La faim est partout. Elle n’a ni visage ni saison. Si l’hiver on peut la deviner dans nos rues, l’été elle se fait plus discrète. Les volontaires de la banque alimentaire d’Edmonton et du camion-restaurant de l’organisme CANAVUA en sont bien conscients. Ils travaillent toute l’année pour permettre aux personnes défavorisées de se nourrir.
La directrice adjointe de la banque alimentaire d’Edmonton, Marjorie Bencz, indique que les banques alimentaires reçoivent des dons plus particulièrement lors de certaines périodes spécifiques de l’année, lors des fêtes religieuses notamment (Noël, Pâques, Ramadan, etc.)
Dès l’arrivée de la saison estivale, les dons aux banques alimentaires ne sont plus une priorité. Selon Dicky Dikamba, le directeur général de l’Association des volontaires unis dans l’action au Canada (CANAVUA), l’été est une période où les gens se déconnectent de la réalité en raison des vacances.
Alors, pour s’assurer de répondre aux demandes, la banque alimentaire d’Edmonton intensifie son travail pendant l’été. À la fin de l’école, synonyme de fermeture des programmes scolaires, un autre programme prend son envol : Après la cloche. Il donne aux enfants l’accès à des paquets d’aliments non périssables et des produits frais.
La banque alimentaire d’Edmonton est un entrepôt central et un centre de distribution alimentaire pour plus de 250 agences, abris, écoles, dépôts alimentaires et églises. Le camion-restaurant du CANAVUA fait d’ailleurs partie de cette liste non exhaustive. Alors, la nourriture sort toujours de leur entrepôt, quelle que soit la période de l’année. «Il s’agit de demander de l’aide tout au long de l’année pour nous assurer que la nourriture est disponible pour tous ceux qui pourraient avoir besoin de notre aide», souligne Marjorie.
Un sourire au visage
Pour aider les plus démunis, chaque mercredi, et prochainement le vendredi aussi, le camion-restaurant du CANAVUA se stationne dans un emplacement au sud ou au nord de la ville. Certaines personnes viennent chercher un repas sur place, d’autres n’ayant pas la possibilité de se déplacer se font livrer.
«La réalité est que pour des personnes, manger est un luxe et pour d’autres, un acquis. Alors, nous invitons les gens qui en ont un peu plus à partager avec ceux qui en ont moins», souligne Dicky Dikamba, le directeur général du CANAVUA.
Jules Beda, un livreur bénévole, raconte qu’à la vue des petits plats, les personnes vivant sous le seuil de pauvreté arborent un sourire jusqu’aux oreilles et que leur regard brille. «Vous êtes des «Anges Gardiens». Surtout pour des aînés qui comme moi ont des difficultés physiques pour se déplacer. Avec ma pension Canada et un supplément de revenu des plus misérables, à la fin du mois, je n’ai plus d’argent pour mon épicerie», témoigne avec gratitude Robert [nom fictif], qui profite de cette livraison de repas chauds.
Une logistique bien rodée
Le mardi, le lieu où le camion-restaurant va se stationner les prochains jours est divulgué sur les réseaux sociaux du CANAVUA. Au même moment, cinq femmes bénévoles de l’organisme SheGlows, un groupe de soutien pour les femmes, sont en cuisine. Elles assaisonnent la viande et préparent les ingrédients pour le lendemain.
Le lendemain matin, vers neuf heures, elles se retrouvent avec leur couvre-visage dans le camion pour cuisiner environ 350 petits plats. À 12h30-13h, les livreurs arrivent pour prendre les plats de nourriture et partent faire leur tournée avec leur masque, leur désinfectant pour les mains, tout en respectant les mesures sanitaires.
Avant d’arriver chez les personnes inscrites à la liste de livraison du CANAVUA, les bénévoles les appellent pour savoir s’ils sont disponibles pour recevoir leur repas. Si ce n’est pas le cas, les bénévoles adaptent leur horaire afin d’être certains que ceux qui ont faim ont quelque chose à se mettre sous la dent le soir même.