
Une francophonie plurielle
Depuis vingt ans, la francophonie albertaine se transforme et s’élargit. En 2021, Statistique Canada rapportait que près de 30% des francophones dans la province étaient issus de l’immigration. Notre communauté est ainsi devenue une mosaïque d’histoires et de parcours. Ce numéro célèbre cette richesse, moteur de vitalité, tout en donnant voix aux enjeux qui l’accompagnent.

L’équipe d’animation reflète la diversité des enfants qui participent au camp d’été. Photo : Courtoisie
Marc-Yohan Kodiane n’en est pas à sa première implication dans la francophonie. Cet étudiant en sciences politiques au Campus Saint-Jean avait déjà travaillé comme animateur de camp de jour pour l’Institut Guy-Lacombe de la famille (IGLF) l’été dernier et s’y implique bénévolement depuis plusieurs années. Fier de remettre son chapeau d’animateur cette année, il en tire une fois de plus une expérience formatrice.
«Ça s’est très bien passé. Je crois que j’ai appris à mieux développer mes habiletés sociales et j’ai aussi pris mon aise dans la gestion des enfants», raconte-t-il.
Au-delà de l’expérience professionnelle, il a vu dans ce travail d’été l’occasion de renforcer ses liens avec la communauté francophone dans laquelle il a grandi. Ses parents, eux-mêmes très impliqués, lui ont transmis ce goût de l’engagement.
«Ce sont eux qui m’ont inculqué ces principes et je pense que c’est maintenant ma responsabilité d’apprendre de cet environnement pour transmettre les mêmes valeurs aux enfants que j’aurai un jour», confie-t-il.
Je crois que j’ai appris à mieux développer mes habiletés sociales et j’ai aussi pris mon aise dans la gestion des enfants.
Promouvoir la francophonie plurielle
Pour Marc-Yohan, l’engagement dans la francophonie dépasse toutefois le cadre de la participation communautaire; c’est aussi une façon d’incarner sa pluralité. Issu de la diversité, il a parfois eu l’impression que sa présence avait une certaine résonance auprès des jeunes enfants immigrants qu’il encadrait.
«C’est certain qu’ils peuvent se reconnaître en moi. Ils voient que je leur ressemble et ça leur donne envie de venir me parler plus facilement, sans stress», dit-il. «Mais je ne pense pas que ce soit quelque chose dont ils sont complètement conscients à leur âge», nuance-t-il.
Lucero Hernandez, directrice des programmes et services de l’IGLF, estime qu’il est primordial que l’équipe d’animation reflète la diversité des enfants qui participent au camp d’été. «On essaie de représenter cette réalité au sein de notre équipe et c’est aussi dans [cette optique] qu’on a choisi deux garçons et deux filles comme animateurs», explique-t-elle.

Lucero Hernandez est la directrice des programmes et services à l’IGLF. Photo : Courtoisie
Un plus pour les organismes
L’embauche d’étudiants pendant l’été répond à un double besoin pour la francophonie, explique Lucero Hernandez. D’un côté, cela offre aux jeunes francophones une première porte d’entrée sur le marché du travail. «On parle d’étudiants qui cherchent un emploi à court terme pendant les vacances d’été. Pour certains, c’est une découverte et, pour d’autres, une continuité, mais tous en ressortent avec des acquis qu’ils ne trouveraient pas ailleurs», dit-elle.
De l’autre, les organismes profitent du dynamisme de ces jeunes pour leur confier des responsabilités concrètes. Au camp de jour, par exemple, ce sont les animateurs qui planifient les huit semaines d’activités et animent le quotidien des enfants. «Ils choisissent le matériel, les jeux, les ateliers. Moi, je m’occupe seulement de l’administration et des sorties du vendredi, mais tout le reste, c’est eux», précise-t-elle.
L’emploi de ces jeunes est aussi soutenu par des subventions salariales, indispensables pour un organisme sans but lucratif comme l’IGLF. Mais au-delà des finances, ce que Lucero retient surtout, c’est l’énergie que ces jeunes apportent. «Ils amènent un regard neuf, des idées créatives. Leur enthousiasme se transmet aux enfants et redonne de la vitalité à toute l’équipe», souligne-t-elle.
«Ils [les jeunes] amènent un regard neuf, des idées créatives.

Bryanna Patipe Nawe universitaire qui a travaillé au sein de la francophonie cet été avec l’ACFA régionale de Calgary
Bryanna Patipe Nawe est une autre jeune universitaire qui a travaillé au sein de la francophonie cet été, cette fois auprès de l’ACFA régionale de Calgary. «J’ai été adjointe aux activités et projets. J’ai fait plein de choses, comme collaborer avec nos partenaires ou représenter l’ACFA lors d’événements. J’ai beaucoup aimé. J’en ai appris plus sur moi-même et sur la francophonie», raconte-t-elle.
Tout comme Marc-Yohan Kodiane, Bryanna a commencé à s’impliquer très jeune, peu après l’arrivée de sa famille en Alberta, elle qui est née en France et trouve ses origines au Cameroun. «Ma mère faisait beaucoup de bénévolat et elle nous a appris, à mon frère et moi, à nous engager : aller aux assemblées générales, participer à des comités», se souvient-elle.
Une implication qui l’a menée naturellement vers des possibilités professionnelles en français. La jeune femme souhaite également envoyer un signal aux jeunes issus de l’immigration et de la diversité. Elle veut leur montrer qu’il existe bel et bien des postes en français et que la communauté a besoin d’eux.
«Plus on voit des jeunes s’impliquer, travailler, oser, plus ça donne envie aux autres de suivre. Si on veut voir la communauté francophone grandir en Alberta, il faut créer ces opportunités pour que nous, les jeunes, puissions y rester», affirme-t-elle.
J’en ai appris plus sur moi-même et sur la francophonie
Glossaire – Vitalité : Caractère de ce qui est plein de vie