé organisationnelle et les capacités de fonctionnement de l’organisme.
Le Franco : Pour accompagner cette nouvelle planification, il y a aussi de nouveaux statuts et règlements pour le RAFA. Ils n’avaient pas été changés depuis 2006. Pourquoi ce changement?
Raphaël Freynet : L’idée est de s’adapter tout en modernisant l’organisme. Un des changements, c’est le nombre de membres au sein du CA. Dès l’entrée en vigueur des nouveaux statuts à la prochaine assemblée, en juin, le CA passera de 11 à 7 personnes, qu’on élira à ce moment-là.
Les candidatures sont ouvertes jusqu’en avril, à tout le monde, à condition d’avoir au moins dix-huit ans. Ces administrateurs ne devront plus, comme c’est le cas avec les anciens statuts, représenter une discipline artistique en particulier, car de nos jours, les artistes sont souvent multidisciplinaires.
Le Franco : Quels sont les défis auxquels le secteur artistique est confronté en ce moment, notamment depuis la pandémie?
Raphaël Freynet : C’est sûr que la pandémie a fait chuter le nombre de spectateurs… On s’est habitué à rester chez nous et à écouter Netflix. Alors, c’est important qu’on puisse aller chercher ces gens-là, développer à nouveau nos publics. Par exemple, il y a plusieurs années, quand j’ai lancé mon album en tant qu’auteur-compositeur-interprète, la promotion se faisait complètement différemment. Désormais, ce ne sont plus du tout les mêmes méthodes.
Bien sûr, les réseaux sociaux sont importants, le crowdfunding l’est aussi, il y a toutes sortes de choses qui sont nouvelles. La consommation de l’art elle-même change. On s’appuie beaucoup sur le streaming, ce qui entraîne d’autres enjeux, pour la rémunération des artistes par exemple. La pandémie a accéléré ces changements-là et ça veut dire que, nous aussi, on doit s’adapter rapidement.
Le Franco : Quelle sera votre première action en tant que directeur général?
Raphaël Freynet : La première chose que je vais devoir faire, c’est mettre à jour le plan d’action. Puis, il y a quelques enjeux auxquels j’aimerais répondre comme la stabilisation des revenus de l’organisme, la mise en place d’une stratégie numérique, s’assurer que notre réseau de diffusion a une programmation prolifique, le rapprochement des communautés et des partenariats… Que ce soit entre les artistes et les entreprises privées, avec la communauté artistique anglophone aussi, ou avec les francophones nouvellement arrivés.
Glossaire – Homologue : personne qui occupe les mêmes fonctions que soi