Lorsqu’on rentre dans la résidence des indépendants du Centre de Santé Saint-Thomas, ce qui saute aux yeux, ce sont les tableaux accrochés aux murs. Au total, ce sont 215 peintures qui ont été installées sur les quatre étages de la résidence pour personnes âgées.
«Ils égaient les corridors puisqu’avant, c’était mort. On ne veut pas avoir la mort aux alentours», rit de bon cœur Irène Plourde, une résidente du Centre de santé. Les cadres ont été accrochés en 2019 à la suite d’une initiative de Yvette Tellier qui voulait embellir son environnement de vie.
Les pommettes roses, le sourire timide, Yvette Tellier acquiesce : c’est effectivement son idée. Elle préfère toutefois mettre l’accent sur le travail collectif de la communauté qui a rendu possible ce projet.
Pour Mme Tellier, ils ont tous apporté leur grain de sel. Par exemple, Jacques Requier s’est occupé de poser les cadres, alors que Margaret Plakner, une des résidentes anglophones, s’est chargée de payer tous les coûts reliés à l’installation.
Un endroit maussade
En février 2018, lorsqu’elle déménage au Centre de Santé Saint-Thomas, Yvette Tellier trouve que les murs de la résidence sont vides. «Je marchais dans le couloir et il n’y avait pas d’énergie.» Puisqu’elle est une nouvelle résidente, Mme Tellier préfère alors prendre le temps de s’approprier les lieux avant de penser à les décorer.
Petit à petit, l’idée d’accrocher des peintures commence à mûrir dans son esprit. Elle en discute avec d’autres résidents. Tous affirment à l’unisson que «c’est une bonne idée» et que ça mettrait de la vie dans l’établissement.
Finalement, six mois après son déménagement, Yvette Tellier entame officiellement les démarches. Pour mettre son projet sur pied, elle fait appel à Clémence Lavoie, la fille de Marie-Rose Grenier-Lavoie qui réside aussi au Centre de Santé Saint-Thomas. «Elle est très bonne organisatrice», mentionne-t-elle.
Les deux sœurs de Mme Lavoie, Angèle L’abbé et Christiane Savard, embarquent elles aussi dans le projet. Elles sont convaincues : embellir ce lieu de vie pour les aînés est une excellente idée.
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Un effet boule de neige
Pour trouver les cadres, Mme Tellier a sollicité le Club des retraités d’Edmonton, connu aujourd’hui sous le nom de Club 50+ région d’Edmonton. Elle s’esclaffe en se souvenant de ses paroles. «Vous avez quelque chose de caché sur votre lit que j’aimerais avoir. Ce n’est pas les pantoufles de votre mari, ni ses chaussures, mais plutôt les peintures que vous y avez mises parce que vous n’avez pas d’autres places où les mettre!»
Des lettres ont également été envoyées. Une annonce a été affichée sur le tableau de l’église Saint-Thomas-d’Aquin. Un effet boule de neige s’en est suivi. De bouche à oreille, la communauté a été à l’affût de ce projet, certains ont même envoyé des dons.
D’autres, comme certains artistes de la région, ont offert leurs tableaux. Maxine Lemay a maintenant cinq toiles accrochées dans les couloirs du Centre de santé. «Ce n’est pas tout le monde qui peut faire des toiles. J’aime partager et je connais beaucoup de monde qui vit ici.»
Les élèves de l’école Maurice-Lavallée ont également participé aux projets. Ils ont créé des œuvres d’art sous la supervision de Geneviève L’Heureux, leur enseignante d’arts visuels. Celles-ci font aussi le bonheur des résidents. Pour Yvette Tellier, c’était important que la jeunesse participe.
Pour Mme L’Heureux, ce projet a été, pour ses élèves, une expérience enrichissante sur le plan «de leur construction identitaire. Ce projet les engageait au niveau communautaire». Une approche multigénérationnelle très appréciée de tous.
Yvette Tellier, Clémence Lavoie, Angèle L’Abbé et Christiane Savard espèrent organiser des portes ouvertes dès que la situation sanitaire le permettra. Ce sera l’occasion pour la communauté de profiter de cette galerie d’art et de rencontrer les personnes qui font la vie du Centre de Santé Saint-Thomas.