le Samedi 19 juillet 2025
le Jeudi 17 juillet 2025 11:03 Francophonie

La communauté tissée serrée de Jasper

Une quinzaine de membres de la communauté francophone de Jasper se sont rassemblés le 9 juin dernier à l’invitation de l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA) régionale lors du passage de la rédaction dans la ville. Ils ont profité de l’occasion pour témoigner de leur réalité, exprimer leurs besoins et revenir sur l’élan collectif qui continue de faire vivre la francophonie locale.
La communauté tissée serrée de Jasper
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IJL – RÉSEAU.PRESSE – LE FRANCO

DOSSIER SPÉCIAL : JASPER, UN AN APRÈS LES FEUX

Les 9 et 10 juin dernier, la rédaction s’est rendue à Jasper pour prendre le pouls d’une industrie touristique en reconstruction près d’un an après l’incendie qui a frappé la région. Comment l’industrie se relève-t-elle? Quelles sont les perspectives pour les travailleurs, les entrepreneurs et les visiteurs?

À travers ce numéro spécial, nous vous proposons un regard humain et ancré sur les réalités du terrain : mobilisation de la francophonie locale, résilience des personnes déplacées, relance économique, transformation des sentiers et autant de récits portés par celles et ceux qui font revivre Jasper.

Une quinzaine de membres de la communauté francophone de Jasper se sont réunis le 9 juin dernier. Photo : Gabrielle Audet-Michaud

Les enseignants de l’École Desrochers étaient plusieurs à répondre présents, comme ils ont l’habitude de le faire lors des activités de l’ACFA régionale de Jasper. Pour Marie-Claude Faucher, directrice de l’établissement scolaire, cette participation va de soi : les deux entités francophones sont «tricotées serrées». En plus d’être situées à peine à deux minutes à pied l’une de l’autre, c’est l’école qui a, en quelque sorte, redonné vie à l’ACFA locale après son ouverture en 2002.

«On a toujours été fusionnelles. D’ailleurs, c’est nous qui avons poussé pour rouvrir l’ACFA [régionale]. Toutes les activités qu’on voit aujourd’hui, c’était l’école qui les prenait en charge au départ. C’est nous qui organisions la cabane à sucre, les soirées francophones…», raconte-t-elle.

Cette implication visait avant tout à faire rayonner la francophonie hors des murs de l’école. Car si le français était bien vivant dans les salles de classe, il devenait presque invisible une fois la cloche sonnée. «Les élèves vivaient la francophonie dans l’école, mais, dès qu’ils en sortaient, ils ne se projetaient pas dans un futur en français parce que la langue n’était pas vivante ailleurs», explique-t-elle.

Marie-Claude Faucher est la directrice de l’École Desrochers. Photo : Gabrielle Audet-Michaud

Une francophonie active

Avec le temps, les rôles se sont clarifiés. L’ACFA régionale a élargi son offre d’activités, s’est dotée d’une employée et d’un conseil d’administration, tandis que l’école a pu se recentrer sur sa mission première, tout en conservant un lien étroit avec la communauté. «Éventuellement, on s’est dégagés de la partie administrative. Mais on a encore un grand sentiment d’appartenance. L’ACFA [régionale] a besoin d’exister pour mon école», affirme Marie-Claude Faucher.

Et depuis mars 2023, Émilie Cadoret Langley est à la tête de l’ACFA régionale de Jasper. Elle se dit toujours touchée par l’engagement du personnel scolaire dans les initiatives communautaires. «C’est notre bras droit. La francophonie locale prend vraiment vie grâce à l’école, aux 

enseignants, aux élèves, aux parents», souligne-t-elle.

La rédaction a également profité de l’occasion pour lancer un appel à la communauté dans l’espoir d’accroître la visibilité de la francophonie locale dans les pages du journal. L’idée d’impliquer un jeune collaborateur ou une jeune collaboratrice pour écrire des articles sur des nouvelles locales a été évoquée. 

Deux élèves de l’École Desrochers ont d’ailleurs vu leurs textes publiés dans le dernier numéro spécial des Plumes jeunesse, en avril dernier, dont Juniper Habib, qui a remporté le premier prix dans sa catégorie.

Émilie Cadoret Langley dirige l’ACFA régionale de Jasper. Photo : Gabrielle Audet-Michaud

L’élan dépasse toutefois le cadre scolaire. Artisans, entrepreneurs, artistes et autres membres de la communauté participent avec enthousiasme aux activités proposées. Lors du plus récent 5 à 7, plusieurs sont d’ailleurs venus faire un tour.

«On organise beaucoup d’événements. Un peu moins l’été, quand les gens sont plus occupés, mais on a une communauté extraordinaire. Chaleureuse, engagée, unie. On est comme une grande famille», affirme la directrice de l’ACFA régionale.

Sylvie Pinard est une ancienne géologue aujourd’hui établie comme artiste. Photo : Gabrielle Audet-Michaud

La vitalité de la francophonie à Jasper attire même des artistes venus de l’extérieur. Sylvie Pinard, basée à Calgary, était en résidence à la galerie d’art de Jasper, située dans le même bâtiment que l’ACFA régionale, lors du passage de la rédaction. Pour l’occasion, l’artiste avait même laissé la galerie ouverte pour permettre aux participants de découvrir son univers.

«J’aime travailler les textures et mon ancien métier m’inspire constamment», confie cette ancienne professeure de géologie. Depuis 2015, elle se consacre à sa pratique artistique à temps plein, tout en assumant une approche modeste. « Est-ce que je vends beaucoup? Pas vraiment. Je ne fais pas assez de promotion », conclut-elle en souriant.

Glossaire – Fusionnel : Se dit d’une relation très proche, intense et étroite