
Komla Essiomle est un étudiant du nouveau programme d’études doctorales transdisciplinaires du Campus Saint-Jean. Photo : Courtoisie
«J’aimerais bien écrire mon nom dans l’histoire», confie Komla Essiomle, le chercheur qui a franchi le plus grand nombre d’étapes en vue de la soutenance finale de sa thèse au Campus Saint-Jean. Puisqu’il avait amorcé ses études en anglais au Campus Nord, il a pu transférer ses crédits au moment de la création du nouveau programme, ce qui lui a permis de passer son examen de candidature avec une longueur d’avance sur ses collègues.
«Je suis fier, mais modeste. J’ai toujours eu l’ambition de compléter mes études doctorales en français, alors j’ai bondi [sur] l’occasion lorsque cela est devenu possible», affirme-t-il.
Sa recherche se concentre sur le déséquilibre racial dans la nomination des professionnels de l’enseignement francophone à des postes d’administrateurs scolaires en Alberta. «Il y a beaucoup de personnes issues des minorités visibles et de l’immigration francophone qui aspirent à la profession d’enseignant et qui le deviennent, mais très peu parviennent à gravir les échelons pour être promus à des postes de direction dans les écoles ou de cadre dans les conseils scolaires», déplore-t-il.
La nature transdisciplinaire du programme doctoral, qui couvre les domaines des sciences, de la santé, des sciences sociales et humaines, lui permet d’analyser cette problématique de manière «holistique». Pour y arriver, il consultera des enseignants francophones à différents stades de leur carrière afin de récolter des données précises.
Une étude préalable, menée en collaboration avec sa directrice de thèse, Samira ElAtia, lui avait déjà révélé que «moins de 1%» des personnes promues dans des postes de leadership sont issues des minorités visibles. Un pourcentage «très bas», souligne-t-il.
Un programme qui fait sa marque
D’après Komla Essiomle, la création du programme d’études doctorales au Campus Saint-Jean entérine l’expertise des professeurs de sa faculté et concrétise «leur investissement» dans la formation de la prochaine génération de chercheurs. Jason Carey, doyen au Campus, abonde dans le même sens. Il souligne que l’offre d’études doctorales renforce également la réputation de l’institution sur le plan de la recherche.
«Il y a une crédibilité qu’on construit au Campus Saint-Jean. Une faculté universitaire qui ne produit pas de doctorats démontre un statut limité de [ses] capacités», explique-t-il. Il précise que cette crédibilité accrue permet à la faculté de consolider son rayonnement international. «On est [maintenant] à pieds égaux avec les partenariats qu’on essaie de développer en Europe, en Afrique», ajoute-t-il.
Bien que certains professeurs du Campus aient initialement exprimé des réticences face au projet, le doyen estime que la majorité du corps professoral perçoit désormais le programme d’un œil positif puisqu’il permet de répondre aux besoins de la communauté francophone.
«Il y a toujours des gens qui se demandent si on met nos efforts à la bonne place, mais, moi, je crois que oui parce que l’impact sera énorme. On a besoin de « gradués » qui comprennent les réalités de la francophonie minoritaire, on a besoin de pourvoir les postes de hauts fonctionnaires.» Notamment, dit-il, ce programme contribue à renforcer le «continuum» éducatif en français dans la province, qui s’étend maintenant de la prématernelle aux études doctorales.
Ce qui fait également la force du programme, mentionne Jason Carey, est l’accent qu’il met sur l’apprentissage expérientiel plutôt que strictement «théorique». Les étudiants n’ont que deux cours obligatoires à compléter. «On veut « répliquer » le vrai monde, on veut développer des étudiants qui sont capables de collaborer avec les autres et de réfléchir à partir de plusieurs disciplines», mentionne le doyen.

Jason Carey est le doyen du Campus Saint-Jean. Photo : Courtoisie
Plus d’inscriptions que prévu
Alors que l’administration s’attendait à deux ou trois inscriptions dans son nouveau programme, elle a été agréablement surprise de voir huit étudiants s’y inscrire. Si les attentes ont déjà été dépassées, l’objectif est maintenant de suivre une courbe de croissance naturelle au niveau des inscriptions. Le doyen du Campus espère d’ailleurs que chaque professeur supervisera la recherche d’un ou deux étudiants dans le futur.
«Si on a une trentaine de professeurs, j’aimerais bien voir une trentaine d’étudiants au doctorat, peut-être même plus», conclut-il.