le Vendredi 12 septembre 2025
le Vendredi 12 septembre 2025 10:00 Éducation

«La grande entrevue» avec Monique Baker : Vers un projet rassembleur

(De Gauche à droite) René Arseneault (ancien député fédéral pour Madawaska-Restigouche), Yanick Harrison (conseiller scolaire), Hélène Emmell (présidente du FrancoSud), Monique Baker, Joël Godin (député fédéral pour Portneuf-Jacques-Cartier) et Darrell Samson (ancien député fédéral pour Sackville-Preston-Chezzetcook). Photo : Courtoisie
(De Gauche à droite) René Arseneault (ancien député fédéral pour Madawaska-Restigouche), Yanick Harrison (conseiller scolaire), Hélène Emmell (présidente du FrancoSud), Monique Baker, Joël Godin (député fédéral pour Portneuf-Jacques-Cartier) et Darrell Samson (ancien député fédéral pour Sackville-Preston-Chezzetcook). Photo : Courtoisie

Depuis son entrée en poste à la tête du Conseil scolaire Francosud, il y a dix-huit mois, Monique Baker a pris le temps d’écouter la communauté et de créer un projet scolaire rassembleur. Aujourd’hui, elle dresse un premier bilan : un réseau en pleine expansion et une vision recentrée autour de la réussite et de l’identité francophone. Cap sur une francophonie scolaire vivante et inclusive.

«La grande entrevue» avec Monique Baker : Vers un projet rassembleur
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IJL – RÉSEAU.PRESSE – LE FRANCO

Ce début septembre n’a pas été simple pour notre équipe de rédaction. Toujours très heureuse de vous faire participer à la rentrée des jeunes Franco-Albertains, le doute a subsisté jusqu’à la dernière minute quand à la décision du corps professoral de faire la grève ou non. Nous remercions donc l’ensemble des conseils scolaires d’avoir fait le maximum pour collaborer avec la rédaction. Certains impératifs que nous comprenons nous ont obligés à mettre des articles de côté, cela fait partie de «la job», pour ainsi dire. D’autres seront publiés dans les prochains jours sur le site web de votre journal.

Bonne lecture!

Le Franco :  Bonjour Madame Baker! Nous nous étions parlées, il y a environ un an et demi. À l’époque, vous veniez tout juste d’entrer en poste. Qu’est-ce qui a changé depuis?

Monique Baker : Beaucoup de choses! Il y a eu beaucoup de beaux projets et de développements dans notre conseil scolaire. D’abord, nous anticipons près de 4 200 élèves cette année, ce qui signifie que, pour la toute première fois, nous franchissons la barre des 4 000 élèves. C’est très excitant. Nous avons aussi ajouté trois écoles, ce qui porte notre réseau à 19 établissements.

Dans les nouvelles les plus récentes, on a aussi choisi le nom de l’école de Cardston! Ce sera l’École Sentiers de la Rivière. Ça a été une décision très spéciale parce que nous avons consulté les aînés [autochtones] de la région pour trouver un nom approprié. [Le nom a été inspiré par les éléments naturels, dont le Lee Creek et la Chief Mountain, qui façonnent l’identité de la région.] 

Le Franco : Quelles ont été vos grandes priorités stratégiques depuis votre arrivée?

M.B. : On a fait beaucoup de consultations pour préparer notre planification stratégique 2025-2029. Ça a été une belle expérience parce que non seulement on a pu discuter avec nos équipes du siège social, mais nous avons aussi consulté les directions, les adjoints, les parents, des organismes francophones et même les élèves. Cette grande démarche communautaire nous a permis d’adopter une nouvelle vision : inspirer l’élève à rêver, à se surpasser et à s’épanouir dans sa francophonie. Et aussi de voir quels enjeux sont importants pour l’ensemble de nos communautés. 

Le Franco : Parmi tous ces échanges, avez-vous reçu des commentaires qui vous ont étonnée?

M.B. : Quand on rentre en consultation avec nos communautés, on arrive toujours avec des grandes lignes, mais jamais avec des décisions déjà prises. Le but des consultations c’est vraiment d’aller [tâter] le pouls et de comprendre les besoins, alors c’est pas mauvais d’avoir des surprises. On reçoit parfois des commentaires et du feedback qu’on n’aurait peut-être pas considéré. 

Ce que j’ai beaucoup apprécié, c’est la consultation auprès des élèves. Nous avons rencontré tous les élèves de la 5e à la 12e année. Leur perspective est différente de celle des adultes, et certaines suggestions nous ont vraiment surpris par leur pertinence. Ils avaient de très bonnes suggestions. On pense que ça va aider avec la rétention et, honnêtement, leurs réflexions, on nourrit notre nouvelle vision.

Nous avons aussi rencontré pour la première fois, au printemps dernier, les présidents de toutes les communautés [culturelles] pour bien comprendre les différentes nuances des différentes cultures. On voulait identifier comment mieux appuyer les familles et aussi les sensibiliser aux nuances de l’éducation francophone. Alors, ça a été quelque chose de vraiment exceptionnel, qui a été très bien accueilli par toutes et tous qui étaient là. C’est une pratique que nous allons continuer.

Monique Baker est la directrice générale du Conseil scolaire Francosud. Photo : Courtoisie

Le Franco : Sur le plan des infrastructures, il y a plusieurs projets qui avancent en parallèle. Où en êtes-vous?

M.B. : On est très occupés! Je dois avouer que nos conseillers scolaires font un travail incroyable. L’école francophone de Chestermere ouvre cette année, ce qui est très excitant… On célèbre aussi l’ouverture de nos deux écoles de Silverado. 

En plus de ça, il y a la construction d’une école secondaire à Airdrie qui s’en vient prochainement. Il y a aussi la construction d’une école primaire publique M à 6 dans le quartier de Harvest Hills, la construction d’une école catholique M à 9 dans le quartier Hamptons et la construction d’une école secondaire publique 10 à 12 à Panorama Hills. Sans compter la modernisation de l’École de la Rose sauvage et le projet de construction d’un deuxième gymnase à Lethbridge.

Tous ces projets sont évidemment rendus à différentes étapes. Certains en sont à la planification, au design et d’autres à la construction. Mais à Airdrie, dans Harvest Hills, on est à l’étape de la construction. Pour Hamptons et Panorama Hills, on avance au design.

Et nous collaborons aussi avec la municipalité et le gouvernement provincial pour trouver des terrains pour la construction de nouvelles infrastructures à Canmore et Cochrane. Ce sont les prochains projets qui sont ciblés parce qu’on a besoin d’avoir plus d’espace à ces deux endroits. C’est un gros besoin. À Cochrane, on n’a plus de place. C’est une école qui avait été bâtie pour la M à 8, mais on sert maintenant la communauté jusqu’à la douzième année. À Canmore, on est encore en mode discussion. Le défi est plus grand. Il manque de terrains en général dans la ville.

Le Franco : Le projet de Cochrane a connu quelques rebondissements. Où en êtes-vous aujourd’hui?

M.B. :  On continue de travailler avec la ville et avec les conseillers de la ville pour trouver une solution. On doit cibler un terrain.

Dernière minute 

L’Association des enseignants de l’Alberta (ATA) a déposé un préavis de grève à partir du lundi 6 octobre 2025.

Le Franco : À l’origine, il était question d’utiliser le terrain de l’école existante. Pourquoi ce projet a-t-il été abandonné?

M.B. : Les élus de la ville sont en faveur de la construction d’une nouvelle école, mais ils ont déterminé que le terrain actuel n’était pas le bon. Il y avait des craintes par rapport à la circulation, des préoccupations liées au trafic, surtout en raison de la proximité des maisons. C’était une question d’accessibilité. 

Le Franco : Vous avez parlé de certains projets de construction, certains mèneront à la construction d’écoles catholiques, d’autres à la construction d’écoles publiques. Comment se prend la décision?

M.B. : Alors, pour la construction d’écoles dans la ville de Calgary, on regarde toujours le recensement pour voir le nombre de familles francophones, pour analyser la demande et on suit ensuite un ratio basé sur nos données pour s’assurer qu’on répond aux besoins de notre clientèle. Quand on pense aux plus petites communautés, on peut prendre l’école de Cardston ou de Chestermere en exemple. Là, on consulte les parents et c’est les parents qui déterminent à travers une consultation si ce sera public ou catholique. 

Le Franco : Lors de notre première entrevue, vous évoquiez la possibilité de partager des cours entre écoles pour élargir l’offre au secondaire. Est-ce que cette idée a avancé?

M.B. : Il y a eu une évolution! L’École Sainte-Marguerite-Bourgeoys et l’École Beausoleil l’ont essayé en projet pilote à l’hiver, avec un grand succès. Il y a une élève de second cycle qui a pu suivre un cours de chimie dans une autre école grâce à ça. Elle s’est connectée en ligne pour une partie des cours et s’est déplacée pour quelques laboratoires. [On aimerait aligner les horaires de nos écoles pour que ce soit encore plus accessible.] Ça ouvre définitivement la porte à ce qu’on puisse offrir plus de cours de cette façon. 

Le Franco : Parlant de cours, comment se déroulent vos partenariats avec le Campus Saint-Jean, SAIT ou encore Olds College pour l’offre de cours à double reconnaissance?

M.B. : On a de plus en plus de partenariats et de plus en plus d’offres de cours. C’est vraiment un projet qui se passe bien. [Les élèves ont accès à plus d’une cinquantaine d’options de cours.]  

Le Franco : Une petite dernière. Quel a été votre moment préféré depuis votre entrée en fonction?

M.B. : J’en ai beaucoup. J’ai de la difficulté à en choisir un! Pour moi, c’est de voir l’épanouissement de notre conseil scolaire. On grossit, on grandit. C’est excitant de voir l’évolution de l’éducation francophone en milieu minoritaire. Vraiment. 

Glossaire – Épanouissement : développement harmonieux et entier