le Samedi 5 octobre 2024
le Lundi 19 avril 2021 14:09 Francophonie PR

Les francophones sont un désavantage du Canada, selon une firme spécialisée en immigration

Les francophones sont un désavantage du Canada, selon une firme spécialisée en immigration
00:00 00:00

Les francophones du Canada sont considérés comme un désavantage dans leur propre pays, selon un texte publié — puis effacé — par une firme de consultants en immigration basée à Vancouver.

MDC Canada a retiré jeudi 18 mars une publication Facebook dans laquelle elle fait la promotion de la vie au pays. Vers midi, la direction a publié un message d’excuses envers la communauté francophone.

Capture d’écran de la publication Facebook effacée par MDM Canada. Crédit : Capture d’écran publication effacée – Le Droit

Écrite en anglais, la publication initiale « The Pros and Cons of Living in Canada » (Avantages et inconvénients de la vie au Canada) vante la beauté du pays, la poutine, le multiculturalisme. Elle donne aussi l’envers de la médaille avec certains désavantages, comme le froid, le coût élevé des vols et le fait que « beaucoup de personnes ici parlent français ». La publication était toujours en ligne. Elle n’était plus disponible quelques minutes après que le journal Le Droit, basé en Ontario, ait écrit à l’entreprise pour demander des explications.

Excuses

Jeudi midi, le propriétaire et président de l’entreprise MDC, David Allon, a présenté ses « sincères excuses » aux francophones du pays. Dans une lettre rédigée en anglais, David Allon a mentionné qu’il était lui-même « un fier citoyen canadien-français » qui avait « été personnellement offensé lorsque cela a été révélé ».

« Un de nos messages a suscité de nombreuses réponses : indignation, colère, déception. Nous partageons tous ces sentiments, écrit M. Allon. Ce message spécifique a été rédigé par un (rédacteur) indépendant externe. Nous avons généralement un processus d’édition strict, mais au moment de la publication en février, notre rédacteur interne a été hospitalisé et ce message n’a pas été correctement examiné. En tant qu’entreprise, nous ne partageons pas le point de vue de cette personne. »

MDC a souligné qu’elle était une entreprise multiculturelle « qui célèbre la diversité et s’engage à promouvoir l’inclusivité ».

« À travers cet article, précise le dirigeant de MDC, nous reconnaissons que nous avons laissé tomber différentes communautés et cultures, même si c’est le contraire de notre déclaration de mission en tant qu’entreprise et nous apprenons toujours à faire mieux chaque jour et à regagner votre confiance. Nous nous sommes engagés envers nos clients et nos employés à faire en sorte que cela ne se reproduise plus. »

« Bon vieux charme français »

Des saisies d’écran permettent toutefois de lire le contenu qui a été supprimé.

Dans la publication accompagnant le tableau, on peut lire un sous-texte sur le fait français au Canada. « D’accord, ce n’est pas réellement un désavantage (“Ok, so this isn’t really a con”). Le Canada a deux langues officielles. Si vous parlez français, cela comptera certainement en votre faveur. Si vous ne pouvez pas, vous pouvez ressentir un peu de ce bon vieux charme français lorsqu’ils rencontrent des anglophones. »

Le paragraphe sur le « bon vieux charme français » fait partie d’un blogue rédigé le 24 février dernier. Il est précédé d’un passage sur la poutine, décrite comme « le roi des délices culinaires canadiens ». La publicité a été mise sur Facebook deux jours plus tard, le 26 février. 

Jeudi, le Journal de Montréal indiquait que le montage semblait avoir été repris par Chase Global Immigration, une entreprise de Calgary ayant publié une image identique sur sa page Facebook le 10 mars.

« Ce sont des propos déplorables, inacceptables et les francophones du pays méritent des excuses, a affirmé à La Presse la ministre du Développement économique et des Langues officielles, Mélanie Joly. Nos deux langues officielles sont au cœur de l’identité canadienne. Le fait que l’on parle français au Canada est une richesse et contribue à rendre notre pays unique. Plus que jamais, les Canadiens d’un océan à l’autre ont une vision positive du bilinguisme. »