IJL-RÉSEAU.PRESSE-LE FRANCO
Ce projet est né de la demande grandissante pour des services de petite enfance en français dans la région. «Nous n’avions qu’une seule garderie francophone à Red Deer auparavant», explique Damayé Camara, directrice du Câlin des Anges. «J’ai constaté que les parents restaient sur la liste d’attente pendant des mois et des mois pour y avoir accès», souligne-t-elle.
Si elle a pu analyser la situation de si près, c’est notamment en raison de son expérience comme enseignante de deuxième année du primaire à l’École La Prairie depuis 2015. «Je vois les défis qui se présentent quand les enfants ne sont pas allés à la garderie en français», dit-elle.
De nombreux élèves manquent, par exemple, de compétences linguistiques à leur arrivée en maternelle, car ils n’ont pas eu l’occasion de pratiquer suffisamment la langue au préscolaire, faute de places disponibles.
«C’est pire pour les enfants qui ont des parents francophiles ou qui ont un peu perdu la langue parce qu’ils ne pratiquent même pas à la maison, dit-elle. Mon but, c’est de pouvoir les accueillir et mieux les préparer au système francophone.»
Un processus long et sinueux
Bien que de nombreux parents aient manifesté leur intérêt en novembre dernier, lorsque la garderie en était encore au stade embryonnaire, les inscriptions ont été assez timides au cours des dernières semaines. «On en a seulement cinq pour le moment», constate la directrice.
D’après elle, le processus pour obtenir la licence d’exploitation s’est étiré sur une si longue période que plusieurs familles ont fini par se tourner vers d’autres options, comme des garderies anglophones. Cette «lourdeur» administrative a été d’autant plus difficile à gérer pour elle qui ne maîtrise pas parfaitement l’anglais et qui a dû, pendant ces huit mois, assumer les frais de locaux et d’assurance sans générer de revenus.
«Il y a eu beaucoup de va-et-vient et il n’y avait personne de francophone pour aider. Changer une phrase dans le dossier, ça peut prendre deux ou trois semaines pour qu’on te réponde», explique-t-elle.
Avec le développement actuel de la francophonie en Alberta et les débats entourant «l’équivalence réelle», elle espère que des services en français pourront éventuellement être mis à la disposition des directions de garderies francophones pour faciliter ces démarches auprès du gouvernement.
«Je pense que ça permettrait à plus de garderies francophones d’être lancées parce que beaucoup de gens sont découragés par le processus. J’ai même mis en garde une amie qui veut ouvrir sa garderie à Edmonton pour lui dire que c’est beaucoup plus difficile qu’en apparence», témoigne-t-elle.
Les services en français se multiplient à Red Deer
Bien que Damayé Camara ait mené son projet de garderie à terme, de A à Z, l’idée initiale d’ouvrir des services à la petite enfance dans les locaux adjacents à ceux de l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA) régionale de Red Deer revient à Nathalie Belkhiter, sa directrice.
«C’était l’une des priorités dans notre concept d’un centre communautaire francophone à Red Deer», partage cette dernière. Elle envisage éventuellement de développer d’autres services dans les trois autres locaux vacants de la régionale afin de créer une cité francophone semblable à celle d’Edmonton.
«Je suis en pourparlers avec plusieurs organismes pour leur potentielle installation, mais je ne peux en dire davantage pour le moment», conclut-elle.
Glossaire – Embryonnaire : À un stade précoce de développement