«J’avais une classe de maternelle parfaite. Je ne pouvais pas demander mieux. J’ai vraiment été chanceuse», raconte Magali Béland, qui revient à peine de son séjour à l’École des Hautes-Plaines, à Airdrie. Le contact avec les jeunes, le plein air, la découverte : elle affirme avoir apprécié «chaque moment» de son expérience. «Si c’était à refaire, je ne changerais rien», laisse-t-elle tomber.
Durant son stage, l’étudiante au baccalauréat en éducation préscolaire et enseignement primaire à l’Université du Québec à Rimouski s’est surtout surprise de constater le dynamisme de la communauté franco-albertaine dont elle avait antérieurement peu appréhendé l’ampleur. Elle a notamment participé à une multitude d’activités organisées en mars dans le cadre du Mois de la francophonie.
«Cela a été une belle découverte. On relie souvent [à tort] le français à la culture québécoise au Canada, alors que c’est beaucoup plus [vaste]», relate-t-elle.
Comme c’est le cas pour plusieurs stagiaires du programme, Magali résidait d’ailleurs en pension chez une famille francophone de la région, et ce, pendant toute la durée de son séjour. Cette expérience lui a permis d’établir un contact encore plus direct avec les membres de la communauté. «En fait, j’ai été étonnée que le milieu où j’ai été accueillie était autant francophone», mentionne-t-elle.
Nuances pédagogiques
Les quelques mois passés au sein du système scolaire franco-albertain ont également permis à la jeune femme de constater la pénurie de personnel francophone, ainsi que les lacunes dans les ressources disponibles dans la province.
«Il n’y a pas de techniciens en éducation spécialisée et pas assez de suppléants. Ils sont d’ailleurs vraiment moins bien payés qu’au Québec. Ce n’est pas idéal», explique-t-elle.
Ce genre de constatations est assez fréquent lorsque les stagiaires s’aventurent à l’extérieur de la belle province, mentionne à son tour Amélie Bolduc, responsable des stages en enseignement de l’ACELF. Après tout, le programme S3 offre précisément aux futurs enseignants l’occasion de découvrir un milieu pédagogique différent de celui auquel ils sont habitués, ce qui peut être «déstabilisant».
«Au Québec, peu de gens savent qu’il y a des écoles francophones dans chacune des provinces et des territoires du Canada. Ces milieux-là ont beaucoup de choses à nous apprendre sur le plan des approches pédagogiques et culturelles», note-t-elle.
Les provinces canadiennes ont notamment tendance à favoriser l’inclusion de sorte que les élèves confrontés à des défis d’apprentissage ou de comportement puissent être intégrés dans les salles de classe ordinaires.
«Ce n’est pas toujours le cas au Québec, alors les stagiaires n’y sont pas toujours habitués. Il y a beaucoup plus de classes spécialisées et de sous-groupes qu’en Alberta par exemple», analyse-t-elle.
Les provinces de l’Ouest mettent aussi davantage l’accent sur l’histoire et la culture autochtone dans leurs curriculums, ajoute-t-elle. «Souvent, c’est dans plusieurs cours qu’[ils] en parlent.»
L’Ouest, grand coup de cœur
Depuis près de vingt-cinq ans, la collaboration entre l’ACELF et les vingt-huit conseils scolaires francophones hors Québec, dont le Francosud et du Nord-Ouest qui ont participé à l’initiative cette année, permet d’arrimer les propositions de stage avec les besoins sur le terrain. «On reçoit plusieurs demandes à travers le pays, mais je ne le cacherai pas, l’Ouest est populaire parmi les étudiants pour plein de raisons évidentes, notamment le plein air et les Rocheuses», mentionne Amélie Bolduc.
Malgré cet attrait évident, la chargée de projet rappelle souvent aux stagiaires que tous les lieux de stage offriront une expérience enrichissante sur le plan culturel. «On sous-estime parfois le dépaysement, ce n’est pas parce qu’on est dans le même pays que les réalités sont les mêmes», souligne-t-elle.
C’est cet appel des Rocheuses qui a persuadé Coralie Ouellet d’effectuer son stage à l’École de la Rose Sauvage à Calgary, elle qui nourrissait depuis longtemps le désir de découvrir la région. Une expérience qui s’est révélée être à la hauteur de ses attentes.
«J’ai fait des rencontres inoubliables et j’ai tellement appris. Je suis allée chaque fin de semaine dans les montagnes. Moi qui aime vraiment le plein air, j’ai fait du ski au lac Louise et le plus d’activités possible», confie cette future enseignante de sciences au secondaire.
Elle met en lumière l’apport financier crucial de l’ACELF qui lui a permis de couvrir «presque la totalité des frais de voyage». «Je ne pense pas que j’aurais pu rester deux mois dans l’Ouest sans leur soutien et celui de mon université», partage-t-elle, reconnaissante.
Le programme S3 de l’ACELF est financé par Patrimoine canadien.
Glossaire – Arrimer : Agencer de manière à ce que deux choses soient concordantes