le Mercredi 22 janvier 2025
le Lundi 16 septembre 2024 12:56 Éducation

Jasper : une rentrée scolaire sous le signe de l’émotion et du courage

L'école Desrochers a reçu «un nettoyage en profondeur». Photo : Courtoisie - CSCN
L'école Desrochers a reçu «un nettoyage en profondeur». Photo : Courtoisie - CSCN
Seul établissement scolaire francophone à Jasper, l’École Desrochers a résisté au tourbillon des flammes de cet été. Après un très sérieux nettoyage, l’école rouvrira ses portes le 17 septembre. Personnel et résilience seront au rendez-vous pour les enfants de la maternelle à la 12e année.
Jasper : une rentrée scolaire sous le signe de l’émotion et du courage
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IJL – RÉSEAU.PRESSE – LE FRANCO

«Je sens de la résilience au sein de la communauté. J’ai discuté avec eux. C’est tissé serré.» – Robert Lessard. Photo : Courtoisie – CSCN

«Je sens de la résilience au sein de la communauté. J’ai discuté avec eux. C’est tissé serré.» Celui qui parle ainsi, c’est Robert Lessard, le directeur général du Conseil scolaire Centre-Nord (CSCN). Il est allé deux fois sur place, à Jasper, pour faire l’état des lieux.

S’il y a un certain nombre de maisons de parents d’enfants de l’école qui ont été malheureusement touchées par les incendies, en revanche l’école Desrochers a tenu le coup. En raison de la cendre et de la fumée, il y a cependant eu «un nettoyage en profondeur», comme le précise M. Lessard.

Le directeur général s’attend à ce qu’entre 70 et 80 élèves prennent place à leur pupitre ce 17 septembre et soient accueillis par la directrice de l’école, Marie-Claude Faucher. Certaines options, comme les cours en ligne, ont été offertes aux élèves de la 10e à la 12e année. Si certains ne seront peut-être pas au rendez-vous en raison de l’incendie de leur habitation, selon M. Lessard, tous les élèves déjà inscrits devraient tout de même revenir à l’école.

Mais pour l’heure, il est essentiel que tous se sentent bien dans leur école. C’est pour cela que le CSCN souhaite mettre en place des séances avec un psychothérapeute afin que les familles de l’école puissent exprimer ce qu’elles ressentent et qu’elles sentent un soutien de la part de l’école et de leur conseil scolaire.

Mère de deux enfants qui vont à l’école Desrocher et directrice de l’ACFA régionale de Jasper, Émilie Langley estime que sa communauté est tissée serré et pourra ainsi aller de l’avant. Photo : Courtoisie

Des ressources essentielles

Mère de deux enfants qui vont à l’école Desrochers, Émilie Langley n’était pas au courant de cette initiative lorsque Le Franco a communiqué avec elle. Cependant, elle voit d’un très bon œil le recours à ce type de spécialistes. «Les enfants sont très résilients, mais ils vivent tout ce que l’on vit et n’ont pas tous les outils pour gérer toutes ces émotions. Les parents auront aussi besoin d’aide pour combler tous les besoins de leurs enfants.»

Après cinq semaines loin de leur foyer et de leur environnement, Mme Langley affirme que ses enfants ont hâte de retourner à l’école, «mais ils sont tristes à l’idée que quelques-uns de leurs amis n’y seront pas».

Elle aussi utilise l’expression «tissée serré» quand elle décrit sa communauté. C’est sans doute pour cela qu’à titre de directrice de l’ACFA régionale de Jasper, Émilie Langley tient à faire savoir que l’organisme francophone offrira un souper communautaire gratuit le vendredi 13 septembre en soirée à la Légion de Jasper. «Nous essaierons par la suite de créer plus d’occasions de se rassembler.»

De la patience et du soutien

Face à de tels événements climatiques, les résultats peuvent être surprenants. C’est ce qu’a pu constater le Dr Peter Silverstone, professeur à l’Université de l’Alberta. Avec d’autres chercheurs, le psychiatre a suivi, pendant trois ans et demi, quelque 3 200 élèves de la 7e à la 12e année qui avaient subi les feux de Fort McMurray en 2016.

L’étude a démontré que les symptômes liés à des problèmes de santé mentale ont augmenté de façon inattendue chez les élèves de 11 à 19 ans au cours des 42 mois suivant le feu de forêt. L’enquête comprenait des échelles de mesure validées pour le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) comme la dépression, l’anxiété, la consommation de substances, la consommation d’alcool, le tabagisme ou l’estime de soi. 

L’analyse des données a démontré que les symptômes liés aux problèmes de santé mentale tels que le trouble de stress post-traumatique (SSPT), la dépression, l’anxiété, la consommation de drogues, consommation d’alcool, le manque de qualité de vie, la baisse de l’estime de soi et le manque de résilience avaient augmenté de 2017 à 2019, à l’exception de la consommation de tabac. On parle de plus du tiers des répondants.

Le fait que Jasper soit beaucoup plus petit que Fort McMurray est-il un gage que la résilience pourrait avoir un meilleur rôle à jouer en raison d’une plus grande solidarité? Le professeur Silverstone n’en est pas vraiment convaincu. «Jasper est beaucoup plus petit et aura donc beaucoup moins de ressources pour soutenir la reconstruction ou offrir d’autres alternatives de logement pendant que cela se produit.» 

Il se questionne sur les effets cumulés sur les élèves, que ce soit directement comme l’accessibilité au sport ou indirectement comme la difficulté pour les familles de reconstruire leur maison. Alors, une solution, docteur? Selon lui, les conseils individuels à l’école doivent être accompagnés d’un soutien supplémentaire à l’extérieur des murs de l’école, faisant ainsi référence à un travail effectué à Red Deer, il y a quelque temps. «Il se peut qu’il en soit de même à Jasper, cette fois-ci. Dans d’autres travaux, nous avons constaté que le soutien des proches et des fournisseurs de soins était important».

GlossaireGage : Garantie, assurance