Afin de comprendre et appuyer les organismes francophones durant la pandémie et lors de la reprise de leurs activités, la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada a réalisé une étude auprès de 250 organismes. Elle dresse un portrait des conséquences de la pandémie et avance trois recommandations.
La FCFA rapporte que la pandémie et les mesures sanitaires ont eu des conséquences sur les activités et services offerts par les organismes francophones du pays. Le ralentissement des activités pendant plusieurs mois a provoqué la perte de bénévoles et de revenus pour la majorité des organismes sondés. Les domaines les plus touchés sont les médias, le développement communautaire ainsi que les arts et le patrimoine.
Jean Johnson, président de la FCFA, est particulièrement inquiet par la question d’érosion de la participation des bénévoles. ≪ Quand on va avoir fini cette pandémie, je suis inquiet que nos groupes communautaires aient un gros travail à faire pour solliciter un intérêt de la part des bénévoles pour les inciter à revenir participer et continuer à contribuer. Beaucoup de nos services communautaires et de nos groupes, qui sont vraiment à la base de nos communautés, dépendent de l’appui du bénévolat. ≫
Le rapport de la FCFA démontre aussi que la pandémie a eu un impact sur le budget et les opérations internes des organismes. Ces derniers ont dû faire preuve de créativité et composer avec les mesures sanitaires en place afin de continuer à transiger avec le public.
Mireille Péloquin, directrice générale de la Fédération des parents francophones de l’Alberta, affirme avoir eu recours à la subvention salariale du gouvernement fédéral à quelques reprises depuis le début de la pandémie. ≪ Ce que j’ai apprécié de cet octroi, c’est que ça m’a permis de maintenir du personnel en place […] et de faire beaucoup de travail. Surtout dans le soutien aux services de garde de la petite enfance. [Il fallait] comprendre tous les nouveaux règlements, créer de nouveaux outils et mettre toutes les mesures de santé et de sécurité en place dans un service de garde avant qu’il puisse ouvrir ses portes à nouveau. ≫
Garder le cap
Il est difficile pour Madame Péloquin de prédire si la FPFA aura besoin d’une aide financière suite à la pandémie. ≪ Je dois surveiller de très près le budget parce que les revenus sont volatiles. Une grande partie de nos revenus viennent des services de garde que l’on gère, mais depuis septembre, les inscriptions ont baissé. Chaque mois, il y a un enfant de moins dans les services de garde et on est un peu à la merci de ça. Je dois revoir le budget quasiment tous les trois mois pour m’assurer que les projections sont encore sur la même piste. ≫
72 % des organismes consultés se disaient satisfaits de l’aide financière apportée, particulièrement celle du gouvernement fédéral. Toutefois, les petits organismes n’ont pas tous eu la chance d’obtenir du financement et la FCFA souhaite s’assurer que tous puissent répondre à leurs besoins durant la pandémie et dans la relance de leurs activités par la suite. C’est pourquoi le rapport de consultation de la FCFA du Canada se conclut avec trois recommandations pour les dirigeants.
Une aide précieuse
La FCFA réclame qu’un appui immédiat soit offert aux organismes fragilisés qui n’ont pas été en mesure de recevoir une aide financière. ≪ Les petits organismes
sont tombés dans les craques et il n’y a personne pour venir à leur défense alors nous avons assumé cette responsabilité ≫, explique Jean Johnson.
Le rapport recommande aussi que des programmes d’aide soient maintenus jusqu’à ce que les organismes aient retrouvé une stabilité financière et opérationnelle. ≪ Reconnaissez le besoin dans la région, faites confiance aux gens localement et assurons-nous de maintenir la discussion avec les intervenants clés dans cette situation et permettre que le relancement soit un succès. Ça veut dire certains investissements ou bonifications pour leur permettre de se rendre à un niveau qui se rapproche de leur activité avant COVID. ≫
Le président de la FCFA ajoute qu’il serait bon de changer la façon d’offrir des fonds pour mieux répondre à la demande des organismes. Il serait souhaitable que les ministères fédéraux adaptent la gestion de leurs programmes en fonction de l’impact de la pandémie sur les organismes francophones. ≪ Les critères avant étaient toujours basés sur des résultats, sur des éléments concrets et facilement évaluables. Maintenant, on tombe un peu dans l’abstrait. La rentabilité va être là si le gouvernement est là pour l’assurer ≫, conclut monsieur Johnson.