En matinée du mardi 15 juin, le Sommet sur le rapprochement des francophonies canadiennes était centré sur deux blocs d’ateliers consacrés à l’éducation. Le premier portait sur l’apprentissage en français au primaire et au secondaire et le second sur l’éducation postsecondaire. Comme la veille, les participants ont proposé leurs idées et les projets qu’ils entrevoient pour un rapprochement entre le Québec et les milieux francophones minoritaires au Canada.
Inès Lombardo – Francopresse
En cette deuxième journée de Sommet, qui a coïncidé avec le dépôt du projet de loi sur la modernisation des langues officielles C-32, 142 participants étaient inscrits à l’un ou l’autre des deux ateliers.
Toujours en sous-groupes, leurs discussions ont porté sur la façon de procéder pour rapprocher deux niveaux d’éducation entre le Québec et les autres francophonies du pays : l’éducation primaire et secondaire d’un côté, et le postsecondaire de l’autre.
Alain Dupuis, directeur de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, a accueilli les participants en leur rappelant l’un des objectifs principaux des ateliers : partager des orientations pour la nouvelle Politique du Québec en matière de francophonie canadienne, qui sera dévoilée cet automne.
L’un des ateliers servait à voir quelles expertises les écoles en milieu minoritaire pourraient offrir au Québec en matière de bonnes pratiques, et vice-versa. Plusieurs défis existent, comme l’a rappelé Alain Dupuis, citant entre autres l’insécurité linguistique : comment s’assurer que tous ceux qui apprennent le français aient également la confiance de s’exprimer en français?
Besoin de pistes sur le postsecondaire et la recherche
L’autre atelier abordait les institutions postsecondaires et tout le milieu de la recherche «qui [y] est intimement lié», a rappelé Renée Madore, secrétaire adjointe à la francophonie, à la stratégie et à la diplomatie publique au Secrétariat du Québec aux relations canadiennes (SQRC).
«Il y a vraiment un problème, si on peut dire, au Québec et ailleurs au Canada sur la publication des résultats de recherche en français […] Je pense que c’est un peu mondial comme problématique», a-t-elle affirmé.
La secrétaire adjointe a également ajouté «ne pas pouvoir passer sous silence le projet de loi 96», qui prévoit la possibilité pour des étudiants canadiens francophones d’étudier au Québec en français, en bénéficiant des mêmes frais de scolarité que les Québécois, dans la mesure où le programme n’existe pas en français dans leur province ou territoire.
«C’est vraiment quelque chose qui répondait à une demande qu’on a entendue dans le milieu francophone, un peu partout au Canada. Je voulais juste vous dire qu’on est très conscient des préoccupations qui ont été soulevées par cette disposition-là […] Plusieurs institutions craignent que ça vienne un peu vider les établissements francophones […], mais on sait qu’il y a certains des établissements qui vont chercher des étudiants aussi à l’extérieur dans leur propre province», a souligné Renée Madore.
Saisir les différences de réalité dans les écoles et établissements
Si, comme la veille, il est ressorti des deux ateliers de l’avant-midi le besoin criant de mieux se connaitre entre Québec et autres francophonies canadiennes d’un côté, et les francophonies en milieu minoritaire entre elles de l’autre, l’idée de connaitre la diversité des tailles et des réalités est particulièrement ressortie, pour mieux identifier les enjeux et les ressources pour les échanger de manière plus fluide par la suite.
La pénurie d’enseignants, qui a fait couler beaucoup d’encre ces dernières années, est largement ressortie dans les discussions. Une collaboration et une circulation des ressources entre communautés francophones de différentes provinces pour résoudre cette problématique ont été soulevées par plusieurs groupes.
Du côté de l’éducation postsecondaire, une participante a demandé «un éveil des Québécois envers la francophonie canadienne [et de] développer les possibilités d’échanges entre les universités et collèges au Canada plutôt qu’à l’étranger».
Valérie Lapointe-Gagnon, professeure agrégée d’histoire à la Faculté Saint-Jean en Alberta, a parlé de «réciprocité», en l’illustrant par la proposition d’un programme de bourse alléchant pour que les étudiants québécois découvrent l’éducation dans la francophonie hors Québec.