Cette rencontre servait avant tout de prétexte pour lancer le Plan stratégique communautaire en immigration francophone 2025-2028 (PSCIF), présenté par la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA), et d’en discuter.

Comme le souligne Alain Dupuis, le directeur général de la FCFA, dans l’introduction du plan élaboré dans un premier temps par l’organisme national avec l’appui d’autres joueurs de la francophonie canadienne, comme la Table nationale en immigration francophone (TNIF) et les Réseaux en immigration francophone (RIF), «nous sommes prêts à tracer une nouvelle voie». 

Le plan vise donc «la réussite et [le] bien-être d’un nombre croissant de personnes immigrantes». Il veut mettre de l’avant «des milieux de vie francophones forts, où l’accent est mis sur la vitalité sociale et économique, le vivre-ensemble et la pleine participation des immigrants et des immigrantes».

Dans le cadre du PSCIF, le rôle de la FCFA est «de coordonner la mise en œuvre de ce plan et le suivi des progrès tout au long des trois années couvertes par ce plan», comme l’expliquait au téléphone Alain Dupuis.

Un plan d’une vingtaine de pages basé sur six axes comme le «par, pour et avec» l’immigration francophone et la collaboration multipartite entre organismes communautaires. Ces axes sont «le pendant communautaire de la politique en immigration francophone adoptée par le fédéral en janvier dernier», rappelle Alain Dupuis.

Un plan rassembleur

Le forum s’étant tenu à Calgary, divers organismes comme le Centre d’accueil pour nouveaux arrivants francophones (CANAF) ou le Portail de l’Immigrant Association (PIA) avaient été invités en matinée pour le lancement du PSCIF. 

L’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA) était bien entendu présente pendant les deux jours avec sa directrice générale, Isabelle Laurin. Puisque ce plan n’appartient pas uniquement à la FCFA, selon Mme Laurin, il est important que les communautés s’approprient ce plan stratégique communautaire, «car ce n’est pas tout qui relève du ministère de l’IRCC; il y a un certain leadership qui doit être pris».

Même son de cloche du côté de la coordonnatrice du Réseau en immigration francophone de l’Alberta (RIFA), Ida Kamariza, une autre participante au forum. Selon elle, l’arrimage orchestré entre le plan stratégique et la nouvelle politique en matière d’immigration francophone du gouvernement canadien «va permettre aux intervenants communautaires et aux fonctionnaires de travailler en collaboration vers les mêmes objectifs qui visent la réussite et le bien-être du nouvel arrivant. Ce plan va favoriser le vivre-ensemble et la pleine participation de la personne immigrante au sein de la francophonie canadienne».

L’un des objectifs stratégiques du PSCIF est de contribuer à l’établissement et à l’atteinte de cibles ambitieuses grâce à l’admission de nouveaux arrivants francophones pour accroître le poids démographique de ceux-ci au sein des communautés francophones du Canada. 

Pour la FCFA, dans la foulée d’une étude publiée en 2022 sur le modèle DemoSIM de Statistique Canada, une cible de 12% d’immigrants francophones s’installant dans les communautés franco-canadiennes «serait nécessaire pour remettre la francophonie canadienne sur le chemin de la croissance», comme il est mentionné dans le plan. Du côté d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), on parle plutôt d’un taux de croissance de 8% pour 2026.

La rétention des immigrants au rendez-vous?

La récente rencontre à Calgary aura permis aux représentants des organismes franco-albertains de travailler en petits groupes afin de s’approprier davantage le PSCIF. «On s’est questionné, rappelle Isabelle Laurin, sur les indicateurs de rendement, les porteurs de dossiers en fonction des différents axes énumérés dans le plan et sur l’élaboration de diverses actions.» 

S’il est encore trop tôt pour parler de résultats concrets, Ida Kamariza estime tout de même que «les organismes sont considérés comme de vrais partenaires» par IRCC, et ce, depuis quelques années déjà. Le ministère avait d’ailleurs délégué à Calgary Alain Desruisseaux, le directeur général d’Immigration Francophone, secteur Établissement, intégration et affaires francophones. 

À la question de la rédaction concernant les effets de rétention que pourront avoir le plan stratégique et la politique canadienne en immigration francophone pour garder les immigrants au sein de leur communauté francophone d’accueil, IRCC, sans répondre directement, parle plutôt d’outils que le ministère a mis en place comme l’Initiative des communautés francophones accueillantes (CFA) lancée en 2018 dans 14 communautés francophones et acadiennes. 

En 2024, dix nouvelles communautés ont été ajoutées; Calgary en a une. IRCC précise dans un courriel que ces communautés francophones accueillantes favorisent «la création de liens et le développement d’un sentiment d’appartenance des nouveaux arrivants à leur communauté d’accueil». IRCC mentionne également que chaque CFA a reçu des fonds «qui lui permettront de continuer ou d’adapter ses activités existantes».

À la suite de la grand-messe des intervenantes et intervenants en immigration francophone, tous s’entendent pour dire, comme Isabelle Laurin, qu’il faudra «un effort concerté de l’immigration francophone, si on veut en faire un succès». Et qu’il faut s’assurer que des organismes comme la FCFA «et les organisations dans les provinces et territoires fassent cette coordination pour qu’on ne dédouble pas les efforts et qu’on s’arrime avec les mêmes objectifs», complète Alain Dupuis.