Le quartier francophone d’Edmonton anticipe l’ouverture imminente de la Valley Line du TRL (en réalité, un tramway).
En effet, le quartier Bonnie Doon est au centre de son itinéraire et la communauté francophone sera également desservie par les arrêts Holyrood et Strathearn, ce dernier étant situé à quelques pas du CAVA et de l’école Gabrielle-Roy.
Il est impossible de sous-estimer les avantages accordés aux citoyens qui habitent et travaillent au voisinage de cette nouvelle infrastructure, dont la construction constitue le projet le plus ambitieux dans l’histoire de la ville.
Tout d’abord, l’accessibilité. Le transport public rejoindra une population importante de personnes qui ne conduisent pas.
Deuxièmement, l’abordabilité. Il est évident, pendant cette époque inflationniste, que les tarifs du TLR coûtent moins cher que le carburant. La carte ARC, valide partout dans le grand Edmonton, réduit le prix d’un seul trajet de plus de 20% et les frais d’utilisation ne dépassent jamais 10$ par jour ou 100$ par mois. De surcroît, les propriétaires de voitures contractent souvent des dettes écrasantes pour obtenir un bien qui se déprécie très vite et qui exige une assurance. Des coûts d’autant plus douloureux aujourd’hui pour la population albertaine.
Le TLR va expédier nos trajets en un temps record. En effet, bien que les nouveaux trams s’arrêtent aux feux rouges, ils croisent peu d’intersections et ne rencontrent aucun trafic routier.
Il faut également noter qu’un quartier pensé pour les piétons facilite l’exercice et le bien-être.
Voilà les avantages pour l’individu. Mais les effets à l’échelle de la société sont peut-être plus impressionnants.
La sécurité compte avant tout. La conduite est la façon la plus dangereuse de se déplacer, non seulement pour les conducteurs, mais surtout pour les piétons. Pensez à la plupart des parents qui ne permettent plus à leurs enfants de jouer dans la rue en raison de la violence routière! Chaque année, les automobiles deviennent de plus en plus imposantes et lourdes et on peut tous témoigner que leurs conducteurs deviennent de moins en moins compétents (et donc plus dangereux pour les piétons et les cyclistes).
Quant aux infrastructures construites pour accommoder les voitures, elles ont un prix excessif, voire inabordable. L’asphalte, la signalisation et les parkings coûtent des sommes astronomiques aux citoyens et aux contribuables.
Le transport en commun économise de l’espace. En effet, des centaines de personnes peuvent rentrer dans un seul train, mais la plupart des voitures ne transportent qu’une seule personne à la fois et sont presque toujours garées, accaparant l’espace urbain.
Le défi de la pollution – en termes d’émissions et de bruit – est déjà bien compris.
Et finalement, une ville est esthétique et belle si elle est navigable sans voiture. Or, la banlieue canadienne est nue, laide et dépourvue de caractère. On passe des vacances où l’on peut facilement se promener. On envie l’Europe pour son architecture et sa beauté. Pourquoi ne pas l’imiter? La culture et la vie civique ne peuvent pas fleurir dans les stationnements.
Prenez certains des quartiers les plus populaires au Canada : le West End à Vancouver, Oliver à Edmonton, Beltline à Calgary ou le Plateau Mont-Royal à Montréal. Quelle qualité partagent-ils? Ils sont tous faciles à découvrir à pied.
Certains organismes, comme Strong Towns aux États-Unis et la chaîne YouTube canadienne Not Just Bikes, ont beaucoup popularisé l’urbanisme et ont déclenché un mouvement prometteur. Ils soulignent, entre autres, le concept de la «valeur par acre» (ou kilomètre carré). Ce concept consiste à diviser une ville en grille pour calculer le profit généré par chaque section. On commence par le revenu collecté par la fiscalité et l’on y soustrait, par la suite, chaque passif municipal localisé (services publics, chemins, etc.).
Le résultat? Seul le centre-ville est profitable. Seule la densité peut financer le prix des infrastructures publiques.
Cependant, la plupart des familles au centre-ville gagnent moins d’argent que les familles en banlieue. En conséquence, les personnes à faible revenu subventionnent les riches! Nous avons conçu l’État-providence le plus pervers qui soit.
Heureusement, le quartier francophone d’Edmonton montre l’exemple. Un des projets de développement propose de démolir le centre commercial Bonnie Doon pour le remplacer par des appartements, des boutiques et d’autres équipements urbains. De nombreux logements et entreprises existent déjà sur les rues avoisinantes de petite taille. Grâce à cette sagesse, Bonnie Doon est l’un des quartiers les plus vibrants de la ville et devient l’un des plus désirables.
Bien sûr, cette proactivité n’est pas sans précédent. Dans les années 1960, la ville d’Edmonton proposait d’éviscérer le ravin Mill Creek pour construire une autoroute du centre-ville à Mill Woods. Les résidents à l’époque ont vivement protesté. Imaginez le festival du Canoë Volant sur six voies de ciment!