Ce 27 septembre, la nuit tombe tranquillement sur le «Village» à Montréal. Plus de 80 personnes se faufilent entre les gouttes pour rendre un dernier hommage à Michel Joanny Furtin. Rédacteur en chef de notre journal pendant quelques mois, il a été remercié pour l’ensemble de son travail dans la communauté québécoise et LGBTQ+.
Travailleur social et journaliste, il était avant tout un ardent défenseur des droits de la personne et de la justice sociale. C’est à ce titre que la députée Manon Massé, députée de Sainte-Marie-Saint-Jacques à l’Assemblée nationale du Québec, a bouleversé son emploi du temps pour lui remettre à titre posthume la Médaille de l’Assemblée nationale.
Fébrile, les yeux rougis, Stephan, son partenaire de vie depuis toujours, n’a pu retenir ses larmes pendant que Manon Massé lui remettait cette médaille et disait quelques mots. «J’aimais ça quand il nous [les politiciens] ramassait, quand il avait des choses à dire, on le savait directement. Il a créé beaucoups de cohésion dans notre communauté, car il avait beaucoup d’amour pour cette communauté».
Elle avouera aussi leur complicité lorsqu’il s’agissait de grignoter les gourmandises des buffets où ils se retrouvaient. Une façon de sécher les larmes déversées par le public et de retrouver les rires qui nourrissaient au quotidien l’âme de Michel.
Hallelujah, l’hymne à l’Amour
La cérémonie a eu lieu au Cocktail, rue Sainte-Catherine, un lieu où la communauté LGBTQ+ a l’habitude de se retrouver pour jaser autour d’un verre. Le tout avait débuté avec la performance de Julie Vaillancourt devant une audience silencieuse.
Au son de l’œuvre de Léonard Cohen, Hallelujah, la tension était palpable. Il fallait dire au revoir à Michel. L’artiste n’a pas failli durant son interprétation. Très proche de Michel, Julie a finalement laissé, elle aussi, échapper quelques larmes.
Un ami de tous, une belle personne
Finalement, Denis-Daniel, son ami, son voisin, son compagnon d’opéra est monté sur scène pour dire quelques mots. Les siens, mais aussi ceux de la famille qui participait à la cérémonie grâce à la technologie. Celle-là même qui faisait tant suer Michel. Un juste retour des choses, peut-être.
Que cela a été dur! Les yeux encore rougis, les lunettes embuées, les mains tremblantes, il a su trouver les mots pour dire un dernier adieu à son ami de toujours. «Derrière sa bonhommie, sa gentillesse et malgré ses colère épiques contre le matériel, il était réceptif, sans chercher à se faire valoir sans être à la recherche du vaine et éphémère reconnaissance.»
Des mots teintés d’humour, d’amour, mais aussi de solitude. Cette solitude dans laquelle tous ceux qui ont connu Michel se retrouvent aujourd’hui.