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le Jeudi 23 septembre 2021 20:27 Francophonie PR

Mais où est l’humour francophone en Alberta?

Mais où est l’humour francophone en Alberta?
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Les humoristes franco-canadiennes Isabelle Cliche (La Wonderful), Josée Thibeault et Micheline Marchildon l’affirment : l’humour est l’art de la scène le plus souvent oublié dans le monde de la culture. Cette semaine, Le Franco vous propose un instantané  de la scène humoristique francophone en Alberta… au féminin! Ses défis et ses enjeux. 

IJL – Franco.Presse – Le Franco

L’humour manque-t-il de visibilité dans la culture francophone hors Québec? Micheline Marchildon, humoriste manitobaine, est catégorique sur cette question : «Absolument!»  Et elle n’est pas la seule à l’affirmer.

Isabelle Cliche s’est fait remarquer sur la scène de Polyfonik cet été. Crédit : Juliana Damer.

Pour Isabelle Cliche, la scène humoristique de sa communauté, composée de LadyT, du conteur Roger Dallaire, d’elle-même et du collectif RiRe, est «pratiquement existante». Elle explique ce phénomène par le manque criant d’espaces pour l’humour : «Il y a très peu d’occasions pour nous […] de jouer chez nous». Les festivals et les soirées d’humour ne figurent tout simplement pas dans les calendriers culturels de la francophonie albertaine.

La clown bilingue est également reconnue pour ses talents d’auteure-compositrice-interprète et tente toujours de donner une touche d’humour à ses textes.  Elle pointe également du doigt les diffuseurs francophones en milieu minoritaire : «[Ils] devraient toujours mettre à l’avant-plan les artistes d’ici à chaque événement organisé. Il devrait y avoir des gens d’ici. Toujours.» 

Amoureuse de scène, Josée Thibeault n’hésite pas à glisser de l’humour dans ses performances y compris dans son spectacle la petite Lulu tire la langue. Crédit : Josée Thibeault.

Pour Josée Thibeault, membre du collectif RiRe depuis plusieurs années, si l’humour franco-albertain a de la difficulté à s’enraciner dans la communauté, c’est en raison de la diversité de ses membres. Les références cultuelles ne sont pas toujours les mêmes : «on ne rit pas tous de la même chose!» Malgré ses difficultés, le rire reste un des piliers communautaires importants pour Micheline Marchildon, car «rire ensemble, c’est grandir ensemble».

L’improvisation, au secours de l’humour francophone minoritaire?

La porte d’entrée au 6e art est souvent la même : l’improvisation. Micheline ne s’en cache pas, c’est l’improvisation qui lui a donné «des ailes en tant qu’artiste». Des ailes qui l’ont amenée, cette année, à animer l’Anti-Gala virtuel de Réseau.Presse du 16 septembre.

L’humour accompagne Isabelle Cliche partout, y compris dans l’écriture de ses chansons! Crédit : Juliana Damer.

Isabelle, elle, remarque que lorsqu’il «y a de l’improvisation dans une communauté, il y a presque toujours des soirées d’humour et des humoristes établis et assumés […] On n’a pas d’improvisation et ça manque à notre culture, ça manque à notre humour!»

En Alberta, comme au Québec, les ligues d’improvisation étaient populaires dans les années 1980. Amoureuse d’improvisation, Josée remarque que depuis le milieu des années 1990, elles se font plus rares dans la province de la rose sauvage. Découvrir de nouveaux talents et rassembler la communauté semblent être les fins atteintes par cette forme de performance pour l’un des visages du RiRe.

Micheline Marchildon au sur la scène du Théâtre Saint-Denis à Montréal en 2020. Crédit : Micheline Marchildon.

Pour Micheline, c’est également un terrain d’exploration pour tous les francophones et francophiles, de «s’ancrer dans la francophonie». Les participant.es font des erreurs de français, découvrent de nouvelles références à la culture, mais aussi «se font pardonner et aimer inconditionnellement par la communauté».

«Les filles sont drôles»

L’humour est un élément de communication et de mobilisation sociale. Les femmes ont-elles leur place dans ce dialogue? Elles sont unanimes, elles ont leur place dans ce milieu! 

Josée Thibeault est membre du collectif RiRe, un collectif franco-albertain humoristique. Ici, elle parodie Crystal Plamondon avec sa planche-à-laver-avec-des-seins. Crédit : Courtoisie.

Bien que la scène humoristique soit petite en Alberta, elle reflète une disparité homme/femme équitable selon la clown bilingue : «L’humour est non genré, rassembleur, et  fait preuve d’ouverture et d’inclusion; il devrait occuper une plus grande place dans nos programmations d’évènements communautaires».  Celle qui affirme que le rire est son «super pouvoir» à également la conviction que «le rire peut apporter du réconfort, il favorise l’acceptation et renforce le sentiment d’appartenance».

Josée est dans le milieu de la culture franco-albertaine depuis des années et remarque que «les filles manquent de confiance». Malgré leur talent, ce sont elles qui abandonnent le plus souvent leur carrière sur scène. Une observation qui est enrichie par les propos de Micheline qui affirme que l’humour demande du courage pour «affirmer sa voix», mais aussi d’y rester fidèle.