La rédaction a eu l’occasion de discuter avec Nathalie Lachance de son parcours et de ses attentes au cours des premiers mois de son mandat quelques jours avant le Congrès annuel de la francophonie albertaine.
Le Franco : Madame Lachance, vous avez travaillé au Campus Saint-Jean et vous avez présidé le Conseil scolaire Centre-Nord (CSCN) pendant plusieurs années. Vous avez visiblement plusieurs années d’expérience avec la communauté francophone de l’Alberta. Pour ceux qui ne vous connaissent pas, pourriez-vous décrire brièvement votre parcours professionnel?
Nathalie Lachance : Je me suis toujours promenée entre la francophonie et le monde autochtone. J’ai commencé ma carrière avec le Ralliement national des Métis à Ottawa pour me retrouver ici à Edmonton avec ce qui était à l’époque la Faculté Saint-Jean où j’ai occupé des fonctions d’agente de développement.
J’ai été conseillère scolaire pour le Conseil scolaire Centre-Nord (CSCN) et j’ai aussi occupé la présidence pendant trois ans. En tout et pour tout, j’ai été élue pendant onze ans au CSCN.
Finalement, je suis retournée dans le monde autochtone [pour] travailler avec l’organisation nationale de la santé des Autochtones. Je suis une fonctionnaire de la fonction publique fédérale au sein de Services aux Autochtones Canada depuis 2003.
Je suis aussi une des coachs au MBA (maîtrise en administration des affaires) à l’Université Athabasca.
Le Franco : Vous évoquez vos engagements tant au sein de la francophonie qu’auprès des peuples autochtones. Il existe des similitudes entre les défis auxquels sont confrontées ces deux communautés en Alberta. Comment envisagez-vous la possibilité d’une collaboration entre les leaders francophones et autochtones pour faire avancer leurs luttes respectives en vue de la reconnaissance de droits particuliers?
N.L. : Je pense qu’on a vraiment des avantages à travailler ensemble. Je pense qu’il y a beaucoup de liens à faire entre ces deux mondes. On a beaucoup de points similaires, il y a des différences évidemment, il y a des reconnaissances qui sont différentes, des droits qui sont différents, mais je crois qu’il y a aussi beaucoup de similitudes et on a avantage à mieux se connaître et mieux travailler ensemble. Il y a de l’espace pour le respect et le travail en tandem.
Il faut aussi comprendre que ma relation avec les communautés autochtones en Alberta n’est pas seulement une relation de travail. Mon conjoint, mes beaux-enfants, mes petits-enfants, mon fils, ils sont tous autochtones. Mon mari est un ancien président de la Métis Nation of Alberta et il est aussi membre de la Mikisew Cree First Nation. Moi, je suis originaire du Québec, mais ma connexion à l’Alberta et au monde autochtone est profonde.
Le Franco : Maintenant que l’on comprend un peu mieux votre parcours, pouvez-vous nous expliquer quelles seront vos ambitions et vos priorités en tant que présidente de l’ACFA?
N.L. : Je trouve que je réponds toujours mal à cette question [rires]. Le travail à la présidence de l’ACFA, c’est un travail d’équipe qui se fait avec un conseil d’administration et de concert avec le travail des régionales. Je trouve que ce serait incongru que j’arrive avec une grande vision générale, sans avoir discuté ni m’être entendue sur un plan de match avec les autres membres du conseil d’administration.
Je sais qu’il y a des dossiers importants, on parle de la modernisation de l’ACFA, de l’éducation de la petite enfance jusqu’au niveau universitaire en français, il y a le dossier de la santé, le développement économique, mais ce n’est pas à moi de déterminer les priorités du conseil d’administration. Ça a besoin d’être un travail d’équipe.
Le Franco : Vous mentionnez la nécessité d’un travail concerté, j’imagine que cela inclut l’importance d’être attentif et à l’écoute de la communauté et de ce qui se passe au quotidien dans la francophonie albertaine?
N.L. : Absolument. On a le Congrès annuel de la francophonie albertaine qui s’en vient très rapidement. C’est important de participer aux conversations et d’écouter la communauté. C’est de là que l’on partira comme nouveau conseil d’administration. J’ai bien hâte de rencontrer la nouvelle équipe. On a des membres qui reviennent et plusieurs nouveaux aussi.
Le Franco : Comment se passera la transition entre vous et monsieur Pierre Asselin pour que vous puissiez reprendre les rênes de manière efficace? Vous siégez déjà au conseil d’administration depuis un an, alors je devine que vous devez être bien au fait des dossiers les plus urgents.
N.L. : Je n’étais pas à l’exécutif, mais oui je siégeais au conseil. Je m’attends à une très belle transition. Je connais Pierre depuis très longtemps, j’ai énormément de respect pour lui, c’est un homme extraordinaire. En plus de ça, on est appuyés par une super équipe au secrétariat de l’ACFA. On est bien entourés et on bâtit sur une tradition remarquable.
Le Franco : Comment comptez-vous prendre en charge la présidence de l’ACFA dans le contexte des défis actuels au sein de la francophonie albertaine, tel que le dossier du Campus Saint-Jean avec notamment le démantèlement de la salle historique et le remplacement de l’enseigne à l’entrée, ainsi que les préoccupations continues concernant le financement? Pouvez-vous nous expliquer votre approche pour poursuivre le travail entamé par votre prédécesseur?
N.L. : Je pense que c’est important de souligner que Pierre travaillait de manière alignée avec le mandat du conseil d’administration. Il ne travaillait pas en solo, mais avec toute notre équipe. Il y a effectivement des dossiers très chauds. J’ai aussi eu le plaisir d’assister au brunch du doyen dimanche dernier et je souhaite continuer le dialogue avec le Campus Saint-Jean et voir ce qu’on peut faire pour travailler ensemble. C’est clair que le Campus est hyper important pour la francophonie albertaine.
Le Franco : Madame Lachance, les médias francophones de l’Alberta ont souffert au cours de la dernière année. Est-ce que c’est important pour vous d’assurer la pérennité de nos médias communautaires et francophones? Est-ce que vous croyez qu’il devrait un soutien plus soutenu du gouvernement provincial à cet égard?
N.L. : Je crois définitivement en la pérennité de nos médias communautaires et francophones. Je pense que nos médias jouent un rôle crucial pour documenter notre communauté et montrer son dynamisme et sa nature vibrante. Pour les prochaines étapes, c’est un dossier que je vais devoir creuser davantage avant de m’avancer. […] Je ne crois pas que les solutions soient aussi simples que quiconque voudrait les dire, sinon elles auraient toutes déjà été trouvées et implantées.
Glossaire – En tandem : En collaboration