À son arrivée à Edmonton en 2019 en provenance de la Côte d’Ivoire, Carol Offi remarque une baisse rapide du niveau d’expression française chez ses filles, surtout à l’écrit. Cherchant des solutions, elle décide de renforcer leurs compétences à la maison en leur faisant écrire des dictées et de courtes histoires. Le processus se révèle fructueux et c’est à ce moment que «le déclic se fait».

«Je me suis dit que si mes filles avaient des lacunes en français, probablement que les autres enfants francophones de la communauté avaient des enjeux similaires», explique celle qui a travaillé pendant quinze ans dans le domaine de la presse avant d’arriver au Canada.

Elle lance peu de temps après Fun d’écrire, une plateforme qui offre des sessions hebdomadaires de perfectionnement en français aux enfants évoluant en milieu anglophone. Le projet Les Petites Plumes arrive un peu plus tard, comme un nouvel outil pour «encourager les jeunes, les motiver et créer un attachement encore plus fort au français», souligne Carol.

«Dix enfants de dix à dix-sept ans ont participé au recueil. Ce sont tous des élèves francophones du CSCN», ajoute-t-elle. Dans leurs textes, certains ont relaté leurs victoires sportives, tandis que d’autres ont partagé leurs aspirations à devenir architecte ou scientifique. Un élève a même exploré son attachement à la culture et aux traditions du village de sa mère en Afrique.

«Le thème étant ouvert, cet ouvrage très varié a permis aux jeunes de s’exprimer sur toutes sortes de sujets», mentionne celle qui a dirigé le projet.

Un apprentissage hors du commun

La jeune Lili, une élève de l’École Gabrielle-Roy qui vient tout juste de souffler ses dix bougies, a choisi d’écrire sur une girafe qui fait du ski. «J’ai appris que c’est beaucoup plus facile d’écrire une histoire une fois que tu as une idée», résume-t-elle. L’éclair de génie lui est apparu lors d’un voyage de ski avec sa famille, précise-t-elle. «Pour le reste, j’ai surtout laissé aller mon imagination.»

Sa mère, Mélanie Samson-Cormier, a trouvé l’expérience «très valorisante». «C’était impressionnant pour [Lili] de voir que c’était un vrai processus de publication. Je pense que le sentiment de fierté était [également] partagé parmi les autres auteurs du recueil», mentionne-t-elle.

Une centaine d’exemplaires seront d’ailleurs distribués dans les bibliothèques du CSCN, qui a partiellement commandité le projet, pour que les jeunes puissent avoir accès aux écrits de leurs camarades. 

«Ça boucle la boucle, dans les étapes de production d’un texte, ils ont vraiment été traités comme des auteurs», relate Meyranie Giroux, directrice des services de la programmation scolaire et du monitorage au CSCN, qui était présente lors du lancement.

«Nous, on a embarqué à pieds joints dans cette aventure et ça s’est très bien passé. […] C’est un projet qui touche directement nos élèves, nos écoles, l’identité francophone… On parle de construction identitaire, de l’écriture, de l’apprentissage de la langue», ajoute-t-elle.

Elle discute présentement, en compagnie de Carol Offi, de la possibilité de mettre sur pied des ateliers dans les écoles pour que les «petits auteurs» puissent lire leurs textes devant un public et répondre aux questions de leurs camarades.

Une collaboration communautaire

D’autres exemplaires seront également distribués par l’AJFAS, qui a contribué financièrement à l’impression du recueil. «Nous trouvions qu’il s’agissait d’un projet innovateur et que c’était une bonne idée pour améliorer le français de nos jeunes», explique Robert Suraki Watum, coordonnateur de projet avec l’AJFAS.

Les soixante-dix jeunes qui participeront au camp d’été Enfants et Leadership en Action (ELA) à partir du 2 juillet recevront tous un exemplaire. 

«Dans ce camp d’été, il n’y a pas que les élèves du CSCN, mais aussi d’autres jeunes des écoles d’immersion, alors je trouve ça génial qu’ils puissent aussi découvrir le livre», conclut-il.