Opus@12, un regroupement informel de 150 musiciens de chambre, revient et propose encore des concerts gratuits le midi. Comme toujours, neuf récitals sont programmés et auront lieu un jeudi par mois (sauf en janvier) dans la rotonde de La Cité francophone.
Cette année, leur saison musicale a commencé plus tôt que d’habitude. Certains de ses membres bénévoles se sont en effet rassemblés le 9 août sur le patio du Sushi Café Madang, un restaurant coréen dans le Quartier francophone, pour donner un concert de bienfaisance pour les victimes du feu de forêt qui a dévasté Jasper en juillet dernier. Parmi les interprètes, une des victime de l’incendie, précise Rock Larochelle, le fondateur et président d’Opus@12. Installée à Edmonton suite à l’évacuation, «elle connaissaitt l’un des membres» du groupe et a finalement décidé d’en faire partie elle-aussi. Dans un geste de solidarité, tous les fonds collectés pendant cette matinée ont été versés à la Croix-Rouge canadienne pour renforcer l’effort de reconstruction de la ville.
Cet esprit de bienfaisance est au cœur des interprétations d’Opus@12 depuis sa création. À titre d’exemple, Rock Larochelle cite les concerts de Noël tenus chaque décembre pour amasser de l’argent pour le Projet Espoir, une initiative de santé mentale au profit du Conseil scolaire Centre-Nord. Une démarche qui existait avant Opus@12. «Avant […] c’était mon épouse et moi.» Le flûtiste partage, en outre, son intention d’appuyer prochainement la banque alimentaire d’Edmonton, même si la date de ce concert n’est pas encore fixée, car «nous savons qu'[elle] est en déficit!»
La programmation régulière commence le 26 septembre. Le public peut s’inscrire en ligne pour recevoir des notifications par courriel et ne rien rater. Pour le premier concert, Rock Larochelle fait allusion à un thème cinématographique, «les gens vont reconnaître [la mélodie]» à la seconde où nous débuterons, explique-t-il avec un air mystérieux. Le deuxième concert, programmé le 31 octobre, se prête à une thématique saisonnière liée à l’Halloween.
Selon Rock Larochelle, la musique de chambre se distingue par «des rôles très actifs» de chaque musicien et l’absence d’un chef d’orchestre. Mais les styles abordés sont tout de même trop nombreux. «C’est romantique, c’est baroque […] et c’est moderne aussi!», s’exclame-t-il avec enthousiasme.
La communauté apprécie le récital baroque du groupe et chacun de leurs concerts attire une centaine de mélomanes de tous horizons. «La moitié des gens sont francophones, pis la moitié des gens sont anglophones, observe Rock Larochelle, reconnaissant aussi le soutien de ses partenaires. La Cité [francophone] a un gros rôle ici à nous aider parce qu’ils fournissent les chaises [et] l’espace gratuit.»
Le CAVA, un outil indispensable au développement artistique franco-albertain
Au Centre d’arts visuels de l’Alberta, le public peut déambuler dans les deux salles d’exposition et admirer les créations de plus de cinquante de ses membres franco-albertains. Leslie Cortés, sa directrice générale, souligne la différence entre l’Espace Exposition, «plus poussé vers la professionnalisation», et l’Espace Membres, là où «on peut avoir des artistes émergents [et] professionnels» dans «un espace ouvert à tous».
Dans le premier espace a été dévoilée, le 3 septembre dernier, une exposition d’Alison Fleming. Les œuvres de cette artiste d’origine suisse sont à découvrir jusqu’au 26 octobre. «Elle prend des photos des choses et [peint] par-dessus, explique Leslie Cortés. Cette exposition sera dévoilée officiellement lors d’un vernissage le 19 septembre en soirée, qui mettra aussi à l’honneur les œuvres de trois artistes locales dans l’Espace Membres.» Il s’agira du travail de Mariam Qureshi (peinture), Rachel Barthélemy (peinture) et Denise Lauzon Dempsey (photographie).
Et si les visiteurs aiment quelque chose en particulier dans l’Espace Membres, «les œuvres sont à vendre», précise Leslie Cortés. Ainsi, elle encourage le développement artistique, mais aussi sa professionnalisation. Les médiums sont divers et comprennent la peinture, le dessin, la photographie et la création de bijoux et même de savon. Leslie Cortés s’assure, de plus, que chaque artiste membre puisse présenter ses œuvres pendant l’année, «on offre de douze à dix-huit places […]».
Si le CAVA prévoit une programmation chargée, d’autres organismes profitent aussi de ses locaux pour faciliter leurs événements artistiques. «On va avoir un lancement de livres […], de poésie», annonce Leslie Cortés, organisé par le Regroupement des écrivain•e•s du Nord et de l’Ouest canadiens (RÉNOC), ainsi que des ateliers d’art animés par l’Alliance Française d’Edmonton et des membres du CAVA. Grâce à ces collaborations, le CAVA devient un pôle de créativité à longueur d’année.
Par ailleurs, la portée de l’organisme ne se limite pas à la capitale. Cette année, Leslie Cortés espère aller plus loin en proposant des expositions «sur la route» à Calgary et à Plamondon pour desservir les quatre coins de la province. «Mais on attend encore [la confirmation de subvention]», confie-t-elle avec optimisme.
Les autres dates à retenir au CAVA :
- Le voisinage (Michel Gignac), du 16 janvier au 20 février 2025
- Mémoires éphémères (Anne Brochu Lambert), du 6 mars au 12 avril 2025
- Relier la lumière et le temps – Connexions (Rivalutionary), du 24 avril au 21 mai 2025
- L’élévateur de Meacham (Bonnie Gilmour et Charley Farrero), du 12 juin au 19 juillet 2025
- Trésor (Doris Charest), du 31 juillet au 6 septembre 2025
Le théâtre franco-albertain, c’est L’UniThéâtre
L’UniThéâtre, la seule compagnie dramaturgique professionnelle d’expression française en Alberta, débute une nouvelle saison à La Cité francophone. Le 6 septembre, son équipe a organisé un 5 à 7 au Café Bicyclette pour dévoiler les quatre pièces à venir autour de lectures d’extraits et de plusieurs grignotines. Un lancement qui a aiguisé l’appétit des amateurs de théâtre francophone dans la communauté.
Selon Steve Jodoin, directeur artistique et général de L’UniThéâtre, les pièces sélectionnées cette année traitent de sujets pertinents à notre quotidien, comme le logement. Les 21 et 22 mars, lance-t-il, «on va recevoir un show du Théâtre français de Toronto qui […] s’appelle Crawlspace : une vraie de vraie histoire vécue d’horreur immobilière». Écrit par la Calgarienne Karen Hines et traduit en français par Mishka Lavigne, le texte aborde, explique Steve, «la réalité du marché immobilier […] et les défis […] d’être acheteur d’une place autour d’une grande ville».
Par la suite, divulgue-t-il, «au mois de mai, on aura du Molière», notamment Le malade imaginaire mis en scène par Bernard Salva, professeur de théâtre au Campus Saint-Jean. Une «pièce communautaire» jouée par des amateurs au lieu de professionnels. Ici encore, élabore Steve Jodoin, le contenu, axé sur l’hypocondrie, sera peut-être familier aux spectateurs d’aujourd’hui, «ça va vraiment bien avec tout ce qui s’est passé dans le monde de la santé», et particulièrement lorsque l’on évoque la pandémie de COVID-19 encore récente.
Steve Jodoin décrit aussi, avec enthousiasme, le premier spectacle de la saison, qui aura lieu du 5 au 8 décembre, intitulé J’ai perdu mon mari. «C’est une pièce, résume-t-il, qui navigue autour d’une dame qui s’appelle Evelyne qui est rendue […] en grande réflexion et […] essaie de trouver une façon de faire fonctionner sa relation avec son mari. […] Mais elle, pour penser à autre chose, remonte souvent au bar du coin pour aller chanter du karaoké. […] Après des discussions […], elle fait un pari avec la barmaid.» Le prix? Rien de moins que son époux!
Finalement, L’UniThéâtre se prépare encore une fois à envoyer une troupe de comédiens sur la route pour présenter une pièce pour enfants dans une soixantaine de communautés de l’Alberta et de la Colombie-Britannique. Une collaboration avec le Théâtre La Seizième de Vancouver, «c’est une belle manière pour initier les jeunes francophones et francophiles au théâtre en français», affirme Steve Jodoin.
Cette année, Quand maman sourit de Sarah Migneron, dramaturge franco-ontarienne, est au programme. Une œuvre qui se concentre, d’après Steve, sur la dépression post-partum et un enfant unique qui reçoit une petite sœur. «La réalité change, réfléchit-il. […] La maman, elle est beaucoup moins présente» après l’accouchement. Et comme bon nombre des spectacles ont lieu dans les écoles, il y a aussi un aspect pédagogique comprenant «des activités à faire avec les jeunes de leur classe pour les préparer à la pièce qu’ils vont voir. [Ce sont] des questions, des jeux [et] des discussions.»
À l’Alliance Française d’Edmonton, une diversité de médiums et d’artistes
L’Alliance Française d’Edmonton, succursale de l’organisme international promouvant la langue française et la culture francophone, est ravie de proposer de nouvelles expositions artistiques et quelques spectacles tout au long de l’année.
Le 10 septembre, le centre a clôturé l’exposition The Levitation Project présentant des photographies du danseur et photographe français Mathieu Forget, qui travaille sous le pseudonyme Forgetmat. Axées sur la réalité augmentée, les œuvres de cette collection mettaient en vedette des athlètes français, comme le nageur Florent Manadou et la joueuse de tennis paralympique Pauline Déroulède. Une exposition qui a donné le ton de la prochaine saison artistique de l’Alliance Française.
Emma Huet, sa coordonnatrice culturelle, décrit avec enthousiasme la prochaine exposition qui sera présentée du 10 septembre au 9 novembre. Intitulée La France en noir et blanc, elle rassemble des instantanés de la vie quotidienne à travers l’Hexagone et la Belgique prise par le photographe parisien Lo Kee. L’occasion de visiter «Lyon, Paris, Angers, Anvers [et] Bruxelles».
Même si le siège social de l’Alliance Française se situe à Paris, Emma Huet souligne son objectif de représenter la diversité de toute la francophonie. Dans cette veine, le samedi 2 novembre, l’organisme accueillera le groupe de musique innu Maten, issu du nord du Québec, dans l’auditorium du Campus Saint-Jean.
De même, pour le Mois de la francophonie, mais aussi pour célébrer la Journée internationale de la femme le 8 mars, elle dévoilera l’exposition Le projet Nola : «Quand je serai grande, je serai… Pour une éducation inclusive pour les filles ici et à l’étranger». Cette dernière a pour but, précise l’Angevine d’origine, «de mettre en avant les portraits de femmes dans des pays où il y a la pauvreté, où l’éducation n’est pas accessible à tous».
Aussi le 8 mars, l’Alliance Française invite le collectif de marionnettistes québécois La Ruée vers l’or à présenter le spectacle Racontars arctiques qui traitent de la solitude qu’on peut ressentir dans le nord du pays. De plus, l’organisme prend en charge, comme chaque année, la présence de chanteurs francophones pour le festival de musique Make Music Edmonton qui a lieu en juin sur la rue 124, à quelques pas des locaux de l’Alliance Française.
Glossaire – Collectif : Qui représente plusieurs individus formant un ensemble caractérisé par un objectif commun