le Vendredi 26 avril 2024

«Monsieur le Député», comme certains l’appellent, est bien connu à la Cité francophone d’Edmonton. Dicky Dikamba dirige le CANAVUA, un organisme qu’il a créé il y a 10 ans pour promouvoir le bénévolat en français. Aujourd’hui nommé parmi les 10 lauréats du Palmarès des personnalités influentes de la francophonie canadienne de 2021 nous vous partageons ce portrait publié dans nos pages dans l’édition du 28 mai 2020.

Difficile à Edmonton de passer à côté de Dicky Dikamba. Ce Canadien d’origine congolaise est depuis 2009 à la tête du CANAVUA et de ses mille bénévoles. Élu personnalité du mois de mai par Radio Cité, il s’en félicite. « Je suis très heureux et cela me va droit au cœur ! » Retour sur le parcours de celui que l’on appelle Monsieur le Député.

«Je suis né au Congo, d’une fratrie de 11 enfants», explique-t-il, tout en rendant hommage à sa mère qui a su tenir le foyer d’une main de maître. Son père, lui, est historien et professeur à l’université pédagogique nationale de Kinshasa, «un grand défenseur des droits de l’homme». Dicky se remémore amusé, «très tôt, je suis devenu le parfait petit secrétaire de mon père». 

À l’époque, son père créé notamment une organisation non gouvernementale faisant la promotion des droits et libertés académiques. «Je le suivais partout, prenais des notes, envoyais son courrier. À l’occasion, je rencontrais des personnalités charismatiques et baignais donc dans ces valeurs universelles qui aujourd’hui m’accompagnent au quotidien», affirme-t-il.

De g à d : Aidan Macpherson, agent de liaison de CANAVUA et bras droit de Dicky Dikamba. Crédit : courtoisie CANAVUA

Le jeune secrétaire est devenu un élève brillant. Après une licence en droit à Kinshasa, il est envoyé en France pour suivre un certificat en droit comparé à l’institut international des droits de l’homme de Strasbourg. «Je n’oublierais jamais mon arrivée en France. C’était la liesse, l’équipe de France venait de gagner le mondial de football 98 !» Un instant d’euphorie, peut-être un peu court… 

France, terre d’accueil, terre de défis et d’opportunités

«Là-bas, j’étais un étudiant étranger. J’ai tout repris à zéro. Cela n’a pas été simple !», admet-il. Après son certificat, il s’installe à Tours, et continue son cursus en travaillant de nuit. «J’évoluais dans une clinique, département buanderie. Il fallait survivre !» Bien sûr, ses quatre années universitaires ont été semées d’embûches, mais «pourquoi se plaindre ?» Il sait combien le système éducatif français gratuit lui a été bénéfique.

Dicky Dikamba avec les bénévoles de CANAVUA pendant la fête du Noël multiculturelle de 2019. Crédit : courtoisie CANAVUA

Dicky Dikamba avec les bénévoles de CANAVUA pendant la fête du Noël multiculturelle de 2019. Crédit : courtoisie CANAVUA

Diplômé, il grimpe les échelons et devient cadre à l’archivage et l’économat. «C’était un choix réfléchi» explique-t-il, tout en s’excusant d’avance pour la suite : «à l’époque, la France était ainsi… Je savais qu’il serait difficile pour moi de faire la magistrature et le barreau. L’occasion a donc fait le larron !»

Difficile à décourager, il préserve en lui une flamme pour les organismes communautaires et se lance. «Ce fut de courte durée», mais certainement une répétition avant le grand saut. D’Ailleurs, il ne regrette rien et s’autoproclame comme un pur produit du pays. «Jamais je ne cracherais dans la soupe, ma situation était enviable. Il fallait néanmoins lire aussi entre les lignes…» Neuf ans plus tard, il quitte finalement la région tourangelle pour l’Alberta.

À lire aussi :

Amour, famille et francophonie minoritaire

«C’était à mon tour de rejoindre Tina, mon épouse. Je savais que le Canada m’offrirait des opportunités et que je pourrais m’y installer en famille», soutient-il, sans oublier ses premiers pas à la Cité francophone. «Arrivé le 2 août 2008, le trois, j’ai proposé mes services de bénévoles à qui voulait bien l’entendre. L’Alliance française et le Centre d’accueil ont répondu présents !»

Chaque mercredi, durant la pandémie, Dicky Dikamba retrousse ses manches pour livrer des denrées aux familles francophones dans le besoin. Crédit : courtoisie CANAVUA

Chaque mercredi, durant la pandémie, Dicky Dikamba retrousse ses manches pour livrer des denrées aux familles francophones dans le besoin. Crédit : courtoisie CANAVUA

Souvent dans l’attente, il réalise rapidement la nécessité de créer un organisme qui facilite la promotion et la valorisation des bénévoles. Une idée, un concept, une petite équipe et «le tour est joué !» Il choisit un acronyme anglophone afin de créer des passerelles avec la communauté dominante pour soutenir «la communauté plurielle francophone» et «s’accommoder au milieu» :  CANAVUA (Canadian Volunteers United in Action – Volontaires unis dans l’action au Canada). Un choix stratégique qui, depuis dix ans, fait ses preuves.

«Pouvoir tenir un organisme comme le CANAVUA, cela demande un «leadership», mais l’accent doit être mis sur l’aspect social de notre mandat. Il est important de réaliser que durant cette pandémie, nous démontrons la quintessence du bénévolat.» – Dicky Dikamba

Il retient cette belle aventure humaine sans en oublier les petits accrocs. C’est avec un grand sourire, qu’il accepte d’évoquer cette pugnacité qui lui permet «d’ouvrir la porte de gauche si celle de droite est fermée», et ajoute, la main sur le cœur: «sans mon épouse, je ne serais pas arrivé là où je suis !»

Et après…

«La francophonie albertaine est dans la survivance, mais aujourd’hui de nouveaux joueurs arrivent, avec leurs compétences et leurs expertises, laissons leur la place de s’exprimer !» explique-t-il, espérant ainsi voir d’autres chefs de file positifs issus de communautés ethnoculturelles variées.

Gestionnaire visionnaire et hyperactif, il délègue, mais accompagne ses équipes sur tous les terrains. Il s’amuse d’ailleurs lorsque certains l’apostrophent ainsi : «Ah, notre député !» En parlant politique, il souligne l’importance des enjeux de la francophonie. «J’ai connu 4 premiers ministres. Ils sont toujours venus vers moi, preuve qu’ils reconnaissent le travail que l’on fait, et ce, peu importe la couleur !», se délecte-t-il, en laissant planer le doute sur l’avenir. 

«Le CANAVUA est une institution que nous léguons à la postérité ! J’ai une très belle équipe qui m’entoure. Le moment venu, Dicky partira, un autre prendra sa place avec sérénité», assume-t-il, sans réellement verbaliser ses aspirations politiques. L’avenir nous le dira certainement…

Il y a de ces plats à Noël que l’on souhaite retrouver sur la table année après année. Le ragoût de boulettes et de pattes de cochon fait partie de ces classiques. S’il rime avec tradition, rien ne l’empêche de changer avec les époques. Cette recette nous permet d’apprécier la qualité des produits de la région (le porc de la ferme Bear and the Flower et les légumes de la ferme Sudo).

Le chef Éric Beaupré dans sa tenue de travail. Crédit : Courtoisie

LE RAGOÛT DE BOULETTES ET PATTES DE COCHON DE LA FERME BEAR AND THE FLOWER

INGRÉDIENTS

Jarrets de porc

Boulettes

Sauce

À lire aussi : Les recettes de la famille Mailloux pour les fêtes de fin d’année

PRÉPARATION

Jarrets de porc

Boulettes

Sauce

Pour faire de la farine grillée maison

Il suffit de faire griller de la farine tout usage non blanchie dans une poêle en fonte ou antiadhésive, à feu moyen, en remuant à l’aide d’une cuillère de bois jusqu’à ce qu’elle prenne une teinte couleur caramel. Passer au tamis.

Québécois d’origine, Éric Beaupré est un passionné de cuisine et un grand amateur de sports de plein air. Sa carrière culinaire montante, combinée à son amour pour la nature, l’a d’abord conduit vers les Rocheuses canadiennes et dans les Prairies où il a travaillé quelques années dans plusieurs propriétés Fairmont. Récemment, il a été nommé chef exécutif pour deux hôtels de la chaîne Marriott, soit le Marriott Calgary Airport et le Delta Airport. 

À la maison, Éric veille soigneusement sur son potager et est inspiré par tous les légumes de saison qu’il y cultive. Dans son nouveau rôle de chef exécutif, Éric élabore ses plats avec des ingrédients frais et colorés qu’il aime – idéalement – choisir lui-même lors de ses visites chez ses agriculteurs préférés. Avec une approche judicieuse de la nutrition, son esprit créatif est stimulé par les contacts qu’il entretient avec des collègues inspirants et des producteurs remarquables. Avec son parcours professionnel axé sur la mise en valeur du produit et sa recherche de la qualité, Éric mise sur une atmosphère de cuisine qui laisse place à la croissance, au développement et à la créativité.

 

Ce 27 septembre, la nuit tombe tranquillement sur le «Village» à Montréal. Plus de 80 personnes se faufilent entre les gouttes pour rendre un dernier hommage à Michel Joanny Furtin. Rédacteur en chef de notre journal pendant quelques mois, il a été remercié pour l’ensemble de son travail dans la communauté québécoise et LGBTQ+.

Travailleur social et journaliste, il était avant tout un ardent défenseur des droits de la personne et de la justice sociale. C’est à ce titre que la députée Manon Massé, députée de Sainte-Marie-Saint-Jacques à l’Assemblée nationale du Québec, a bouleversé son emploi du temps pour lui remettre à titre posthume la Médaille de l’Assemblée nationale.

Stephan reçoit des mains de Manon Massé la médaille de l’Assemblée nationale du Québec. Crédit : André Querry

Fébrile, les yeux rougis, Stephan, son partenaire de vie depuis toujours, n’a pu retenir ses larmes pendant que Manon Massé lui remettait cette médaille et disait quelques mots. «J’aimais ça quand il nous [les politiciens] ramassait, quand il avait des choses à dire, on le savait directement. Il a créé beaucoups de cohésion dans notre communauté, car il avait beaucoup d’amour pour cette communauté».

Denis-Daniel Boulé salut son ami de toujours. Crédit : André Querry

Elle avouera aussi leur complicité lorsqu’il s’agissait de grignoter les gourmandises des buffets où ils se retrouvaient. Une façon de sécher les larmes déversées par le public et de retrouver les rires qui nourrissaient au quotidien l’âme de Michel. 

Hallelujah, l’hymne à l’Amour

La cérémonie a eu lieu au Cocktail, rue Sainte-Catherine, un lieu où la communauté LGBTQ+ a l’habitude de se retrouver pour jaser autour d’un verre. Le tout avait débuté avec la performance de Julie Vaillancourt devant une audience silencieuse. 

Julie Vaillancourt interprète Halleluja, de Léonard Cohen, l’une des préférées de Michel. Crédit : André Querry

Au son de l’œuvre de Léonard Cohen, Hallelujah, la tension était palpable. Il fallait dire au revoir à Michel. L’artiste n’a pas failli durant son interprétation. Très proche de Michel, Julie a finalement laissé, elle aussi, échapper quelques larmes. 

Un ami de tous, une belle personne

Finalement, Denis-Daniel, son ami, son voisin, son compagnon d’opéra est monté sur scène pour dire quelques mots. Les siens, mais aussi ceux de la famille qui participait à la cérémonie grâce à la technologie. Celle-là même qui faisait tant suer Michel. Un juste retour des choses, peut-être.

Que cela a été dur! Les yeux encore rougis, les lunettes embuées, les mains tremblantes, il a su trouver les mots pour dire un dernier adieu à son ami de toujours. «Derrière sa bonhommie, sa gentillesse et malgré ses colère épiques contre le matériel, il était réceptif, sans chercher à se faire valoir sans être à la recherche du vaine et éphémère reconnaissance.» 

Des mots teintés d’humour, d’amour, mais aussi de solitude. Cette solitude dans laquelle tous ceux qui ont connu Michel se retrouvent aujourd’hui.

Aux commandes de ce nouveau point de service sous l’égide d’Investissement Québec, un nom qui résonne dans toute la francophonie albertaine : Julie Fafard. La cheffe de poste du Bureau du Québec à Toronto, Catherine Tadros en est persuadée, «on a trouvé la perle rare pour nous représenter dans la capitale économique albertaine».

Parmi les prérequis pour obtenir le poste d’attachée économique à Calgary, il fallait «quelqu’un qui connaît extrêmement bien le marché local, qui a un bon réseau et qui peut faire du développement et de l’accompagnement d’entreprises», explique Catherine Tadros. 

Un profil le poste «tout à fait adapté à celle qui fut pendant onze ans la directrice du développement touristique et entrepreneuriat au Conseil de développement économique de l’Alberta (CDÉA)». «Julie Fafard est capable de s’adapter aux différents secteurs économiques albertains», explique la cheffe de poste du Bureau du Québec à Toronto.

Une équipe et des partenaires

Julie Fafard pourra notamment s’appuyer sur l’expérience de ses collègues installées à Vancouver pour remplir ses futurs mandats. «Elle devra aider les entreprises du Québec à tisser des liens avec les entreprises albertaines, de futurs clients et des partenaires, en Alberta, mais aussi dans l’Ouest canadien».

Lorsque la rédaction évoque le CDÉA et son rôle important auprès des entrepreneurs, Mme Tadros se veut rassurante. «Nous n’avons pas les mêmes mandats et nous travaillons déjà en pleine collaboration avec l’organisme».  

Car, si le CDÉA accompagne des entrepreneurs francophones albertains, le Bureau du Québec à Toronto accompagne et facilite l’implantation d’entreprises québécoises sur le sol albertain. Elle ajoute, enthousiaste, «on est aussi à l’écoute des besoins des organismes francophones en milieu minoritaire, de l’économie francophone, c’est un travail gagnant-gagnant. On ne se pile pas sur les pieds !»

On peut d’ailleurs citer deux exemples d’entreprise qui a pu bénéficier des services du Bureau du Québec à Toronto.  L’usine Enerkem d’Edmonton, qui depuis 2014 effectue la conversion des déchets non recyclable, non compostable en biocarburants, et l’entreprise Pesca environnement, spécialisé comme son nom l’indique dans l’impact environnemental des industries.

Le commerce interprovincial en ligne de mire 

«Encore plus aujourd’hui, avec la pandémie et ses effets sur le commerce international, le Québec se doit d’enrichir le tissu économique des provinces», déclare Mme Tadros. Elle souligne les conséquences de la pandémie, les difficultés d’approvisionnement auprès des grandes nations commerciales comme la Chine et les États-Unis pour y voir une opportunité du Québec. 

La cheffe de poste du Bureau du Québec à Toronto, Catherine Tadros. Crédit : Courtoisie

«Julie Fafard sera nos yeux et nos oreilles en Alberta, notamment dans les domaines des énergies et des nouvelles technologies», dit-elle, tout en insistant sur la diversité économique dont a besoin l’Alberta aujourd’hui. 

Elle souligne d’ailleurs la nécessité de ce bureau albertain pour un marché très différent de celui de la Colombie-Britannique. «Vancouver et Calgary sont deux marchés très différents, mais nous espérons faciliter le maillage, pour accentuer ce commerce interprovincial si important». Aujourd’hui, il représente 40% des ventes hors de Québec pour 80 milliards de dollars.

«Dans la globalité, nous travaillons avec 300 entreprises par année», ajoute-t-elle. Un chiffre qu’elle espère voir augmenter avec cette antenne à Calgary et la présence de Julie Fafard. «L’Alberta achète annuellement 4 milliards de marchandises au Québec. Le Québec, 5 à l’Alberta. Nous devons donc faire mousser nos ventes et diversifier nos produits», conclut-elle. «Un défi particulier», reconnaît-elle, pour les équipes économiques déployées dans l’Ouest canadien.

En chiffres

Les 5 biens québécois les plus importés en Alberta

Principaux biens Valeur

(M$ CA)

Part des exportations à destination de l’Alberta

(en pourcentage)

 
1. Cigarettes, cigares, tabac à chiquer et à fumer 363,1 8,6
2. Autre matériel de transport et pièces connexes 359,0 8,5
3. Lait de consommation et produits de lait transformés 229,1 5,4
4. Fromage et produits du fromage 226,5 5,3
5. Matériaux pour bâtiments et pour la construction en plastique et en mousse 144,7 3,4

 

Les 5 services québécois les plus importés en Alberta

Principaux services Valeur

(M$ CA)

Part des exportations à destination de l’Alberta

(en pourcentage)

 
1. Conception de systèmes informatiques et services connexes (sauf le développement de logiciels) 658,8 12,6
2. Services des sociétés de portefeuille et autres services d’investissement financier et services connexes 336,1 6,4
3. Services d’assurance-auto 256,5 4,9
4. Services d’assurance-responsabilité et d’autres assurances de biens et de risques divers 215,9 4,1
5. Services de transport de voyageurs par air 187,2 3,6

 

Les 5 biens albertains les plus exportés au Québec

Principaux biens Valeur

(M$ CA)

Part des importations en provenance de l’Alberta

(%)

 
1. Pétrole brut classique 1 200,0 23,6
2. Bœuf et veau frais et congelés 1 099,1 21,6
3. Gaz naturel 735,0 14,5
4. Pétrole brut synthétique 210,9 4,2
5. Liquides de gaz naturel et produits connexes 187,1 3,7


Les 5 services albertains les plus exportés au Québec

Principaux services Valeur

(M$ CA)

Part des importations en provenance de l’Alberta

(%)

 
1. Repas préparés 364,7 13,1
2. Services de location et de location à bail de machines et matériel d’usage commercial et industriel (sauf le matériel de bureau) 155,0 5,6
3. Services d’architecture et d’ingénierie et autres services connexes 152,1 5,5
4. Services de transport de voyageurs par air 149,3 5,4
5. Traitement de données, hébergement de données et services connexes 129,1 4,6

 

 

 

 

Source : Statistique Canada (2017)

 

Pour le président de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA), Jean Johnson, ce sommet est une nouvelle expérience. Il va permettre de réunir les forces vives francophones du pays à celle du Québec, co-instigateur de l’événement, qui se déroulera de façon virtuelle du 12 au 17 juin prochain.

IJL-Franco.Presse-Le Franco

«On oublie la notion d’états généraux des années 60 et l’amertume qu’ils avaient déposée dans les communautés. Aujourd’hui, nous sommes réunis pour créer une relation durable avec le gouvernement québécois», espère Jean Johnson.

Car, si effectivement la ministre responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne, Sonia Lebel, s’est engagée avec la FCFA pour mettre en place ce sommet très attendu, le gouvernement québécois devra y trouver sa place. 

Jean Johnson, président de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA). Crédit : Courtoisie

Pour répondre à ceux qui ne voient pas forcément d’un bon œil cette «appropriation» québécoise, Jean Johnson se montre rassurant. «Nous ne voyons pas le Québec comme un chef de file, mais plutôt comme un partenaire de bonne volonté pour les francophonies plurielles en milieu minoritaire», insiste-t-il. 

Revoir la politique en matière de francophonie 

Il espère, durant ce sommet et les ateliers qui y sont proposés, ouvrir un dialogue continu avec le gouvernement québécois et mettre en place des mécanismes de communication avec la société civile. Et pour ceux qui douteraient du rôle de la FCFA, il insiste: «on est là pour se prendre en main comme regroupement pancanadien et renforcer la place du français dans nos communautés».

Il poursuit : «le Québec a autant besoin de nos communautés que nous avons besoin de lui. Nous représentons 25% des francophones au pays». Un chiffre non négligeable. Là encore, il en est persuadé, la promotion et le renforcement du français doivent se faire conjointement, «on est tous à la table des discussions».

Parmi les points qu’il espère voir avancer, c’est la reconduite d’une nouvelle politique du Secrétariat du Québec aux relations canadiennes (SQRC). Celui-ci, explique-t-il, contribue essentiellement à distribuer des ressources financières ciblées aux communautés en milieu minoritaire. «Il est temps de voir une plus grande ambition de la part de l’investissement du Québec envers nos communautés». Il souligne d’ailleurs que le Québec aura aussi les moyens de mieux connaître les réalités de celles-ci.

Une démarche paternaliste décriée

Lorsque l’on cite la Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français – Section III, et son article 29.6 concernant la baisse des frais de scolarité pour ceux qui désirent aller étudier au Québec, Jean Johnson temporise. Il souligne que les conversations entre la FCFA et Simon Jolin-Barette, ministre responsable de la langue française et sa proposition de faciliter l’accès aux études postsecondaires «partait d’une bonne volonté».

À l’inverse, il ne caractérise pas cette conversation de consultation. En effet, dès lors qu’il reçoit sous embargo une copie du projet de loi, il tente de renouer le dialogue et retient que, «le ministre est ouvert à évoluer sur ce point».

Jean Jonhson reste prudent, mais confiant, et sera, dit-il, le premier à dénoncer cette ouverture à la concurrence «qui ne peut qu’affaiblir nos institutions en milieu minoritaire» si elle s’impose. Néanmoins, il invite à la prudence et au dialogue en admettant que certains étudiants, n’ayant pas le choix, quitteront les provinces et les territoires pour le Québec. 

Mais là encore, il souligne la nécessité d’être tous unis pour contrôler la mobilité de ces jeunes: les parents, les institutions en place, les responsables communautaires, mais aussi les jeunes étudiants qui aspirent à d’autres horizons. 

Il ne croit d’ailleurs pas au «chèque en blanc». Il opte pour un travail de partenariat et d’accompagnement tout en décriant aussi une certaine passivité de l’Université de l’Alberta pour développer son volet bilingue grâce au Campus Saint-Jean. «Le mode panique et survie du Campus Saint-Jean ne devrait plus être !».   

La table est donc mise. Au menu, une volonté de construire et de s’assurer que les gestes posés dans le domaine postsecondaire soient de nature à aider le développement des institutions en milieu minoritaire. «Rien n’est coulé dans le béton», annonce le président de la FCFA.

Pour survivre, il faut un même objectif

«L’état du français partout au Canada, mais aussi au Québec n’est pas enviable», assure-t-il. Il croit en la force, la compétence, et les capacités de nos institutions afin de promouvoir le Français. Il rend d’ailleurs hommage à Sheila Risbud, la présidente de l’Association canadienne-française de l’Alberta pour son travail afin de rassembler les forces vives et «ramer dans la même direction». 

Il avoue lui-même humblement être loin de l’action du développement communautaire au quotidien. Il a néanmoins une pleine confiance dans les responsables de la francophonie en Alberta et en ceux de la FCFA pour unir leurs intérêts communs et promouvoir la place du français dans la province.  

«Lors du sommet, nous nous assurerons que les chefs de file de la francophonie minoritaire puissent dialoguer avec le gouvernement québécois.» Il insiste sur l’aspect collaboratif des débats. Il rejette aussi le «parachutage de valeurs qui ne nous correspondent pas».

Quelques chiffres sur la francophonie albertaine 

Canada : 7 914 498 francophones – 22,8 % de la population canadienne

Alberta : 79 838 francophones – 2 % de la population canadienne

(Selon Statistiques Canada – 2016)

Le recensement 2021 va être révélateur de l’évolution de la francophonie minoritaire dans les provinces.

En alberta :

L’Alberta compte quelque 2 000 communautés et sites naturels qui portent des noms d’origine française.

L’Alberta compte 4 municipalités officiellement bilingues :

– Ville de Beaumont

– Municipalité de Legal

– Municipalité de Falher

– Hameau de Plamondon

(Source : Gouvernement de l’Alberta – https://www.alberta.ca/fr-CA/francophone-heritage.aspx)

L’Association bilingue des municipalités de l’Alberta (ABMA) compte 17 municipalités.

En savoir plus : https://lecdea.ca/abma/

La diversité, une grande partie de la solution

Jean Johnson prévient, «en milieu minoritaire, cela fait 200 ans que nous sommes en crise linguistique. Au Québec, il risque cette même situation d’ici 20 ans, d’où l’importance de travailler ensemble.» Alors si le Québec fait partie de cette réflexion, la diversité culturelle est selon lui une des solutions pour préserver la place du français au Canada. 

Il insiste sur le dossier de l’immigration, un des plus importants pour la fédération. Il espère notamment profiter du sommet pour réitérer le fait que les cibles de l’immigration francophone doivent être revues et finalement atteintes. Il cite notamment le document de travail du gouvernement fédéral sur les langues officielles qui évoque l’immigration et l’immersion comme vecteurs pour contrer le recul du français au pays.

Il note que la cible fédérale de 4,4% d’immigration francophone dans les régions hors Québec existe depuis 2003, «mais n’a jamais été atteinte». Selon l’évaluation de la SCFA, il manque 120 000 nouveaux citoyens francophones dans les provinces, «cela veut dire des centaines d’institutions scolaires, mais aussi bâtir et augmenter la capacité de nos institutions dans le maintien du poids démographique». 

Un manque évident pour ces établissements de petite taille comme le Campus Saint-Jean ou le Centre collégial de l’Alberta sans oublier celles qui pourraient naître. Il invite d’ailleurs le gouvernement fédéral à profiter de l’expertise des provinces. «Nous avons des experts en immigration dans les provinces, il est temps que le gouvernement fédéral leur ouvre la porte pour trouver une solution à l’immigration francophone dans nos provinces!» 

Finalement, il sait que les nombreux ateliers mis en place durant le Sommet sur le rapprochement des francophonies canadiennes vont être une opportunité de réunir les bonnes volontés de partout au pays.

 

Lorsqu’on lit entre les lignes de l’article 29.6 du projet de loi 96 présenté ce vendredi à l’Assemblée nationale du Québec, on peut craindre quelques grincements de dents. Très vite, de nombreuses voix en Alberta ont montré leur désaccord.

IJL-Franco.Presse-Le Franco

Valérie Lapointe-Gagnon, professeure agrégée d’histoire et des droits linguistiques à la Faculté Saint-Jean en est persuadée, « l’abaissement des droits de scolarité pour les francophones en milieu minoritaire désireux de partir étudier au Québec, cela part d’un bon sentiment. » Il faut signaler que ce projet de loi 96 vient renforcer les directives de la fameuse Loi 101, ou Charte de la langue française, faisant du français la langue officielle du Québec (26 août 1977).

Valérie Lapointe-Gagnon est professeure agrégée d’histoire et des droits linguistiques à la Faculté Saint-Jean, Université de l’Alberta. Crédit : Courtoisie

Mais à y regarder à deux fois, elle évoque aussi un risque réel d’affaiblir très rapidement « une francophonie en milieu minoritaire déjà très fragile ». La spécialiste en droits linguistiques ne nie pas le fait qu’il est toujours de bon augure pour les étudiants d’avoir un choix exhaustif de programmes en Français disponibles au pays. À l’inverse, elle craint un désaveu pour les programmes existants, notamment au campus Saint-Jean, déjà peu nombreux.

Isabelle Laurin, Directrice générale de l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA) émet elle aussi de sérieuses réserves sur les conséquences d’un tel projet pour la diversification des programmes universitaires en français dans les provinces de l’Ouest. 

«Les étudiants peuvent se prévaloir de cette disposition si le programme qu’ils désirent n’existe pas en Alberta. Mais c’est oublier la synergie présente entre les universités en milieu minoritaire», avance-t-elle. En effet, il existe une certaine complémentarité entre les établissements postsecondaires permettant d’avoir dans chaque province des expertises et des programmes différents.

Celle-ci assure une certaine mobilité des étudiants francophones notamment entre l’Alberta, la Saskatchewan et la Colombie-Britannique. Inquiète, elle imagine que si « ces étudiants, albertains ou non, qui auraient choisi le Campus Saint-Jean, partaient au Québec, cela fragiliserait très vite ses programmes. »    

La boîte de Pandore pour les gouvernements conservateurs

La Directrice générale de l’ACFA, soucieuse, évoque une possible dé-responsabilisation du gouvernement albertain notamment lorsqu’il faudra financer le développement de nouveaux programmes. Elle craint un «Just go back to Québec !»

Isabelle Laurin est Directrice générale de l’Association canadienne-française de l’Alberta. Crédit : Courtoisie

Il est aussi clair pour Valérie Lapointe-Gagnon que le message envoyé à certains gouvernements, notamment celui de l’Alberta ou du Manitoba, qui ne «porte pas dans leur cœur l’éducation postsecondaire en français», n’est pas le bon. 

«On est déjà victime de coupes budgétaires incroyables, alors si demain le gouvernement du Québec leur dit qu’ils n’ont pas besoin d’investir, car il va offrir les programmes à leur place, ce n’est pas certain que cela fonctionne.»

Une fuite des cerveaux difficile à imaginer 

Face aux risques de voir les bancs du Campus Saint-Jean se vider, Isabelle Laurin reste tout de même optimiste, «le programme d’éducation notamment est un programme qui attire une grande majorité d’étudiants qui ne pourront partir au Québec.» À l’inverse, certains baccalauréats en sciences humaines ou en sciences de la santé pourraient voir certains étudiants se tourner vers d’autres programmes offerts de l’autre côté du pays. 

Valérie Lapointe-Gagnon prévient, «si petit soit-il, un exode des cerveaux peut paraître énorme pour une francophonie en Alberta ou en Colombie-Britannique». Elle craint notamment un effet boule de neige qui pourrait facilement mettre à terre le corps enseignant, mais aussi la vitalité de la communauté francophone. Une communauté et des responsables de la francophonie «intimement liés au Campus Saint-Jean» ajoute Isabelle Laurin.

Un leadership québécois bien accueilli même si…

Alors que le Québec s’approprie le rôle du chef de file pour la promotion et la protection du français au Québec et dans les communautés en milieu minoritaire, la directrice de l’ACFA accepte d’y voir la preuve d’une bonne volonté. Elle évoque une approche «paternaliste» peut-être maladroite, qui pourrait devenir «collaborative.»

«Nous n’avons pas été consultés, et pourtant des démarches ont été faites auprès des ministres concernés», explique-t-elle. Un même son de cloche qui résonne aussi du côté de la spécialiste en droit linguistique, «nous aurions aimé trouver des solutions, éviter une relation en sens unique, créer des échanges, des partenariats». Finalement, ne pas être devant le fait accompli !

Néanmoins, Isabelle Laurin comme Valérie Lapointe-Gagnon osent espérer qu’il n’est pas trop tard, et que les prochains évènements, dont le Sommet sur le rapprochement des francophonies canadiennes, ou le processus d’états généraux entamé par l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne avec la Fédération des communautés francophones et acadiennes du Canada seront des lieux d’échanges et de réflexions pour trouver des solutions aux défis d’un tel projet de loi.

Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français – Section III, article 29.6. Un article qui fait grincer des dents de nombreux responsables de la Francophonie en milieu minoritaire.

Pour plus d’informations : 

Sur le projet de loi 96 : https://bit.ly/34klkIl

Sur le sommet sur le rapprochement des francophonies canadiennes :

https://sommetfranco2021.gouv.qc.ca

L’entreprise d’Éric Mépong, MEPS Air Quality, a le vent en poupe. Parti de peu, son fondateur est aujourd’hui un acteur incontournable dans la maintenance et l’assainissement des installations de chauffage et de climatisation. Aujourd’hui, il vit sa croissance avec certaines valeurs immuables : la famille, le bien-être de ses collaborateurs et de ses clients.

Arrivé à Montréal, le 25 août 1999, en provenance de son pays natal, le Cameroun, pour y poursuivre ses études, son parcours n’a pas été sans rebondissements. «À l’époque l’immigration, ce n’était pas comme aujourd’hui. En tant qu’étudiant, tu n’avais pas le droit de travailler», raconte-t-il. 

Il se retrouve très vite dans une situation complexe et décide de quitter Montréal après une année en art et science. Il s’installe alors chez son «grand» frère à Atlanta (USA) et obtient son diplôme en télécommunications. Plus tard, il acquiert sa résidence permanente au Canada et retourne y vivre en 2003. 

Éric Mépong n’oublie jamais de sourire pendant sa journée.

Aujourd’hui, s’il est à Edmonton, c’est d’abord pour sa famille. «J’étais auparavant à Montréal. Quinze ans dans la fibre optique pour Bell Canada, mais je devais rejoindre mon épouse et mes enfants», explique-t-il. En effet, son épouse, Caroline, y poursuivait sa carrière dans le biomédical. 

Son âme d’entrepreneur prend le dessus

Éric Mépong a toujours été entrepreneur. «À Montréal, j’avais déjà ma petite entreprise les fins de semaine.» Une entreprise de climatisation qu’il avait développée après avoir suivi une formation en parallèle durant son cursus universitaire aux États-Unis. 

Arrivé en Alberta, sans emploi, il fait rapidement une analyse du marché, et suppose qu’il va pouvoir relancer sa petite entreprise rapidement. «En Alberta, les maisons ont toutes un système de climatisation centralisé. Les propriétaires ont besoin de maintenance», explique-t-il. 

Afin de comprendre le langage entrepreneurial de l’Alberta, mais aussi la façon de travailler dans la province, il se fait embaucher chez les meilleurs. Un an après, le 25 février 2018, il enregistre son entreprise. «On ne réinvente pas; on prend le concept, on l’adapte, on l’améliore et on se diversifie.» 

Simple sur le papier, il vivra comme tout un chacun quelques déconvenues. Humble, organisé et rigoureux, il ne s’est jamais découragé.  Aujourd’hui, il propose la maintenance, mais aussi l’installation de systèmes de ventilation, de chauffage, de déshumidificateur et purificateur d’air, d’assainissement, et aussi de nettoyage de moquettes et de tapis.  

La francophonie comme «cheval de bataille»

Éric Mépong ne se prive jamais de parler français avec sa clientèle. «Je suis très fier de ma langue et j’espère pouvoir très vite rejoindre toute la communauté francophone avec mon entreprise.» 

Il souligne d’ailleurs qu’il y a aujourd’hui «une pléthore de francophones en Alberta et que c’est très encourageant pour l’avenir». Il insiste d’ailleurs sur le fait que la moitié de son personnel est bilingue afin de mieux répondre à cette clientèle francophone.

La flotte d’automobiles de son entreprise MEPS Air Quality

À la maison, c’est tous les membres de la famille qui parlent dans la langue de Molière, «mon épouse et moi communiquons avec nos quatre enfants en français, et ils étudient tous en français!» Excepté peut-être, le petit dernier encore à la garderie.

Chef d’entreprise et père de famille, une seule réalité

Éric Mépong semble infatigable et il s’en amuse, «mes journées sont très longues pour pouvoir répondre à mes obligations familiales, mais cela fait aussi partie de la vie!» Il sait d’ailleurs qu’il peut toujours compter sur son épouse pour le soutenir au quotidien, même si elle aussi à une vie professionnelle très bien remplie.

Il se remémore ses débuts avec une nostalgie joyeuse, «faute de budget, j’ai commencé très petit. Mon Dodge Caravan, un compresseur à 1000$, et je partais nettoyer les conduits de sécheuses à domicile». Aujourd’hui, l’homme d’affaires à une quinzaine d’employés, une flotte de véhicules importante et «beaucoup plus de maux de tête». 

«Mais, c’est ainsi, admet-il. La vie est faite de défis, il faut les accepter». Il ne s’arrêtera donc pas en si bon chemin. Conscient qu’il veut toujours préserver cette unité familiale qui lui est chère et ce temps de qualité qu’il partage avec sa famille, il espère tout de même aller plus loin.  

L’avenir est à la «multinationale» interprovinciale

«J’espère devenir numéro 1 ici, mais aussi en Saskatchewan et en Colombie-Britannique», déclare-t-il, avec simplicité et une petite pointe d’humour. Mais il sait que cela ne pourra pas se faire sans le bien-être et le respect de ses employés. 

L’image de l’entreprise se doit d’être bien représentée, et pour cela il met l’être humain au centre de ses priorités. «Pour offrir un excellent service à la clientèle, le meilleur conseil, je dois avoir des employés contents de se lever le matin, c’est essentiel.»

Logo de l’entreprise

Quant à lui, il sait pourquoi il ne lâche rien : «notre travail à un impact direct sur la santé des gens. Assainir un bâtiment et maintenir une installation de ventilation est indispensable au bien-être de la personne.» Il remercie d’ailleurs sa clientèle qui n’oublie jamais de lui assigner de bons mots sur le web.

Proactif et visionnaire, il espère très vite pouvoir offrir plus de solutions durables à sa clientèle, notamment grâce aux énergies renouvelables. «Nous avons tous des enfants. Pour eux, nous devons protéger notre planète, chacun à notre niveau», conclut-il, alors que la sonnerie du téléphone reprend ses droits.

Pour contacter Éric Mépong : 

MEPS AIR QUALITY

infos@mepsairquality.com

+1 780 394 3833

http://www.mepsairquality.com

 

Lorsque Suzanne de Courville Nicol, présidente et fondatrice du Bureau de visibilité de Calgary, se déplace pour se faire vacciner, elle n’oublie en aucun cas de porter les couleurs de la francophonie. Apprêtée de son masque «STOP-ARRÊT, le virus» aux couleurs de notre journal, elle nous raconte son aventure.

À 71 ans, la fervente supportrice n’arrête jamais. Avec son agenda de ministre, «je n’avais pas encore pris le temps de savoir comment réserver ma place pour le vaccin Pfizer contre la COVID-19».

Suite à une conversation avec son pharmacien Ibrahim, elle reçoit chez elle, avec ses prescriptions régulières «des pages et des pages de toutes sortes d’informations qu’il avait gentiment imprimées pour moi». Dans celles-ci, les noms et les coordonnées des nombreuses pharmacies à Calgary qui administrent les vaccins.

Un rendez-vous rapide

Sous les conseils de son ami Rob Lennard, fervent supporteur du quartier francophone de Rouleauville (Calgary) et son «Jiminy Cricket», elle décide de prendre rendez-vous. «Le 15 avril, je commence mon aventure en ligne». Elle s’étonne d’ailleurs de pouvoir prendre rendez-vous pour le lendemain matin, à 11h10, à la pharmacie Safeway, à Castleridge dans le nord-est de Calgary.

Suzanne attend patiemment son tour. Crédit: courtoisie – Lynda

«Wôw!  Je n’en revenais pas que cela soit si rapide et si facile! … Mais … ce n’était pas tout à fait le cas.» Elle arrive dans le magasin juste avant l’heure, tel qu’on lui a préconisé. Son téléphone sonne : «On s’excuse et on me dit que malheureusement, on a commis une erreur, car Castleridge distribue seulement l’AstraZeneca ! Un vaccin qui n’est pas conseillé pour les gens de mon âge, m’explique la personne au téléphone.»

Un espoir de perdu, un autre de retrouvé

Finalement, elle est redirigée vers la pharmacie du Safeway, à Whitehorn. «Cet établissement distribue le vaccin Pfizer. C’est celui qu’il me faut, et c’est d’ailleurs là où je voulais aller en premier lieu, car c’est très proche de chez moi», explique-t-elle, amusée.

Elle insiste et demande, «pouvez-vous les appeler pour leur dire qu’il y a eu une erreur et que je suis en route?». C’est par la négative qu’on lui répond en soulignant que les réservations se font en ligne, mais que le site Web de cette pharmacie n’est pas encore actif !

Suzanne reçoit son vaccin avec cette fierté francophone qu’on lui connaît. Crédit: courtoisie – Lynda

«Quoi faire ?» Elle retourne à sa voiture et se rend à ladite pharmacie, et comme de raison, «pas question de recevoir le vaccin juste comme ça !». La réservation en ligne est toujours obligatoire. On lui souligne d’ailleurs que «le site sera actif dans quelques instants et qu’il y a des disponibilités dès lundi 19 avril à midi».

«Longue histoire courte», sa réservation est enfin faite en ligne. Le 19 avril à midi !

Tout est bien qui finit bien

«C’est aujourd’hui ! Cela s’est finalement très bien passé!» 

Aucun délai, aucun effet secondaire, pas de problème. Elle remercie au passage Lynda, sa voisine de laboratoire, qui prend alors «ces photos historiques» où elle arbore ses couleurs francophones.

Pour plus d’informations :

Bureau de visibilité de Calgary : https://www.bvcalgary.ca

Rob Lennard : https://thehistorywrangler.bandcamp.com

Élyse et Venice sont deux jeunes mamans amoureuses depuis 17 ans. L’une a donné naissance à Anastasia, l’autre à William. Deux bouts de choux qui grandissent aujourd’hui dans une maison où seul le bonheur a sa place. Entre doutes et certitudes, l’amour ressort toujours vainqueur.

« Être maman, avoir des enfants, impossible de dire quand nous avons eu cette idée ! C’était juste la prochaine étape dans notre vie de couple », évoque Élyse. Il faut dire que le temps passe. Les deux jeunes femmes se sont connues au secondaire et ne se sont jamais quittées.

« Nous devions trouver un géniteur. Nous avons donc fait le tour de nos amis, des connaissances, des amis d’amis, mais le doute s’est installé », dit-elle. Malgré des textes de loi clairs sur la filiation en Alberta, les rumeurs perçues dans la communauté LGBTQ+ les ont dirigés vers une autre solution. 

Elles choisissent donc de trouver un donneur aux États-Unis. « Au Canada, il est interdit d’acheter du sperme et nous voulions savoir qui serait le donneur ». Venice a porté leur premier enfant; le donneur ressemblait physiquement à Élyse, avec les qualités de l’une et l’autre ». Celui-ci fut finalement le géniteur de leurs deux enfants. C’était important qu’« Anastasia et William soient frère et sœur de sang quelque part ».

À chacune ses rôles

Lors de la grossesse de Venice, Élyse entamait elle aussi son protocole pour devenir maman. « Pour Venice, l’insémination naturelle (in vivo) n’a pas fonctionné, elle a dû recourir à la Fécondation in vitro », explique Élise. De son côté, elle a fait le choix de recourir directement à la fécondation in vitro et éviter ainsi certaines erreurs de la première grossesse.

Leur première fête des Mères, Élyse s’en souvient très bien : « nous étions toutes les deux maganées ». La petite Anastasia ne faisait pas ses nuits, Élyse s’occupait des biberons. Elle travaillait le jour, pendant que Venice récupérait d’un accouchement compliqué. Un an plus tard, Élyse donne naissance au petit William.

Si la fête des Mères risque d’être bien plus agréable cette année, Élyse reçoit cet événement à bras ouverts. « Être maman, c’est ma plus grande réussite, c’est tout le bonheur du monde ! »

Leur premier Noël à quatre, Venice avec dans ses bras William, Anastasia de dos et finalement Élyse. Crédit: courtoisie

Si aujourd’hui, son amour inconditionnel pour ses deux enfants est le même, sa sensibilité à l’un et l’autre est différente. « Avec William [son fils naturel], la connexion est différente. De petites choses anodines… », essaye-t-elle d’exprimer. 

Elle s’amuse aussi de voir Anastasia venir se rassurer dans ses bras, alors qu’elle donne l’exclusivité des câlins à Venice. « La perspective de l’enfant est elle aussi différente. Je dois peut-être plus facilement jouer le rôle de l’homme à force de me l’entendre dire », suppose-t-elle, en riant. 

Elle souligne d’ailleurs que les rôles sont partagés, mais que c’est elle qui change l’huile de la voiture et fait les rénovations dans la maison !

L’avenir dans un monde où l’homophobie n’est pas un mirage 

Lorsqu’elle évoque les prochaines années d’école d’Anastasia et William, le cœur d’Élyse se serre. « C’est une peur atroce de savoir qu’un jour ils vont réaliser qu’ils ont deux mamans, et que ce n’est pas la norme. »

Ancienne professeure des écoles, elle appréhende le jugement des jeunes et des adultes. « Lorsque j’ai annoncé mon homosexualité à ma famille, les réactions ont été mitigées », explique-t-elle. D’un côté, elle a vu l’enthousiasme, de l’autre la réticence.  

« Si les personnes que j’aime ont ces réactions, qu’est-ce qu’une société qui ne connaît pas nos valeurs va faire de mes enfants. » Elle se désole de savoir que son amour pour Venice risque de confronter leurs enfants aux jugements.

Elle évoque une certaine culpabilité, sachant très bien que, malgré tout l’amour qu’ils reçoivent, elle ne pourra les protéger contre le regard des autres, « seulement les éduquer ». Venice, sa compagne originaire des Philippines, est plus réservée sur cet avenir, « ma conjointe, elle, préfère attendre, voir ce qu’il se passe et réagir ». Une approche différente qui permet un certain équilibre dans le couple. 

Celle qui semble avoir déjà perdu un emploi à cause de sa situation maritale reste inquiète. Elle n’a pas oublié ce qu’il se passait dans les couloirs des écoles. « J’ai été témoin de certains comportements inacceptables », dit-elle attristée. Elle cite pêle-mêle « un enfant battu dans les toilettes parce qu’il est “gay”, d’autres bombardés de messages haineux sur les réseaux sociaux, incitant parfois au suicide ». 

Une situation qu’elle explique notamment par l’environnement politique de l’Alberta, ou la position du catholicisme dans la sphère privée des citoyens.

Amitié, amour, et éducation pour remparts 

« En secondaire, j’ai eu la chance d’être protégée par mes amis. Aujourd’hui, rien n’a changé. Sans eux, je ne serais pas la personne que je suis ! » Elle se souvient d’ailleurs de ces moments où elles leur ont annoncé leur désir d’enfants, « cela a été une effusion d’amour, de joie et de fierté pour tout le monde ! »

Quant à son frère d’adoption, Raphaël, « l’homme, le vrai », elle appréhendait sa réaction. Compréhensif et disponible sans excès, il est devenu très vite un mononc’ gâteau, comme son autre frère Alex, lorsqu’il a pris Anastasia dans ses bras pour la première fois.

Elle en conclut qu’il faut « s’entourer des bonnes personnes et ne pas avoir peur de faire des choix ». Très optimiste pour les générations futures, elle insiste sur l’importance de l’éducation et surtout sur la capacité de chacun à faire ces choix de façon éclairée. « Aujourd’hui, les jeunes qui font leur “coming-out” sont informés et très soudés entre eux ». C’est essentiel. 

« Tout ce que je suis, je le dois à ces générations d’avant qui se sont battues pour leurs droits et mes enfants pourront, je l’espère vivre encore mieux. »

Pour des raisons de respect de la vie privée le nom de famille d’Élyse n’est pas révélé.

Charade : Mon premier est une pomme de terre, mon second du fromage en grains, mon troisième de la sauce brune. Qui suis-je ? Depuis quelques jours, il est certain que toute la communauté gourmande de Cochrane a la réponse ! 

« Ça fait longtemps que j’y pensais », s’exclame Marie-May Bailly lorsqu’elle évoque ce projet fou qui s’est concrétisé en quelques mois. Après 14 ans de bons et loyaux services chez WestJet, la voilà sur le tarmac. « La pandémie a eu raison de mon ancien job. Celui-ci, impossible ! »

Un « food truck », une popote roulante, comme ils disent par chez elle au Québec, où plus sérieusement, un camion-restaurant. Cette idée lui trottait dans la tête depuis déjà deux ans. C’est en discutant avec un couple d’amis que le projet a germé. « On a regardé les camions pour le fun », s’amuse-t-elle à dire. 

Une demi-heure que le camion-restaurant est ouvert et la file s’allonge… Crédit: A. Barbet.

Finalement, le 10 février dernier, ils achètent un véhicule d’occasion, « à peu près aménagé ». « Karina et moi, on a rénové l’intérieur, les hommes [entendez Danny son mari et Éric le conjoint de Karina] se sont occupés de l’extérieur ». Pendant les soirs, et les fins de semaine, les deux familles se retroussent les manches, « même nos enfants ont mis la main à la pâte », où devrait-on dire, à la patate…  

Ainsi, d’un bleu éclatant, Miss Poutine est née. Avez-vous deviné le menu ?

Au menu, les grands classiques et quelques surprises. Les enfants ont aussi l’embarras du choix. Crédit: A. Barbet.

Une ouverture en grande pompe

Le matin du 1er mai, sur les hauteurs de Cochrane, le vent ne faiblit pas et les nuages menaçants se développent sur les Rocheuses. Peu importe, c’est le Jour J. Le sourire de Miss Poutine, engageant et accueillant, ne trompe pas. La tension est à son comble. Les friteuses frissonnent au rythme des planches à roulettes du Skate Parc voisin.

Il faut dire qu’ils ont prévus large, « on a de quoi tenir deux jours, à 40 poutines à l’heure ! » Des aliments de qualité, en majeur partie albertains, du bacon préparé jusque tard dans la nuit, 80 kg de fromage frais, des litres de sauce brune aux ingrédients ultra-secrets, et des patates, toujours des patates. 350 kilos ! Le tout dans des emballages entièrement compostables, « et tant pis si cela augmente nos coûts », insiste-t-elle avec fierté.

Hugh et Leanne attendaient ce moment depuis bien longtemps. Elle se rappelle ces «steamés» lorsqu’elle vivait à Montréal. Crédit: A. Barbet.

À peine les derniers ajustements effectués et les distances de sécurité délimitées, la foule arrive. Tous sont là pour vivre l’expérience. Une poutine sur le pouce pour les moins affamés, un « chien-chaud steamé » et une poutine pour les gourmands, et le fameux Pout Dog, une combinaison alléchante, pour les aventuriers. L’embarras du choix. 

La rumeur de la foule bilingue s’estompe, les sourires et les rires se libèrent au fur et à mesure que les estomacs se remplissent. Il faut dire que l’élaboration de la recette originale n’a pas été de tout repos, explique Marie-May. « Impossible aujourd’hui de dire combien d’essais-erreurs nous avons effectués pour créer notre poutine, et puis un jour… This is it ! » 

Hugh et Leanne, un couple venu tout particulièrement pour goûter les «chiens-chauds steamés». Crédit: A. Barbet.

À la fin de la journée, tous sont agréablement épuisés. Marie-May s’est découvert « des muscles qu’elle croyait inexistants ». « C’était complètement fou », avouera-t-elle sous le coup de l’émotion, tout en remerciant cette communauté tissée serrée qui a répondu à l’appel. 

Croire en ses rêves

Originaire du Québec, comme ses trois autres associés, Marie-May ne regrette pas son choix malgré les courbatures d’une fin de semaine épique. Lorsqu’elle évoque les moments difficiles, elle le fait en souriant. 

« On s’est frappé le nez à la porte plusieurs fois par rapport aux coûts qui ont augmenté, aux certifications qui s’accumulaient, aux permis que l’on devait obtenir », mais elle n’en démord pas, c’est pour elle une incroyable aventure.

Jonathan profite de son dimanche avec une pause gourmande : «le dimanche, c’est la famille et la poutine !» Crédit: A. Barbet

Elle sait que les prochaines fins de semaine vont être occupées, mais là encore, elle a trouvé la parade. « Nous sommes heureux de servir notre communauté, et nous allons aussi, de temps à autre, proposer notre poutine ailleurs dans la province », explique-t-elle. 

La petite famille prendra donc la poudre d’escampette (si les restrictions le permettent) cette prochaine fin de semaine (14 et 15 mai) pour le terrain de camping de Elkton Valley. Et pour ceux qui ne seraient pas encore convaincus des bienfaits de la poutine, elle conclut avec humour, « crime, qui mange une poutine et n’est pas heureux ? C’est un réel antidépresseur ! »  

Pour plus d’informations : https://www.facebook.com/misspoutinefoodtruck

Vous avez aimé nous lire, vous faites partie de la communauté francophone et francophile de Cochrane, contactez-nous ! Partagez-nous vos histoires en contactant : redaction@lefranco.ab.ca