IJL-RÉSEAU.PRESSE-LE FRANCO
Le Franco : Bonjour Alain. Avant de plonger au cœur du sujet, pourriez-vous nous décrire rapidement votre parcours afin que nos lecteurs puissent en apprendre davantage sur vous?
Alain Bertrand : Je travaille pour le gouvernement [fédéral] depuis 2003. J’ai aussi travaillé à l’ACFA (Association canadienne-française de l’Alberta) pendant quelques années et j’ai même été correspondant pour Le Franco à Calgary! J’ai voyagé, j’ai enseigné en Afrique… Bref, j’ai fait plein de choses. […] À la base, je suis originaire du Manitoba.
Le Franco : Vous remplacez Annie McKitrick à la présidence depuis peu. À quel moment est survenu ce changement?
A.B. : Le changement avec moi s’est effectué le 19 mai 2024.
Le Franco : Vous teniez auparavant le rôle de vice-président, comment entrevoyez-vous ce changement de rôle?
A.B. : La situation de la radio n’est pas très rose. Nous avons des dettes à payer et nous dépendons encore beaucoup trop des financements gouvernementaux. Il faut que l’on revoie un peu notre programmation, il faut aussi faire un sondage pour s’assurer de répondre aux besoins et attentes de la communauté francophone de la grande région d’Edmonton.
Ce ne sera pas une présidence facile. Notre AGA [du 6 juin] n’a pas attiré le nombre de personnes requises pour un quorum. Le quorum était de quinze, nous étions sept. Nous avons décidé d’avoir une assemblée générale extraordinaire le 27 juin.
À l’ordre du jour, nous devons prendre des décisions importantes pour l’avenir de la radio. Je ne veux pas aller trop en détail là-dessus, mais en gros, on parlera de l’avenir de la radio.
Le Franco : Si vous aviez à décrire le parcours de Radio Cité dans la dernière année en trois mots, quels seraient-ils?
A.B. : En trois mots, je ne sais pas, mais le mot qui me vient en tête, c’est : stabilisation. Il faut comprendre que la radio perdait énormément d’argent, nous l’avons stabilisée en déménageant de La Cité francophone. Ça nous a donné accès à de l’équipement beaucoup plus moderne, un meilleur studio, ici, c’est beaucoup moins bruyant.
Nous avons aussi stabilisé la vente de publicités. Nous faisons maintenant affaire avec une personne au Québec qui s’assure qu’on ait accès aux publicités fédérales, ce que nous n’avions plus depuis un certain temps.
L’équipe demeure très mince. Nous avons quatre employés, dont deux qui reçoivent seulement des honoraires régulièrement. Tout ça dépend encore du financement fédéral. Nous n’avons pas encore généré assez de revenus pour pouvoir payer une direction. Mais au moins, on ne perd plus d’argent. On a les mêmes dettes, mais elles n’ont pas continué à s’accumuler.
Le Franco : À combien les dettes peuvent-elles être évaluées?
A.B. : On a un peu moins de 100 000 dollars de dettes.
Le Franco : Vous évoquiez que la collaboration avec CKUA avait permis de stabiliser la situation au niveau financier, y-a-t-il d’autres types de partenariats qui pourraient être envisagés pour vous rendre la vie plus facile?
A.B. : Une des solutions qui a été suggérée, c’est la création d’une genre de fédération des médias francophones, Radio Cité en ferait partie, tout comme les deux autres radios francophones et peut-être même Le Franco. On pourrait se partager non seulement des employés, mais aussi des articles, des émissions. C’est un concept intéressant à explorer.
[…] Cela pourrait aussi être de créer une entité avec les radios francophones où on se partage une direction centrale, si tout le monde est d’accord, mais on a seulement eu des pourparlers à ce sujet, il n’y a aucune décision qui a été prise, rien de concret.
Nous travaillons également avec l’ARCOT (Association des radios communautaires de l’Ouest et des Territoires). La directrice [Alyson Roussel] était à la tête de Boréal FM auparavant. Elle nous a suggéré plein de choses, il y aurait notamment la possibilité que l’ARCOT gère certains dossiers jusqu’à ce qu’on se remette sur pied, mais encore là nous en sommes à l’étape des pourparlers.
Le Franco : Pour rebondir là-dessus, il semble que la situation des médias communautaires en Alberta demeure unanimement assez précaire. Est-ce que pour Radio Cité, la question du fond [de programmation] demeure une priorité?
A.B. : Il y a une décision très récente de Patrimoine canadien qui nous indique qu’à partir de l’automne 2025, nous pourrions y être éligibles et soumettre une demande. C’est une excellente nouvelle. Le problème, c’est de survivre jusqu’à l’automne 2025…
Tout ça, c’est aussi grâce à l’ACFA qui a parlé à Patrimoine et démontré l’importance des médias communautaires.
Le Franco : Comment voyez-vous évoluer Radio Cité dans les trois prochaines années?
A.B. : Nous avons tous des rêves… C’est certain que j’aimerais que la radio puisse prendre sa place au sein des médias locaux et que ce soit un élément important de la stratégie de communication communautaire. J’aimerais que les organismes puissent dépendre de Radio Cité pour couvrir les événements.
Nous sommes très heureux à CKUA et nous aimerions continuer à développer des partenariats avec eux et peut-être avoir accès à leur bande musicale.
Éventuellement, j’aimerais beaucoup rediriger Radio Cité vers l’Internet. Nous sommes obligés d’avoir une antenne pour répondre aux critères du CRTC (Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes) et ceux des bailleurs de fonds, mais nous avons l’option de faire les deux. Ça nous permettait de rejoindre Calgary et d’élargir notre marché.
Glossaire – Précaire : Instable, fragile