le Mercredi 11 décembre 2024
le Mercredi 20 novembre 2024 8:00 Francophonie

Calgary à l’heure du Francothon

Cette année, les téléphonistes étaient dans une salle à part pour plus d’efficacité. Photo : DClic - Dany Côté
Cette année, les téléphonistes étaient dans une salle à part pour plus d’efficacité. Photo : DClic - Dany Côté
Le 7 novembre dernier, La Fondation franco-albertaine (La FFA) est venue rendre visite aux Calgariens et Calgariennes de la communauté francophone. Objectifs : 30 000$ en dons et 150 donateurs. Entre succès et réalités de la francophonie, le Francothon reste un incontournable.
Calgary à l’heure du Francothon
00:00 00:00

IJL – RÉSEAU.PRESSE -LEFRANCO

Joël F. Lavoie, directeur de la Fondation franco-albertaine. Crédit : Courtoisie.

C’est à la Cité des Rocheuses qu’ils se sont une nouvelle fois réunis pour la bonne cause. Malgré l’inflation, les crises mondiales, les élections aux États-Unis, les donateurs ont été nombreux à se déplacer ou à répondre présents au téléphone pour cette soirée bon enfant.

Joël F. Lavoie, directeur général de La FFA, est serein, «de notre côté, c’est des gens fidèles qui croient à notre modèle, un modèle solide basé sur une francophonie qui s’entraide».

Il l’assure, «les gens veulent continuer à faire la différence». Il insiste d’ailleurs sur la nécessité de ces dons pour une francophonie plus forte, mais aussi plus indépendante. Ces dons «assurent la viabilité de la francophonie albertaine» grâce à 130 fonds liés à de nombreux domaines comme la santé, l’éducation et bien d’autres.

Et si le nerf de la guerre est bien l’argent, il est évident que sans les bénévoles, le Francothon ne serait pas ce qu’il est, explique Françoise Sigur-Cloutier, bénévole d’un jour, toujours. 

Des bénévoles qui donnent tout

Cette année, ils étaient une trentaine à Calgary; ils seront près de 70 à Edmonton pour la dernière soirée du Francothon, le 21 novembre, à l’église Saint-Thomas-d’Aquin.

Joël F. Lavoie revient d’ailleurs sur la soirée avec un petit message, «à Calgary, les téléphonistes ont été excellents, ils ont travaillé très, très fort pour rejoindre beaucoup de gens». 

Alors, même si les cibles n’ont pas été tout à fait atteintes, le Francothon à Calgary, c’est une belle histoire, estime Françoise Sigur-Cloutier, qui «n’en est pas à son premier barbecue», comme elle dit avec humour. En effet, cette doyenne de la francophonie a toujours été présente depuis qu’elle est arrivée de Saskatchewan, il y a de nombreuses années, «et j’en ai aussi bien fait une vingtaine là-bas». 

Pendant la soirée, elle était vissée à son téléphone, mais elle s’est aussi permis quelques incartades. «Cette année, je ne me suis pas du tout impliquée dans la mise en place du Francothon en tant que membre du CA». Par contre, elle avait à cœur de se rappeler au bon souvenir de «gens qu’elle n’avait pas vus ou entendus depuis très longtemps». 

Quant à sa stratégie pour amasser le plus de dons possible par téléphone, elle a anticipé. Elle a contacté les gens en amont, en début de semaine, en leur disant : «Soyez là jeudi, je vous appelle!». «Contacter ma famille, mon clan, mes amis, sans oublier mes donateurs préférés, ma fille et mon mari», c’est la stratégie gagnante, affirme-t-elle. Alors, même si elle a passé beaucoup de temps au téléphone, elle a largement profité de cette belle soirée à laquelle elle croit particulièrement. Et elle insiste, le Francothon à Calgary, c’est important «et je crois aux fondations communautaires, je crois en ces évènements qui fédèrent autour d’une cause».

Françoise Sigur-Cloutier a passé la soirée au téléphone pour une belle récolte. Photo : DClic – Dany Côté

Ruralité et diversité 

Lorsque Joël F. Lavoie évoque le succès du Francothon, il énonce aussi deux bémols, la ruralité et la diversité. Aujourd’hui, la plus grosse difficulté, ce sont les moyens humains pour mettre en place de tels évènements. «Il fut un temps où on était toutes les régions à faire des francothons», malheureusement ce n’est plus le cas. 

Il énonce tout de même quelques régions plus actives que d’autres, comme Bonnyville et Saint-Isidore, tout en énonçant les faits. «Avec le peu d’effectifs que l’on a, on a toute la misère du monde à couvrir Edmonton et Calgary. Mais cela représente 79% de la population, alors on se concentre sur cette population.»

Pour les années à venir, comme il le dit, «les régions qui veulent embarquer, on est toujours prêt à les appuyer», tout en évoquant une nécessité pour ces territoires de «se prendre en main» afin de contribuer, eux aussi, à la pérennité de la francophonie dans les territoires, ce qu’il admet ne pas être chose facile.

Camrose, Crowsnest Pass et, malheureusement, bien d’autres régions ne font pas partie du dispositif malgré la présence d’écoles francophones. De son côté, Françoise Sigur-Cloutier avoue ne pas vraiment connaitre la ruralité albertaine francophone, mais elle sait par expérience, lorsqu’elle était dans la province voisine, que la francophonie ne tient qu’à un ou deux ou trois fils. Des personnes passionnées, engagées et leadeures qui rassemblent. 

Quant à la francophonie urbaine, celle-ci est aussi en plein changement. Elle se diversifie avec notamment une population africaine importante qui «n’est pas forcément sensibilisée à la philanthropie», relate l’inconditionnelle de la francophonie. 

Fuat Seker, notre confrère journaliste de Radio-Canada, a été un maitre de cérémonie irréprochable. Photo : DClic – Dany Côté

Joël F. Lavoie, lui, y voit une nouvelle réalité et admet qu’il y a un travail de sensibilisation à faire. Néanmoins, le Francothon, c’est aussi le moment de distribuer des bourses aux élèves et aux étudiants; or plusieurs de ces récipiendaires font partie de ces nouvelles communautés. «Leurs besoins sont immenses lorsqu’ils arrivent, on est content de pouvoir aider», dit-il, tout en expliquant qu’ainsi la population visée comprend mieux l’engagement de La FFA. Et il est certain que ceux qui reçoivent deviendront, eux aussi, des donateurs.

Finalement, il admet qu’aucune sensibilisation ou aucun démarchage n’a encore été fait auprès de ces communautés comme il l’aurait voulu, car, là encore, il souligne, avec regret, le manque de moyens humains. Françoise Sigur-Cloutier, elle, insiste sur un travail de fond à faire auprès de ces communautés pour les sensibiliser, tout en validant le manque de moyens; elle aimerait «voir plus de sensibilisation au moment de la distribution des bourses».

Lors de cette belle soirée, La FFA a amassé 25 600 $ sur un objectif de 30 000 $. Le nombre de donateurs recensés était de 84, soit moins que les 150 désirés, mais Joël F. Lavoie est très optimiste, «on peut encore donner et des écoles de Calgary m’ont demandé un peu plus de temps, alors les chiffres vont augmenter, c’est certain». Et puis, n’oubliez pas le Francothon d’Edmonton, le 21 novembre, de 16h à 19h, à l’église Saint-Thomas-d’Aquin.

Glossaire – Bémol : exprimer une faiblesse