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le Mardi 3 octobre 2023 11:27 Fédéral

Les enjeux francophones absents du congrès conservateur

La femme de Pierre Poilievre, Anaida Poilievre, a prononcé un discours en français, en anglais et en espagnol pour présenter son mari. Photos : Twitter Pierre Poilievre.
La femme de Pierre Poilievre, Anaida Poilievre, a prononcé un discours en français, en anglais et en espagnol pour présenter son mari. Photos : Twitter Pierre Poilievre.
(FRANCOPRESSE) - Le congrès du Parti conservateurs, qui s’est tenu à Québec, a pris fin samedi 9 septembre 2023. Lors de son discours devant les partisans vendredi, Pierre Poilievre a mis de l’avant son attachement pour la francophonie canadienne, les Acadiens et le Québec. Toutefois, à aucun moment du discours, il n’a parlé des enjeux francophones.
Les enjeux francophones absents du congrès conservateur
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Le politologue Éric Montigny croit que le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre a réussi à créer une unité au sein d’un parti qui était divisé auparavant. Photo : Université Laval

Pendant plus d’une heure, debout devant plus de 2000 membres du Parti conservateurs, des médias et des observateurs, Pierre Poilievre a prononcé son discours en anglais et en français. Son épouse, qui a pris la parole juste avant lui, s’est exprimée en français, en anglais et en espagnol, sa langue maternelle.

Le chef du Parti conservateur a pris soin de rappeler ses origines franco-albertaines du côté de son père et le fait qu’il avait perdu son français à l’adolescence alors qu’il vivait à Calgary, en Alberta. 

«C’est pour ça que je serai toujours un allié du Québec, du peuple acadien et de tous les francophones à travers le pays», a-t-il lancé. 

Il notamment a réitéré que ses enfants fréquentent les garderies francophones et fréquenteront plus tard des écoles de langue française. Pierre Poilievre n’a pas fait référence aux enjeux de la francophonie canadienne de tout le reste de son discours, se concentrant seulement sur le Québec.

Objectif : se faire connaître des Québécois

Pour le professeur au Département de sciences politiques à l’Université Laval et membre du Parti, Éric Montigny, le choix de tenir le congrès dans la ville de Québec était stratégique. 

«C’est le seul endroit au Canada actuellement où les conservateurs n’ont pas pris d’avance sur les libéraux», explique-t-il, en faisant référence aux résultats des plus récents sondages sur les intentions de vote au pays, qui classent les conservateurs en avance sur le Parti libéral.

Pour Pierre Poilievre, c’était surtout une première façon de se présenter à l’électorat, ajoute le politologue.

«C’est son premier congrès […] c’est aussi une façon de présenter sa vision [et] sa capacité, aussi, d’être une solution de rechange aux libéraux», indique-t-il.  

Un discours axé sur l’économie 

Le discours de Pierre Poilievre de vendredi soir était axé sur les enjeux économiques auxquels font face les Canadiens. Pour l’ancien chef de cabinet d’Andrew Scheer, Marc-André Leclerc, il s’agit de la stratégie à avoir. 

«Il y a une opportunité pour lui de marquer des points en restant extrêmement discipliné et en évitant, bien sûr, de se laisser distraire par d’autres enjeux.»

Pierre Poilievre n’a pas hésité à blâmer non seulement le premier ministre canadien, Justin Trudeau, mais aussi le chef du Bloc québécois, Yves François Blanchet. 

«Justin Trudeau et le Bloc, ils punissent votre travail, prennent votre argent, taxent votre nourriture et double le prix de votre logement, et soyons clair, beaucoup de ces politiques sont rendues possibles grâce à l’appui du Bloc», a affirmé le chef conservateur devant ses partisans.

Il a réitéré que la taxe sur le carbone, qu’il surnomme la taxe Blanchet-Trudeau, est l’une des causes de la hausse du cout de la vie.

«Les aînés vont devoir couper dans leur repas pour payer la taxe Blanchet-Trudeau. Une nouvelle taxe de Trudeau sur l’énergie que le Bloc veut radicalement augmenter… ça coûte cher voter Bloc, oui ça coûte très cher voter Bloc».

Lorsqu’il est question de changements climatique, Pierre Poilievre soutient qu’il se tournerait plutôt vers des développements technologiques. Il a d’ailleurs ajouté qu’il souhaite abroger le projet de loi C-69 et «le remplacer avec une loi qui permettra de protéger nos environnement et [on] va consulter les Premières Nations et [on] va faire approuver les projets en 12 mois et pas 12 ans».

Débats sur les politiques sociales

Les membres du parti conservateur ont débattu pendant deux jours d’une trentaine de politiques, votant entre autres sur plusieurs résolutions entourant l’identité de genre. 

Samedi, 69,2 % des délégués ont voté en faveur d’une résolution interdisant les transitions de genre pour les mineurs sans l’autorisation des parents. 

Celle qui vise à garder les installations telles que les toilettes, les vestiaires, les refuges et les prisons ségréguées selon le sexe a été appuyée par 86,6 % des membres du parti. 

D’autres propositions concernant notamment le droit de refuser les vaccins, ou encore l’utilisation en continu du pétrole ont aussi reçu des votes favorables chez les conservateurs. 

Bien que les membres du Parti aient voté sur un total de trente politiques pendant le congrès, le programme électoral de Pierre Poilievre reste à confirmer.

Selon des informations obtenus par la Presse canadienne, le chef Pierre Poilievre s’est opposé à la résolution d’imposer des coupures de financement public à Radio-Canada en plus de la CBC. 

Alors que les conservateurs se montrent confiant avec des sondages en leur faveur, Éric Montigny rappelle tout de même que les élections sont encore loin d’être déclenchée. «Le plus gros défi des conservateurs c’est de s’arrêter de durer, lorsqu’on prend la tête dans les sondages, loin d’une excellence, on devient une cible plus grande[…]. [Pierre Poilievre] devra conserver le débat sur les enjeux économiques».

Glossaire – Ségrégué : Discriminé socialement en fonction du groupe ethnique, du genre, etc.