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le Mercredi 20 mars 2024 20:01 Mois de la francophonie

Un Mois de la francophonie albertaine sans drapeau

Malgré le froid, la cérémonie a tout de même eu lieu à Calgary. Le drapeau n’a toutefois pas été levé. Photo : DCClic - Dany Côté
Malgré le froid, la cérémonie a tout de même eu lieu à Calgary. Le drapeau n’a toutefois pas été levé. Photo : DCClic - Dany Côté
(IJL - RÉSEAU.PRESSE - LE FRANCO) - Ce 1er mars, les célébrations du Mois de la francophonie albertaine ont été lancées sobrement, sans le traditionnel lever du drapeau, en raison du décès de l’ancien premier ministre du Canada, Brian Mulroney. Dans l’attente des funérailles d’État prévues le 23 mars prochain, le drapeau franco-albertain est resté plié.
Un Mois de la francophonie albertaine sans drapeau
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Tanya Fir est la ministre des Arts, de la Culture et de la Condition féminine et responsable du Secrétariat francophone. Photo : Wikimedia Commons – United Conservative Caucus, septembre 2019

Le coup d’envoi du Mois de la francophonie albertaine était prévu, comme à l’habitude, en matinée à l’édifice Reine Elizabeth II, à Edmonton. Cependant, à peine quelques minutes avant de hisser le drapeau, le gouvernement de l’Alberta a annoncé l’annulation de la cérémonie afin de respecter la période de deuil national en mémoire de Brian Mulroney.

Une annulation qui n’avait rien de définitif, assure toutefois Tanya Fir, ministre des Arts, de la Culture et de la Condition féminine et responsable du Secrétariat francophone. «C’est certain qu’on veut trouver une date ultérieure pour que ça ait lieu. […]», précise-t-elle. C’est le lundi 25 mars 2024 à 10h, à la place Violet King Henry, qu’aura finalement lieu la cérémonie, a confirmé le ministère. 

De son côté, la présidente de l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA), Nathalie Lachance, s’est montrée très compréhensive face à la situation. «On comprend le protocole qui doit  être mis en place lorsqu’un ancien premier ministre nous quitte», dit-elle. Elle assure également que l’ACFA est demeurée «en communication avec le gouvernement» tout au long du mois de mars pour déterminer le moment idéal pour la reprise des célébrations.

Avec délicatesse, la présidente rappelle également l’importance de rendre hommage au défunt qu’elle décrit comme un «grand Canadien», dont les politiques publiques ont profondément marqué le pays. «Pour nous, ce qu’il est important de souligner, c’est le travail qui a été fait au niveau des langues officielles lorsqu’il était premier ministre», ajoute-t-elle.

Tanya Fir avait, elle aussi, des paroles élogieuses à partager au sujet de l’héritage politique laissé derrière par l’homme d’État. «Mes premiers souvenirs de la politique, c’est d’écouter les nouvelles avec mes parents, quand j’étais petite. À ce moment, Brian Mulroney était au pouvoir. C’est ce qui a allumé l’étincelle et qui m’a fait réaliser l’importance de ce travail», témoigne-t-elle. 

Plus intimement, elle dit avoir constaté avec émotion le passage de flambeau qui s’est opéré entre Mulroney père et sa fille, Caroline, au cours des dernières années. Cette dernière exerce actuellement les fonctions de ministre des Affaires francophones pour le gouvernement de l’Ontario. 

«On partage le dossier de la francophonie, elle et moi, et on siège à une table fédérale, provinciale et territoriale similaire», décrit la ministre.

En parallèle aux cérémonies du lever du drapeau, l’ACFA a co-organisé la cérémonie en reconnaissance des Rendez-vous de la Francophonie 2024 ce mercredi 20 mars dans la rotonde de l’Assemblée législative de l’Alberta.

Le président de l’ACFA régionale de Calgary, Dany Côté. Photo : Arnaud Barbet

Ailleurs dans la province

Ce n’est pas qu’à Edmonton que les cérémonies de lever du drapeau ont été perturbées. À Calgary, l’événement qui devait avoir lieu au Centre McDougall a été aussi modifié en cours de route pour respecter le protocole de deuil national. 

Bien que des discours aient été prononcés par la ministre Tanya Fir et d’autres représentants de la francophonie, tels que Guillaume Laroche, membre du conseil d’administration de l’ACFA, pour souligner le Mois de la francophonie albertaine, le drapeau n’a pas été hissé devant le bâtiment provincial comme à l’habitude. 

«Ce que j’ai entendu dire, c’est que c’est le matin que l’annulation a eu lieu. Il a été déterminé que ce n’était pas approprié de faire un lever de drapeau, alors que tous les drapeaux doivent être en berne au pays», résume le président de l’ACFA régionale de Calgary, Dany Côté.

Certaines écoles francophones ont aussi profité de la Journée internationale de la Francophonie pour finalement effectuer le lever du drapeau franco-albertain.

Nathalie Lachance est présidente de l’ACFA. Photo : Courtoisie

Les conditions météorologiques défavorables, elles, n’ont certainement pas été un allié pour mobiliser la communauté francophone de Calgary en grand nombre. La participation à l’événement s’est avérée relativement modeste. «Il y avait quand même une quinzaine de personnes présentes, dont des personnes qui représentaient le Secrétariat de la francophonie, le Conseil scolaire FrancoSud et le Portail de l’Immigrant Association», précise-t-il. 

Malgré ces contretemps, l’administrateur de l’ACFA régionale de Calgary se dit heureux du déroulement de l’événement, notamment de la performance de Jesse Murray, un chansonnier et poète de la Gaspésie, qui a livré un message touchant au sujet de la feuille d’érable. «C’était super chouette», dit-il. Dans ce même esprit sentimental, Dany tenait aussi à rendre hommage à la mémoire de Brian Mulroney et à partager un souvenir personnel dont il est la vedette. 

«Je l’ai rencontré dans un contexte professionnel, lors d’une conférence du Parti conservateur, à Montréal, pour leur congrès annuel», se remémore-t-il. «Je me souviens, j’avais eu droit à une enquête de sécurité. Pour approcher le premier ministre, c’est nécessaire. C’est moi qui mettais le micro sur sa cravate après tout», explique-t-il en riant. 

Évoquant les moments où il a eu l’occasion de le côtoyer, il décrit l’ancien premier ministre comme étant un homme au sourire contagieux, toujours très «jovial, sympathique et positif». «C’était un bon politicien. Personnellement, je n’étais pas toujours d’accord avec sa vision […] Mais comme n’importe quel premier ministre qui demeure au pouvoir pendant une longue période, il a eu de bons et de moins bons coups», relativise-t-il. 

Le président de l’ACFA régionale de Calgary rappelle que Brian Mulroney a aussi hérité d’une «patate chaude» au moment de son élection en 1984 puisque la question constitutionnelle battait son plein au pays et que le Québec menaçait de se séparer. «Ça devait être compliqué comme situation», conclut-il. 

GlossaireÉlogieux : Flatteur, louangeur