Cédric Ngounou est ingénieur en informatique. Il l’était à tout le moins au Cameroun. Il a même une maîtrise dans le domaine. C’est un expert en cybersécurité. Trouver des solutions pour sauvegarder des documents ou pour contrer des virus, c’est son cheval de bataille.
Le hic, pour lui, c’est qu’il a déménagé à Calgary avec sa femme et ses quatre enfants, il y a tout juste un an, pour découvrir le monde. Il espérait aussi faire profiter de son savoir-faire à sa nouvelle communauté d’accueil et parfaire son anglais.
Vous êtes francophone… «Oui, mais presque bilingue.» Alors, qu’est-ce qui ne marche pas? Après plus d’une centaine, voire près de deux cents curriculum vitae (CV) envoyés à divers employeurs, en utilisant également différentes plateformes comme Workopolis, il n’a toujours pas trouvé de travail dans son domaine. «C’est décourageant», laisse tomber M. Ngounou.
Amit Banerjee est directeur des inscriptions au sein de l’Association of Professional Engineers and Geoscientists of Alberta (APEGA), C’est l’organisme qui réglemente les pratiques de l’ingénierie et des géosciences en Alberta au nom du gouvernement provincial.
Selon lui, l’APEGA compte 70 000 membres. Fait intéressant, l’an dernier, sur les 6 360 demandes d’adhésion à l’APEGA, M. Banerjee confirme que 45% de celles-ci venaient de candidats formés à l’étranger. Toujours selon ce gestionnaire, il y a de l’emploi comme ingénieur, mais tout dépend évidemment du domaine.
Des emplois en fonction du secteur
Banerjee indique qu’il existe de nombreuses possibilités dans les secteurs du pétrole et du gaz, des énergies renouvelables et de la technologie.
À propos des demandes venant de l’extérieur, l’APEGA a-t-elle les statistiques concernant le taux d’emploi de ces nouveaux ingénieurs en Alberta? Le service des communications de l’association professionnelle répond par la négative, car «notre rôle est avant tout de réglementer et de veiller à ce que les personnes qui pratiquent l’ingénierie et les géosciences soient qualifiées et aient les compétences nécessaires pour le faire».
Toutefois, Amit Banerjee le répétera deux fois plutôt qu’une lors de l’entrevue : «Le premier conseil que je donne aux ingénieurs qui arrivent ici : inscrivez-vous avec nous dès le départ». Il rappelle que l’APEGA offre même une assistance internationale sur son site.
Lors de sa conversation avec la rédaction, M. Ngounou a également mentionné qu’il irait suivre des cours avec le Southern Alberta Institute of Technology pour une remise à niveau de son savoir. «Excellente idée, selon M. Banerjee. Toute formation aux normes canadiennes ne peut être que bénéfique.»
Mais, selon M. Ngounou, on ne lui a pas dit que cela serait si difficile quand il a fait les démarches pour immigrer au Canada.
Des outils pour trouver des solutions
Conscient que les nouveaux arrivants ont besoin d’être mieux aiguillés, le Portail de l’Immigrant Association (PIA) a organisé, le 20 septembre, l’atelier APEGA : ce que les ingénieurs nouveaux arrivants doivent savoir dans le cadre du Programme des femmes
D’après Zahrat El Islam Tebbal, la coordonnatrice du Programme des femmes et organisatrice de cet atelier ouvert à tous, l’événement animé par un professionnel de l’APEGA «a rassemblé plus de vingt ingénieurs francophones nouvellement arrivés en Alberta, issus de divers domaines tels que le génie civil, le génie mécanique et la chimie pétrolière».
Gratuit pour les participants, l’atelier leur a permis de découvrir les étapes essentielles pour adhérer à l’ordre professionnel des ingénieurs de l’Alberta. Lors de cette rencontre, deux programmes ‒ Engineer in Training et Professional Engineer ‒ ont également été présentés aux nouveaux ingénieurs.
Selon Mme El Islam Tebbal, «ces deux voies offrent des parcours adaptés aux ingénieurs en fonction de leur expérience, avec l’objectif d’intégrer rapidement la profession en Alberta».
Ce type d’atelier a permis aux personnes présentes de mieux comprendre le marché de l’emploi albertain et de profiter de l’occasion pour démarrer un réseau afin de faciliter leur intégration professionnelle.
Parmi les points à retenir de cette rencontre, c’est qu’il y a aussi de belles histoires. En effet, selon la coordonnatrice, deux femmes ingénieures récemment arrivées ont pu décrocher des postes dans leurs domaines, soit en génie civil et en biotechnologie.
Pour Zahrat El Islam Tebbal, «ce type d’atelier montre l’importance de l’accompagnement et des informations pertinentes pour réussir l’intégration des professionnels immigrants dans leurs secteurs de compétence».
Glossaire – Génie civil : domaine de la construction, de la structure de bâtiment, etc.