IJL-RÉSEAU.PRESSE-LE FRANCO
Le Portail de l’Immigrant Association (PIA) a mis les bouchées doubles cette année. L’évènement a pris de l’ampleur et «répond aux besoins de la communauté», estime Donald Nguepi Ndongo, coordonnateur du programme des travailleurs en établissements dans les écoles (TEE) et bâtisseur de l’évènement avec son équipe.
Selon les estimations du PIA, ils étaient près de 300 participants à l’évènement et plus d’une vingtaine d’organismes, francophones, bilingues et parfois uniquement anglophones… ce qui a pu faire sourire lors de certaines présentations.
Des besoins de services en français en hausse
De nombreux organismes bien connus de la francophonie calgarienne étaient là, mais aussi d’Edmonton et d’ailleurs. Et s’ils étaient nombreux de Calgary, le Pont Cultural Bridge était lui aussi présent, alors que son bureau principal est bien à Edmonton.
Giscard Kodiane, directeur général adjoint responsable de la planification et cofondateur de l’organisme, «insiste sur l’importance d’un tel évènement» et met en avant «les besoins grandissants de la communauté». Il en a profité pour réitérer le mandat provincial de son organisme et pour signaler la présence d’un bureau à Calgary qui devrait prendre plus d’ampleur dans les prochains mois. «C’est dans la droite ligne de notre mission d’étendre nos activités d’Edmonton jusqu’à Calgary.»
Parmi les absents, le Centre d’Appui Familial et le Campus Saint-Jean, conflit de calendrier, semble-t-il. Cela n’a pas empêché le PIA, grâce à ses partenaires, de présenter une palette de services en français non exhaustive et multiple qui n’a fait que valider l’augmentation des besoins.
Donald Nguepi Ndongo confirme la hausse de ceux-ci tout en ajoutant que les priorités sont très similaires chez les nouveaux arrivants. L’emploi et le logement, puis l’éducation et la santé sont des priorités avec, en toile de fond, le coût de la vie qui est devenu excessif selon de nombreux participants. «Les nouveaux arrivants font tellement face à des difficultés et challenges!»
La recherche d’un emploi – et donc de capitaux – est une grande source de stress, mais «il faut bien nourrir sa famille et avoir un toit sur la tête», renchérit-il. C’est aussi pour cela qu’il était important, selon lui, que de nombreux organismes qui accompagnent les chercheurs d’emploi soient présents. Le CANAF, Parallèle Alberta, mais aussi Prospect, pour ne citer qu’eux, avec chacun leurs spécialisations.
Pour le domaine de la santé, le Réseau santé Alberta était fidèle au poste, mais à l’autre extrémité de la salle se trouvait Sylvie Lebihan, agente de diversité d’Alberta Health Services (AHS) qui collabore, elle aussi, depuis de nombreuses années avec les organismes francophones. Cette dernière offre, en français, des ateliers de promotion de la santé (gestion du stress, santé émotionnelle, santé buccodentaire, etc.).
Elle estime que cet évènement est un succès, «il y a du monde et c’est bien». Elle a toutefois remarqué, chez quelques participants, une certaine gêne à visiter toutes les tables et à poser des questions. Elle a tout de même réussi à dialoguer avec certains nouveaux arrivants pour mieux en sonder les besoins, comme l’ignorance du système de santé, de la protection sociale, mais aussi plus concrètement de la recherche d’un praticien. Dans ce dernier cas, elle a même pu montrer aux familles comment elles «peuvent, sur le web, trouver un médecin qui parle français» malgré leur rareté.
Et lorsque les familles étaient accompagnées de leurs enfants, Sylvie avait l’objet parfait pour attirer leur attention. «J’ai un kit d’une grande bouche [en plastique] qui fait trois ou quatre fois la taille normale». Les enfants lui ont «frénétiquement brossé les dents et enlevé les dents amovibles», dit-elle en riant. Le public a même pu voir un petit garçon s’en emparer et prendre la fuite. Rire et bonne humeur de rigueur.
Les enfants, l’avenir de la francophonie
Ils étaient nombreux, courant, glissant, déambulant dans le gymnase de la Rose Sauvage. Parfois curieux ou fatigués, ils ont pu profiter des nombreux kiosques mis à leur disposition : maquillage, jeux, bricolage et caricature. Des enfants heureux et des parents curieux qui se sont présentés à Rémi Lemoine, le directeur général adjoint du Conseil scolaire FrancoSud.
«Pour moi, c’était une première expérience», exprime le Manitobain de souche. Ce genre d’évènements n’est par contre pas son premier et il insiste sur la notion d’accueil et d’orientation des jeunes enfants. Ancien directeur d’école, il réitère le besoin d’être là pour écouter avant tout : «les gens doivent se sentir bien» et à l’aise pour poser toutes les questions nécessaires sur une possible scolarisation de leurs enfants.
Il a pu rencontrer de jeunes parents dont les enfants n’étaient pas encore scolarisés, mais aussi en devenir. Une belle occasion pour lui de leur expliquer les généralités du fonctionnement d’un conseil scolaire, mais aussi de leur affirmer que «ça [le Conseil scolaire FrancoSud], c’est vraiment votre conseil, vous êtes francophones, c’est votre conseil scolaire de premier choix!»
Parmi les problématiques régulièrement rencontrées, soit l’inscription et la rétention des élèves dans un système francophone, il répond : «nos programmes d’étude en anglais correspondent au curriculum de l’Alberta des écoles anglophones». En clair, les jeunes auront à la fin de leur scolarité un avantage essentiel – le bilinguisme – sur d’autres élèves du système anglophone, mais aussi «de meilleurs résultats aux examens provinciaux» que la majorité, relate l’ancien directeur d’école.
En milieu minoritaire, «on ne le se cachera pas, parce qu’ils [les élèves] vivent dans une mer anglophone, ils vont parler en anglais entre eux, avec leurs amis, mais dès qu’un ami anglophone rentre dans le groupe, ils font le switch en anglais». Rien de plus normal, explique Rémi Lemoine. C’est aussi pour cela qu’il vante les activités culturelles et identitaires en français qui permettent aussi de conserver le français avant, pendant et après les cours.
Finalement, comme de nombreux élus, Rémi Lemoine a joué le jeu de la caricature et «s’est fait tirer le portrait» par notre caricaturiste Melki, venu pour l’occasion offrir ses talents à toutes les personnes qui le désiraient. Un succès!
D’autres organismes étaient présents, comme la Fédération des parents francophones de l’Alberta et l’Université de Calgary, mais malheureusement le personnel de cette dernière n’a pas pu faire une présentation de ses services en français.
La JONA, un moment de réseautage pour les organismes
Si Giscard Kodiane insiste sur l’importance «de se montrer, se faire connaitre et se faire comprendre» aux yeux des nouveaux arrivants pour qu’ils connaissent le tissu communautaire de leur ville, il évoque aussi cette facilité de réseauter avec les autres organismes lors de la JONA.
En effet, celles et ceux qui représentent la francophonie dans son entièreté ont largement mis à profit leur présence à l’évènement pour se retrouver, après la trêve estivale, et discuter projets, évènements ou partenariats de façon informelle.
«Il est important de profiter de cet évènement pour faire du réseautage avec les autres organismes pour de futures collaborations», relate Giscard Kodiane. Il insiste sur cette présence nécessaire surtout parce que «les partenariats avec les autres organismes de Calgary sont multiples» et vont croître dans les prochains mois.
C’est aussi l’avis de Sylvie Lebihan qui profite largement de ces évènements pour rencontrer les personnes avec qui elle travaille toute l’année. «Certains viennent me voir pour connaitre les ateliers, d’autres m’interpellent : “Le mois prochain, nous aurons besoin de toi!”»
De l’avis général, le JONA est sans conteste un beau moment pour créer des connexions. «C’est vraiment un renforcement du partenariat avec les organismes communautaires.» «Accueil, partage et collaboration» ont aussi résumé la pensée de Rémi Lemoine, le directeur général adjoint du FrancoSud.
Finalement, tout le monde y trouve son compte…
Glossaire – Frénétiquement : Avec une exaltation extrême