C’est la première fois que l’Association des juristes d’expression française de l’Alberta (AJEFA) organisait son assemblée générale à Canmore. Un rassemblement qui avait toujours eu lieu à Edmonton ou à Calgary dans le passé. Cette année, les membres de l’AJEFA se sont réunis non seulement pour élire un nouveau conseil d’administration, mais aussi pour participer à une table ronde sur la santé mentale et ses enjeux. Un domaine qui concerne de plus en plus de juristes.
La directrice générale de l’AJEFA, Denise Lavallée, témoigne que le droit impose beaucoup de stress et de pression sur ses praticiens. «C’est très compétitif», confie-t-elle. Elle révèle aussi que le choix des Rocheuses pour cette AGA n’a pas été un hasard, car elles offrent une atmosphère harmonieuse et complémentaire à la thématique du jour. «C’est dans un milieu très pittoresque.»
Une étude récente de l’Université de Sherbrooke nourrit d’ailleurs son inquiétude. Plus de la moitié des professionnels du droit en Alberta déclarent souffrir de détresse psychologique. Sensibilisée à cette situation, la directrice générale de l’AJEFA est d’autant plus fière des accomplissements de l’organisation pour l’exercice 2022-2023.
À titre d’exemple, elle s’exclame que l’AJEFA a «affecté un changement auprès du barreau» de l’Alberta, qui oblige ses membres juristes à informer leurs clients francophones de leur droit à un procès dans la langue officielle de leur choix. Avant, déplore-t-elle, «les avocats dans la province n’en avaient pas l’obligation».
Si le Code criminel du Canada oblige les magistrats d’expliciter ce droit aux accusés au début des procès criminels, un nouvel amendement apporté au code déontologique du barreau de l’Alberta, en vigueur depuis décembre 2022, exige que les avocats albertains expliquent ce même principe de bilinguisme judiciaire à leurs clients francophones, et ce, comme devoir professionnel et statutaire.
Denise Lavallée est également optimiste pour l’année à venir. «On va lancer, cet automne, une vidéo sur les droits linguistiques» représentant un «faux procès pour sensibiliser le public» sur le droit pénal. L’AJEFA planifie aussi un congrès professionnel en collaboration avec son partenaire franco-ontarien, l’Association des juristes d’expression française de l’Ontario (AJEFO).
Si certains conseillers de l’AJEFA ont changé de rôle dans l’équipe, Mikel Gega, Me Bertrand Malo, Me Dominique Mathurin et Isabelle Reynolds sont entrés en fonction comme nouveaux administrateurs.
Francophonie Canadienne Plurielle (FRAP)
L’organisme d’établissement des nouveaux arrivants, anciennement connue sous le nom Francophonie Albertaine Plurielle, a été renommée en mars dernier Francophonie Canadienne Plurielle après avoir acquis son statut fédéral, une réussite pour ses membres. Lors de son AGA, la FRAP n’avait qu’un seul poste à combler à son conseil d’administration, mais pas le moindre puisque c’était celui de la présidence. Les autres membres du conseil continuent à remplir leurs mandats depuis l’année dernière.
Alice Prophète, docteure en éducation et professeure au Campus Saint-Jean, a été la seule personne à poser sa candidature cette année. Élue par acclamation, l’universitaire est cofondatrice de l’Organisation Haïtienne d’Edmonton et s’implique dans la communauté ethnoculturelle de la capitale albertaine depuis plus de vingt ans. Un parcours qui l’a bien préparée, à son avis, pour son premier mandat à la barre du conseil d’administration. «Je comprends les enjeux de l’immigration», affirme-t-elle.
Mme Prophète est ravie d’être présidente de la FRAP. Ce statut et les responsabilités qui lui incombent vont aussi lui permettre d’assumer ses idéaux liés à la diversité, l’inclusion et l’équité qui sous-tendent le travail de l’organisme. «Ses valeurs sont les miennes», annonce-t-elle, faisant référence à la mission de la FRAP. Lors de son discours à l’AGA, elle a fait appel à l’esprit de collaboration de ses nouveaux collègues, «nous sommes là pour accomplir la même mission».
Une mission qui a connu réussite et croissance cette dernière année. Aujourd’hui, la FRAP est représentée par 79 employés qui travaillent dans cinq locaux différents (trois à Edmonton, un à Fort McMurray et une succursale à Red Deer) et offre de nombreux programmes d’intégration destinés aux nouveaux arrivants francophones en Alberta et, notamment, un service d’aide à l’établissement dans les écoles francophones.
Regroupement artistique francophone de l’Alberta (RAFA)
L’AGA de l’organisme responsable de la promotion des arts et des artistes franco-albertains a eu lieu à la suite de son Forum des arts et de la culture. Un rassemblement de deux jours qui a mis en vedette une communauté artistique en plein essor, confrontée aussi à une période d’évolution et d’introspection.
La directrice générale du RAFA, Sylvie Thériault, est ravie de faire connaître les contributions des francophones aux arts. «On présente les prix d’excellence» durant le Forum, souligne-t-elle. Ainsi, le RAFA a décerné le prix Lumière à Daniel Cournoyer, l’ancien directeur artistique de L’UniThéâtre qui travaille depuis 2012 comme directeur général de La Cité francophone, alors que le lauréat du prix Envol est Cristian de la Luna, un chanteur franco-albertain d’origine colombienne.
Pendant son Forum, le RAFA a également dévoilé son nouveau plan stratégique quinquennal. Une feuille de route qui énumère les évolutions et les changements à mettre en place au cours des prochaines années. Ce document est le résultat de plusieurs consultations menées auprès des membres du regroupement en 2022. Il énonce aussi les occasions et les défis qu’ils considèrent comme importants et met l’accent sur une nouvelle réalité de multidisciplinarité chez les artistes francophones.
En effet, le RAFA reconnaît que beaucoup des artistes se concentrent sur plusieurs disciplines artistiques dans leurs vies professionnelles (par exemple, le chant et la danse) et qu’ils ne se considèrent toujours pas comme des spécialistes. Un phénomène qui se présente aussi dans la francophonie albertaine.
En ce moment, certains postes du conseil d’administration du RAFA sont occupés par des représentants d’une discipline unique, comme la littérature. Cette année, il incombait au regroupement d’élire quatre nouveaux membres selon cette structure. Cependant, à la suite de délibérations internes, les membres du RAFA ont décidé de ne pas remplir ces postes ouverts et l’élection de cette année n’a donc pas eu lieu. Par contre, les administrateurs élus l’année précédente continuent à occuper leurs postes.
Le RAFA se lance plutôt dans un processus de restructuration de son conseil d’administration pour que les postes reflètent, à l’avenir, les modes d’expression artistique de bon nombre de ses membres individuels. Comme tel, le regroupement s’engage à concrétiser une nouvelle structure organisationnelle avant la prochaine AGA qui donnera naissance à de nouveaux postes au sein de son conseil d’administration, marquant ainsi une période de modernisation au sein de l’organisme.
Glossaire – Quinquennal : Ce qui dure pendant 5 ans ou a lieu une fois tous les 5 ans.