En 2021, 292 385 enfants admissibles à une éducation en français sur 452 110 ont fréquenté ou fréquentent une école de langue française minoritaire.
Au pays, quelque 10,5% des enfants sont admissibles à une instruction en français en milieu minoritaire, un chiffre «intéressant à la grandeur du Canada», remarque Michelle Landry, professeure agrégée de sociologie à l’Université de Moncton.
Des taux de fréquentation à surveiller dans l’Ouest et à Terre-Neuve
Toutefois, la professeure trouve que le taux de fréquentation des écoles en français dans certaines provinces est «inquiétant». Selon elle, il fallait s’attendre au taux de 80,6% au Nouveau-Brunswick, seule province officiellement bilingue.
Mais le taux de 49,6% en Alberta inquiète la professeure, car ce pourcentage «inclut des gens qui ont fréquenté ces écoles [françaises]. Ils y sont allés, mais pas nécessairement pendant toute leur scolarité».
Les taux de fréquentation les moins élevés se retrouvent ensuite en Colombie-Britannique et à Terre-Neuve-et-Labrador, soit respectivement 55,7% et 54,2%.
Statistique Canada indique que certains facteurs peuvent influer sur ces taux de fréquentation, comme la transmission de la langue. Hors Québec, la fréquentation des écoles de langue française peut être plus faible, car les écoles de langue anglaise offrent des programmes d’immersion en français. D’ailleurs, un enfant sur huit, soit 12,5% des enfants admissibles à une éducation en français, fréquente un tel programme.
La distance de l’école de langue française pèse aussi dans la balance: 90% des enfants hors Québec habitent à moins de 15 km d’une telle école, mais plus la distance à parcourir pour s’y rendre est grande, moins les enfants d’ayants droit la fréquenteront, ce qui est valable «tant en milieu urbain que rural», précise Statistique Canada.
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«La qualité de l’école, celle de l’infrastructure, les choix de cours, les sports, les activités parascolaires entrent aussi en compte», affirme Michelle Landry.
Statistique Canada ne mentionne pas ces facteurs, car le ministère «ne peut pas s’appuyer sur les données du recensement pour ces [aspects]. C’est à l’échelle locale que ces facteurs jouent, mais les données locales ne sont pas encore sorties», explique la professeure.
La langue de travail a un lien avec la langue de la scolarité
«On sait qu’un enfant scolarisé en français aura plus de chances de poursuivre ses études dans cette langue, de la transmettre et de la parler au quotidien, à son travail. L’école est une institution centrale dans le fait de consolider l’apprentissage d’une langue, notamment dans une famille qui parle une autre langue», rappelle Michelle Landry.
Les données de Statistique Canada montrent aussi que le nombre de personnes qui utilisent régulièrement le français au travail hors Québec s’élève à 500 200. Il est difficile de comparer ce chiffre avec les données recueillies entre 2016 et 2021 parce que les questions du recensement n’étaient pas les mêmes.
Cependant, les chiffres de Statistique Canada font tout de même voir que le taux d’utilisation du français au travail varie d’une région à l’autre. Pour l’ensemble du Canada, ce taux passe de 19,4% à 19,9%, mais le Nouveau-Brunswick, le Québec et la région de la capitale nationale enregistrent des baisses de pourcentage.
Les ayants droit à l’instruction dans la langue de la minorité
L’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés reconnait le droit à l’instruction au primaire et au secondaire dans la langue officielle de la minorité, soit en anglais au Québec ou en français dans les autres provinces et territoires du Canada.