Grâce à des ateliers de percussion, de henné, des performances dansantes et une multitude de sonorités venues des quatre coins du globe, cette édition du Franco Festival s’est une fois de plus clôturée en beauté, assure Zinha Muabi, chargée des opérations au sein du PIA. Elle rappelle que la francophonie de Calgary puise sa force dans toute la mosaïque d’accents et de cultures distinctes qui la façonnent.
«Ce qui est intéressant, c’est que les personnes qui participent au festival partagent toutes le français comme dénominateur commun, mais ils proviennent de différents horizons. Il y a la dualité française et anglaise, bien sûr. Mais plusieurs d’entre eux parlent trois, voire quatre langues différentes. C’est là-dessus que nous voulons attirer l’attention, la [non-homogénéité] de la francophonie», explique-t-elle.
L’Algérie, le Burundi, la Côte d’Ivoire, le Mali, la Guinée, Haïti, le Maroc, les peuples autochtones et bien d’autres communautés ethnoculturelles étaient représentés dans le village culturel mis sur pied par les collaborateurs du PIA, explique Zinha. Une mention spéciale pour l’Ukraine, qui a également pris part à l’événement cette année. «Cela surprend parfois les gens, mais de nombreux Ukrainiens parlent le français et sont fascinés par la langue», insiste la chargée des opérations.
La musique hispanophone au service de la francophonie
Les musiciens qui ont pris la scène témoignent également de la volonté inclusive de l’organisme qui cherche à élargir la définition de la francophonie. La Santa, un groupe de rock fusion hispanophone composé de six musiciens, a d’ailleurs livré plusieurs chansons en espagnol avant de présenter quelques classiques en français tels que l’intemporelle Je l’aime à mourir de Francis Cabrel. Pour permettre aux spectateurs les plus jeunes de se déhancher, la formation a aussi revisité la chanson rythmée Alors on danse de Stromae et un tube bilingue de Manu Chao.
«J’ai habité à Montréal, je parle français et c’est important pour moi de garder ce lien vivant depuis que je suis à Calgary. C’était la première fois que notre groupe présentait des chansons francophones et je ne crois pas que ce sera la dernière», affirme Fredy Rivas, un artiste multidisciplinaire qui participe au collectif La Santa depuis quatre ans.
Il rappelle les liens étroits entre l’espagnol et le français, deux langues romanes qui, selon lui, «ne sont pas si éloignées l’une de l’autre». «Je crois qu’il y a une compréhension [mutuelle] entre minorités linguistiques et je trouve important de trouver une manière de faire [coexister toutes ces] identités. C’est ce que je cherche à faire», ajoute-t-il.
Parmi les autres talents présents sur place, Zinha Muabi décerne son prix coup de cœur à Emily Martinez. Cette auteure-compositrice-interprète vénézuélienne, nouvellement établie à Calgary après avoir résidé à Montréal, a clairement captivé l’attention des spectateurs. «Je pense qu’Emily a été l’artiste préférée du public cette année et cela se justifie amplement. C’est une [autre] artiste hispanophone qui parle français et anglais. Sa présence [renforce] l’idée que la francophonie a besoin de tous ses alliés pour briller.»
Chantal Marie et l’Onde sonore, un groupe de musique dont la tête d’affiche est québécoise, a également attiré l’attention, en particulier chez les spectateurs en visite de la belle province et quelques âmes expatriées. «Pour moi qui a[i] vécu à Montréal, c’était vraiment spécial de réécouter des chansons populaires du Québec. Cette musique, je l’ai un peu perdue de vue depuis que j’habite à Calgary, mais ça m’a fait vraiment plaisir de la réapprivoiser,» ajoute Zinha Muabi.
Glossaire — Multidisciplinaire : qui combine différentes formes de pratiques, de savoir-faire et de genres